Les Açores - Les Sables
Sineau, premier aux Sables d’Olonne
"Bretagne Lapins" devance une meute de chasseurs au terme de la 2nde étape
vendredi 25 août 2006 –
Le skipper de Bretagne Lapins a franchi la ligne d’arrivée ce vendredi en milieu de journée et remporte donc la seconde étape entre Horta et Les Sables d’Olonne. Quatrième aux Açores, David Sineau est assuré de monter sur le podium au classement général et peut même espérer s’adjuger la seconde place au cumulé des deux étapes.
Sous la bruine, dans une brise de secteur Sud-Ouest 5-8 nœuds, vent qui avait sérieusement molli en atterrissant sur les côtes vendéennes, le plan Magnen-Nivelt de 2001 s’approchait sous solent et grand voile vers l’arrivée devant la digue des Sables d’Olonne. David Sineau à la barre, encapuchonné sous son ciré en raison d’une pluie fine mais tenace, franchissait la ligne à 11 heures 38 minutes 14 secondes (heure française) : Bretagne Lapins s’imposait après une rude bataille la nuit dernière où sept solitaires étaient encore dans le match pour la victoire de cette deuxième étape ! Le solitaire a ainsi mis 8 jours 19 heures 58 minutes 14 secondes pour parcourir les 1 270 milles entre Horta et la Vendée.
Une route très rectiligne
Cette seconde étape a été caractérisée par un bord de près musclé pour sortir des îles açoriennes il y a huit jours, puis par du petit temps, voire des calmes prolongés pendant six jours. Il a fallu attendre l’entrée du golfe de Gascogne pour que la météo s’anime avec d’abord le passage d’un front froid jeudi matin, puis l’arrivée d’une perturbation la nuit dernière qui a propulsé le vainqueur jusqu’aux Sables d’Olonne. David Sineau avait choisi de virer parmi les premiers dans l’archipel en passant entre les îles de Sao Jorge et de Graciosa dans une brise de Nord-Est 20 nœuds. Puis cette brise contraire s’est progressivement essoufflée à moins de dix nœuds en passant parfois au secteur Nord : le solitaire avait opté pour la route directe vers les Sables sur une trajectoire très rectiligne vers l’Espagne. Il arrivait à décrocher les autres leaders il y a cinq jours et à grappiller des milles jusqu’à en posséder une vingtaine d’avance sur un groupe constitué par Adrien Hardy, Isabelle Joschke, François Salabert, Andraz Mihelin.
Alors que le skipper de Brossard choisissait à la mi-parcours, de rompre le contact pour aller chercher du vent au Nord, David Sineau persévérait sur la route directe et arrivait à déborder, toujours sur le même bord, la pointe espagnole. Rentrant dans le golfe de Gascogne avec un petit cousin d’avance, le solitaire voyait poindre le danger par le Nord et incurvait sa route pour contrôler ses poursuivants. Poursuivants qui profitaient du passage d’un front pour refaire entièrement leur retard ! Bretagne Lapins perdait même son leadership à la veille de l’arrivée au profit de la navigatrice Isabelle Joschke... Mais David avait conservé suffisamment d’énergie pour refaire le trou lors de l’ultime nuit et pour arriver avec une petite heure d’avance sur Adrien Hardy aux Sables d’Olonne. Bravo !
Un podium quasiment acquis
David Sineau a ainsi fait le break lors de cette dernière nuit et possédait une dizaine de milles d’avance sur Adrien Hardy vendredi matin : un écart insuffisant pour déboulonner de la victoire finale, le jeune vainqueur de la première étape, Adrien Hardy attendu une heure plus tard. Le skipper de Bretagne Lapins était en effet arrivé quatrième aux Açores, 2h 36’ 02’’ plus tard que Brossard. Mais la seconde place au classement général se jouait toujours entre David Sineau et Andraz Mihelin (Adria Mobil Too) qui concédait vingt milles au leader de l’étape. Cette fois, le différentiel semblait suffisant pour que le skipper de Bretagne Lapins vise la seconde marche du podium au classement général puisqu’il n’avait qu’une heure et 23 minutes de retard sur le Slovène.
Enfin, si ce dernier a peu de chances d’être inquiété plus au général en s’octroyant la troisième marche du podium final, il n’était pas encore sûr de s’adjuger la troisième place de l’étape : Isabelle Joschke (Degrémont) et François Salabert (Aréas Assurances) étaient très proches de lui par rapport au but et rien n’était joué pour ce sprint final.
Commentaires à terre de David Sineau
« Je savais ce matin qu’Adrien Hardy rodait dans les parages parce que je l’avais entendu à la radio VHF... Et avec les conditions météo que nous avons eues pour finir, c’est-à-dire un bon flux de Sud Ouest 15-20 nœuds, il allait mettre du charbon. Il ne lâcherait pas le morceau ! Je n’ai pas été trop surpris en atterrissant sur les Sables d’Olonne qu’il soit à proximité. Jeudi matin, j’avais encore une partie de mon avance et je suis tombé dans un trou de vent au Nord Est de la pointe espagnole : j’ai entendu mes poursuivants revenir très fort sur moi ! Ils sont arrivés avec du vent et se sont posés à côté de moi, les uns après les autres dans cette molle... Il y avait Adrien, Isabelle, François, Andraz... J’ai perdu une vingtaine de milles en moins de quatre heures !
Mais finalement, on s’est beaucoup creusé la tête sur les options météo et tout a été redistribué à une demi journée de l’arrivée. J’ai toujours cherché à faire de la vitesse dès la sortie de l’archipel des Açores quand nous sommes entrés dans l’anticyclone sur sa bordure Sud. Je savais qu’il y avait deux dangers possibles : le premier si un solitaire partait dans le Nord tout de suite pour aller chercher le flux d’Ouest ; le second était de se faire rattraper par les hautes pressions. J’ai opté pour la route proche de la trajectoire directe en privilégiant la vitesse même si je n’arrivais pas à faire le cap : j’ai même mis parfois le gennaker quitte à perdre quelques degrés afin de maintenir une vitesse constante, entre quatre et six nœuds. Je me suis échappé sans me faire couvrir par l’anticyclone qui a arrêté le gros de la flotte. Le risque était que je me retrouve sous le cap Finisterre, obligé de tirer des bords pour parer la pointe espagnole... Mais en fait, je pensais bien que le vent s’écraserait un peu sur les falaises hispaniques et que j’aurai un peu plus de vent et plus orienté au Nord. Et c’est passé !
C’est encore plus beau, un finish comme ça ! Une arrivée avec une demi heure d’écart... A couteaux tirés : on a fait des moyennes cette nuit et au petit matin, hallucinantes. Je n’ai jamais vu ma distance au but sur un voilier de 6,50 mètres diminuer aussi vite : on a maintenu le speedo à plus de treize nœuds en permanence pendant des heures ! Ca cognait, ça tapait, le mât secouait dans tous les sens, mais quel pied... et on savait que ceux qui feraient ça, seraient en tête aux Sables.
J’ai eu exactement les mêmes problèmes techniques qu’à la première étape : j’ai de nouveau cassé ma barre d’écoute de grand voile et j’ai encore noyé mon poste radio BLU ! Autrement pas de souci, mais je n’ai pas eu toujours des nouvelles de la flotte, ni des infos météo à cause de ça, mais par relais VHF avec les autres solitaires, je pouvais avoir quelques informations. Et ce matin, je n’avais aucune idée de comment la course allait se terminer... Alors je suis resté sur le pont : hier après-midi, j’ai pris trois barres de céréales, des boissons, des compotes énergétiques et j’ai mis les voiles à portée de main, et je ne suis plus rentré à l’intérieur depuis, jusqu’à l’arrivée... Super ! »
Voir en ligne : Info presse Dominic Bourgeois / www.lessables-lesacores.com/
Arrivée de la deuxième étape des Sables-Les Açores-Les Sables (1 270 milles) :
– 1-David Sineau (Bretagne Lapins) en 8 jours 19 heures 58 minutes 14 secondes, à six nœuds de moyenne
Temps cumulé sur deux étapes de la course les Sables-Les Açores-Les Sables :
David Sineau (Bretagne Lapins) 16j 20h 15’ 56’’