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Du grand large à la plage : Toute l’actualité des sports de glisse depuis 2000

TROPHEE JULES VERNE

Orange bute dans un anticyclone au niveau de Tristan da Cunha

mercredi 17 avril 2002

Délibérément, et parce qu’il n’y a pas d’autre choix, Orange s’est livré aux griffes de l’anticyclone. La course folle entamée depuis l’Australie vient buter aujourd’hui au large de Tristan da Cunha dans le ventre mou des hautes pressions qui circulent au large de l’Afrique. Les vitesses chutent. Les voiles peinent à se gonfler. Barreurs et régleurs chassent le moindre souffle sur une mer à la houle évanescente. Il faut gagner dans le Nord Est, rejoindre l’autre côté de l’anticyclone. Car la menace dépressionnaire se précise, 45 noeuds et plus perfidement orientés au Nord Ouest, dans l’axe de la route du Géant marseillais...

" C’est plutôt moyen aujourd’hui. On traverse l’anticyclone ". La voix de Bruno Peyron est calme, curieusement, car au terme d’un formidable sprint transpacifique prolongé jusqu’au coeur de l’Atlantique Sud, les hommes d’Orange affronte un nouveau cas d’école météo, le franchissement complexe d’une barrière de haute pression, sous la menace directe d’une dépression très creuse. " La dépression a accéléré cette nuit plus vite que ne le prévoyaient les modèles météo " poursuit Bruno. " Nous aurons du mal à éviter sa bordure orientale et ses vents de 45 noeuds au près. " Cap Nord Nord Est, le maxi catamaran Orange met tout en oeuvre pour s’échapper et traverser le centre des hautes pressions et rejoindre ses vents d’Est. Toute la panoplie des voiles d’avant du bord est mise à contribution ; d’heure en heure, de minute en minute, voire, il faut porter la toile du vent. 1 ris et solent, 1 ris et gennaker moyen... toutes les combinaisons de voiles sont adaptées à l’angle et à la force du vent. " 6 manoeuvres lourdes par jour depuis le départ, changements de voiles et prises de ris ! " reconnaît Peyron. A défaut de pression d’air, Orange carbure aux biceps et aux deltoïdes. " Ca tombe bien " sourit Yan Eliès, " Après 46 jours de mer, nous sommes dans une forme optimale ! " Et ce petit rayon de soleil que filtrent à peine les cirrus décuple les enthousiasmes : " A pleine vitesse Vitesse #speedsailing dans le sud, on se calfeutre au fond des coques" poursuit Eliès. " C’est bon de profiter du bateau, de se sécher et de lézarder un peu sur le pont entre les quarts... " Une fois encore, la bande à Peyron va devoir payer pour voir et toucher les alizés de Sud Est. Combien ? Eole présentera l’addition dans un jour, peut-être deux ! L’Atlantique est chère pour les amoureux d’aventure Aventure  : " Nous avons traversé l’Indien sur un système météo, plutôt pourri d’ailleurs " calcule Peyron, " la Tasmanie et le Pacifique, grâce à deux systèmes bien établis... 3 jours en Atlantique, et nous négocions déjà notre troisième phénomène ! "

Ils ont dit :

Bruno Peyron : " Le Pacifique était propice à l’attaque : l’Atlantique le long des côtes brésiliennes exige de lever le pied, face au vent et contre la houle. Après 21000 milles de course, nous n’avons nulle envie de nous arrêter sur avarie. On lève le pied, quitte à faire le dos rond, et on rejoint les alizés sans casse. Voilà l’objectif ! "

Yann Eliès :" Nous reprenons nos aises, avec le temps qui s’améliore. Le bateau et les vêtements s’assèchent. Nous sommes en pleine forme, les repas sont parfaitement équilibrés et nous n’avons aucun problème cutané à déplorer, ce qui, pour tous les marins qui naviguent longtemps dans l’humidité sur ces bateaux de carbone, est assez remarquable... J’apprécie et j’apprends beaucoup au contact de Bruno. L’an dernier sur Team Adventure, tout était sacrifié à la vitesse Vitesse #speedsailing . Sur Orange, la gestion des hommes et du matériel est le plus important dans l’optique de performances à long terme... "

Denis van den Brink / Mer & Média



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