« En fait, on a une sacrée marque de moteur… lâche Bilou (Sill Plein Fruit) à la vacation du petit matin. Non, blague à part, on est assez content du coup que l’on a fait hier. Kingfisher doit être vert ! ». En effet, Roland Jourdain peut être satisfait de la situation du matin car il s’est assis sur un petit matelas d’avance face à ses plus proches concurrents. Il s’explique : « Nous étions tous obligés d’aller à la côte hier mais je voulais garder la gauche du plan d’eau. Nous sommes tous tombés dans un terrain mou. Et quand le vent a molli, nous étions peut-être décalés d’un demi mille à l’ouest par rapport à Kingfisher. Et le vent est revenu par… l’ouest et nous sommes partis direct, là où les autres n’ont pas bougé… ».

L’affaire est dans le sac et Sill Plein Fruit a gentiment consolidé son avance pendant la nuit tout en restant fidèle à son option ouest. Il croise actuellement à près de 40 milles dans l’est d’El Jadida. Si l’ouest a payé, l’est n’est pas en reste non plus. Bobst Group-Armor Lux en rasant les côtes marocaines a grillé Kingfisher et Tiscali jouant au milieu des filets et des pêcheurs locaux. « A un moment il y a eu une espèce de sale bulle anticyclonique sur notre gauche, nous avons continué devant nous, là où le ciel était dégagé » souffle Bernard Stamm à la vacation du matin. Jackpot pour le suisse-bigouden qui glisse au passage : « quand t’es derrière, tu n’as pas intérêt à faire comme les autres, il faut bien trouver quelque chose ! ». Et si risque il y avait à jouer à rase-cailloux, cela n’a pas louper : « On s’est fait un peu peur quand même car on a pris un truc cette nuit dans la dérive. C’était une espèce de filet dérivant et cela avait l’air assez grand tout de même. Mais c’est reparti tout seul ! ». « Frère de la côte » en ce moment, Bobst Group-Armor Lux pointait ce matin à 5 heures à… 9 petits milles de la terre africaine. Côté perdants, Kingfisher et Tiscali rongent leur frein. L’australien Nick Moloney glisse un « Very difficult evening for us ! » qui veut tout dire et l’italien Simone Bianchetti un « nous n’avions pas assez d’infos pour prendre une option différente de la nôtre ! ». Vous l’aurez compris : ils étaient, eux, sous la sale bulle anticyclonique…

Et cette fameuse bascule du vent à l’ouest alors, que devient-elle ? « On en parle depuis le début mais elle ne vient pas » lâche fataliste Simone Bianchetti, Nick Moloney la voit aussi mais pas pour tout de suite et Bilou ricane et conclue « Je ne la vois pas pour le moment. On la touchera juste un peu avant Gibraltar ! Pour l’instant c’est du près, du près et toujours du près ! ».

Pierrick Garenne