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Solitaire Afflelou Le Figaro

De l’orage dans l’Eire au départ de La Rochelle

Michel Desjoyeaux part en tête quand la flotte met le cap sur l’Irlande

mercredi 17 août 2005Information Solitaire du Figaro

C’est bien sous le signe d’une dépression orageuse qu’a été donné, aujourd’hui mercredi à 17h17, le départ de la troisième étape de La Solitaire Afflelou Le Figaro entre La Rochelle et Cork (Crosshaven). Avec tout ce que cette situation météo induit : un vent mou qui fait la girouette et oscille dans tous les sens et augure une première nuit en mer électrique. Mais au saut de ce nouveau parcours servi par une météo complexe et variée - laissant grand les portes du large ouvertes aux rebondissements - tous les espoirs sont plus que jamais permis pour les 45 skippers. Devant les étraves 456 milles dont les premiers seront disputés sous haute tension au gré des grains et des orages qui planent dans l’air. Avant de rejoindre l’Eire... après 3 jours et 3 nuits de mer.

Il est 14h30 et le soleil de plomb, la chaleur étouffante qui écrasent soudain les pontons de la Solitaire Afflelou le Figaro, ne trompent personne. Le vent est tombé, le synoptique s’est effondré. Ca sent l’orage. Il y a de l’électricité dans l’air à La Rochelle. Au propre comme au figuré, et chaque minute qui rapproche du départ de la troisième étape en destination de l’Irlande et ses contrées vertes rendent la tension plus palpable. 456 milles, soit 100 milles de plus que les deux précédentes étapes, le tout arrosé d’une météo aussi complexe qu’indécise : voilà qui augure une manche dans la plus pure tradition de la reine des épreuves en solitaire. « Du vrai Figaro », confirment les purs et durs. Pleine de rebondissements, ou « pleine de divertissements », disait encore volontiers hier Michel Desjoyeaux (Géant). A l’heure de larguer les amarres, le professeur rectifie volontiers son discours : « Nous serions partis ce matin, cela aurait était beaucoup plus facile. Là, ça se complique. La dépression orageuse est bien là, elle nous est tombée dessus ». C’est donc une toute autre histoire Histoire #histoire qui se profile à l’horizon des pertuis, alors que les skippers se sont tous pressés à un ultime briefing météo pour affiner les prévisions, qui augurent surtout une situation instable. « Cette dépression orageuse risque de nous accompagner un petit bout de temps. Le système s’évacue plutôt lentement... Ca change franchement la donne, et alors que nous devions alterner les allures pour finir au portant, cela risque fort d’être plutôt du genre : près, près, près... », confirme Nicolas Troussel à bord d’All Mer. Vent dans le nez ou portatif pour l’arrivée en Irlande, les skippers n’en sont pas là. Du vent ou des petits airs en approche de l’Eire, non plus. Comme le souligne dans un grand éclat de rire Eric Drouglazet (Crédit Maritime) : « En Irlande, quand t’as 15 nœuds, c’est de la pétole ! » C’est pour dire...

Eric Drouglazet l’a lui aussi l’a bien vue, alors que quelques instants plus tôt il lorgnait, à bord de Crédit Maritime, le ciel charentais annonciateur de changement et d’évolution : « Y’a ces nuages qui sont les premiers signes de l’arrivée de la dépression... ». Le vainqueur de l’édition 2001 hausse les épaules. Orages, oh espoirs... « Là où je suis, je suis en position d’attaque, avoir du retard (53’) ça peut forcer la décision pour tenter quelque chose que tu ne ferais pas avec de l’avance. Je pense qu’il y aura du jeu Jeu #jeu , des petits décalages à faire dès le départ et la remontée vers Ouessant. Ensuite on a des systèmes météo différents à traverser et il faudra affiner la stratégie en cours de route, trouver une fois de plus le bon moment pour mettre le clignotant à gauche ou à droite », lâche-t-il en guise d’avertissement. Gare à « Droug », comme pour beaucoup d’autres, cette étape est celle de tous les enjeux, comme celle de tous les espoirs. Yann Eliès (Groupe Generali Assurances) est de ceux-là forcément : « J’y crois beaucoup, sinon ce n’est pas rigolo ! » déclare celui qui a gagné trois étapes lors des éditions 2003 et 2004. « Je pars, bien décidé à rattraper mon retard (1h18’). C’est une étape compliquée sur le plan météo qui peut me permettre de revenir au classement général... »

La partie s’annonce périlleuse et c’est tant mieux soulignent tous ceux qui souhaitent faire le grand écart dans le bon sens et se refaire une petite santé au classement. Mais c’est surtout à l’heure du départ pour l’Irlande qu’il ne faudra pas manquer de flegme... anglais. La dépression orageuse qui remonte depuis l’Espagne n’a en effet pas traîné en si bon chemin. Elle semble bien décidée à saluer la flotte sur le départ pour offrir un vent imprévisible, sujet à des sautes d’humeur tant en force et en direction. Sur l’eau, Sylvain Mondon de Météo France plante le décor : « La dépression orageuse, dont on parle depuis ce matin, s’est calée sur la Rochelle. Il y a pour l’instant entre 3 et 6 nœuds et le vent actuellement oscille entre le 250 et le 315. Il doit se stabiliser au secteur ouest, il doit monter à 6-7 noeuds quand la dépression se sera décalée vers le nord. » Voilà pour l’ambiance. C’est entendu, le départ pour cette 3e étape sera donné sous haute tension. Les nerfs des bords n’ont plus qu’à bien se tenir !

Orages, écarts ?

Frédéric Duthil (Brossard), tout comme Eric Defert (Amiral de Bretagne - Suzuki), anciens de la Mini-Transat Mini-Transat #MiniTransat , ne font pas de mystère : ces conditions sont bien celles à même de faire son latin nautique au plus rompu des marins. Le skipper de Brossard, beau deuxième sur la dernière étape et actuel occupant de la place, si convoitée, de trois au général, détaille la situation en quelques mots : « Si on a effectivement la situation orageuse prévue, le départ peut être vraiment délicat, ce sera un peu le souk, et dans ce cas là, c’est la partie de l’étape la plus périlleuse. Jusqu’à Ouessant. Il faudra être opportuniste. » Ces propos, le skipper de Amiral de Bretagne-Suzuki les complètent. Lui aussi a traîné ses bottes de solitaire sur le circuit des petits bateaux où l’électronique embarqué à bord est réduit à son plus simple appareil, ce qui exige aux skippers de ne pas manquer d’imagination en matière de météo : « Avec cette dépression qui nous suit, le vent peut varier et d’un bateau à l’autre, tu peux avoir 1 ou 6 nœuds. Alors, soit tu colles vite des milles, soit t’en prends vite. Il faut être dessus d’autant que toute l’étape est ouverte aux gros écarts. Tout va venir de devant : le vent, comme le portant. »

L’incontournable Jean-Paul Mouren (M@rseillentreprises.com) qui se distingue toujours par sa fidélité à La Solitaire Afflelou Le Figaro, entame la troisième étape de sa dix-neuvième solitaire. Il n’a pas bien sûr son pareil pour résumer la situation : « Ce parcours, ce sera bien long, bien compliqué et bien rythmé. Ce qui peut créer de gros écarts. Reste à savoir si je vais en créer plus (1h44’)... ou me récupérer. Toujours est-il que je compte bien injecter toute l’énergie nécessaire dans cette bataille. Jusqu’ici, je n’ai pas été assez méchant avec moi-même, j’ai été trop gestionnaire, je me suis économisé. Pour moi le risque, c’est que : les étapes passent, le Figaro trépasse ! Cette étape sera, c’est sûr, plus rugueuse, c’est la loi du genre. Mais sur le départ, je vais prendre les choses comme elles viennent. Je ne vais certainement pas m’amuser à hypothéquer un truc. Le départ sera évidemment un peu ébouriffé, mais la route est très longue et semée d’embûches. Je n’ai pas envie d’y perdre tous mes espoirs... » Monsieur Mouren a tout dit.

Laure Faÿ


• Challenge AGF et Bouée Radio France : Géant devant

A La bouée AGF, alors que les solitaires ont tous redoublé de prudence, pour prendre un bon deuxième départ, Michel Desjoyeaux à la barre de Géant a pris les devants. Il est alors talonné par Yann Eliès à bord de Groupe Generali Assurances et du Sudiste Laurent Pellecuer sur Cliptol Sport. Erwan Tabarly, le skipper de Thales et Marc Lepesqueux sur Maisons Pierre complètent ce premier groupe de cinq premiers. Le vent visiblement stabilisé dans l’ouest offre encore un flux très timide. Puis, après 1h20, Michel Desjoyeaux ne lâche rien et part en tête vers le large. Il est suivi de Erwan Tabarly, Yann Eliès, Jérémie Beyou (Delta Dore). Que des grands favoris en somme...

- Benoît Petit : « Si ça ne passe ni à gauche ni à droite, c’est que ça passe tout droit ! » La phrase est écrite noir sur blanc au-dessus de la table à cartes de Defi Santé Voile. Benoît Petit s’amuse : « c’est ma chérie qui a écrit ça, j’ai une fiancée stratège ! » Plus sérieusement, cette troisième étape s’annonce complexe, surtout dès le départ, selon Benoît : « départ dans l’orage, avec ce que ça comporte d’extrêmement aléatoire sous les nuages, puis négocier un front froid, puis une dorsale. Le tout au louvoyage. Il peut se passer des choses. Par exemple dès le début, les routages de ce matin disent d’aller à terre alors que dans pareille situation, l’expérience montre qu’il vaut mieux aller au large. Ensuite, en fonction des bords de près, il peut très bien y avoir un énorme écart latéral entre nous, et pourquoi pas aussi une option à 40 milles à l’ouest de Sein. En mer Celtique, une fois de plus ceux qui sauront virer au bon moment seront riches. A moi de me trouver dans le paquet des nantis ! »

- Charles Caudrelier : « Cela risque d’être une étape dure et longue. Il faudra être endurant et opportuniste. Une fois que nous auront le vent, ce ne sera pas trop stratégique, il y aura beaucoup de longs passages de vitesse Vitesse #speedsailing . L’enjeu pour moi est d’arriver à gagner des places, à me rapprocher de la tête du classement. Cette étape peut être décisive, c’est une étape à gagner. Je suis motivé et en pleine forme. J’ai du temps à rattraper donc pour moi, c’est mieux d’avoir une étape longue et difficile comme celle là. Elle me plait bien car elle rassemble ce que j’aime : le près et la longueur. Cet hiver, j’ai fait la Transat Saint Nazaire-Cuba et la longueur ne me fait pas peur. Quant à m !on bateau, il a un excellent potentiel au près. Pour Pietro D’Ali, la longueur est une nouvelle difficulté mais il est tellement surprenant ! »

- Jérémie Béyou : " Au départ nous aurons une influence thermique, un vent léger. La difficulté sera de ne pas se laisser piéger par des molles. La remontée vers la pointe Bretagne se fera au près à tirer des bords. Ce sera assez délicat parce qu’il faudra faire des changements de voiles et bien régler le bateau. A la pointe de Bretagne, le vent devrait se renforcer mais pas autant que prévu, moins de 30 nds. La dépression sera au sud et nous devrons passer la dorsale au nord de la Bretagne. Il faudra virer au bon moment pour poursuivre au reaching puis au portant sur la toute fin du parcours en mer d’Irlande... Ce sera une étape vérité avec des coups à jouer. Ce sera long, complexe, il y aura des écarts de route entre les bateaux, ce sera vraiment plus dur que les deux premières étapes qui n’ont pas permis de faire la différence. La fin du parcours sera délicate. Nous serons fatigués après au moins 3 jours et 3 nuits en mer et là, nous serons sous spi ... Celui qui gagnera celle-là pourrait avoir de sacrés atouts en mains pour la suite."

- Pietro D’Ali : « je vais simplement essayer de donner le meilleur de moi-même et porter haut les couleurs de Nanni Diesel qui m’offre la superbe opportunité de participer à cette grande course ».


• Classement à la Bouée Radio France - Etape

Rg Skipper N° Bateau Points
- 1 DESJOYEAUX Michel 45 Géant 10
- 2 TABARLY Erwan 4 Thales 9
- 3 ELIES Yann 1 Groupe Generali Assurances 8
- 4 BEYOU Jérémie 2 Delta Dore 7
- 5 LEPESQUEUX Marc 70 Maisons Pierre 6
- 6 PELLECUER Laurent 31 Cliptol Sport 5
- 7 MORVAN Gildas 5 Cercle Vert 4
- 8 GREGOIRE Jeanne 40 Banque Populaire 3
- 9 VITTET Dominic 22 ATAO Audio System 2
- 10 de PAVANT Kito 7 Groupe Bel 1
- 11 LE CLEAC’H Armel 62 Foncia-TBS 0
- 12 AUDIGANE Sébastien 43 D’Aucy Cultive la vie 0
- 13 KRAUSS Oliver 25 Espoir Crédit Agricole 0
- 14 DROUGLAZET Eric 6 Crédit Maritime 0
- 15 BOUGARD Patrice 99 Kogane 0
- 16 PEAN Lionel 79 L’Esprit d’Equipe 0
- 17 DUTHIL Frédéric 32 Brossard 0


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