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Route du Rhum • point course

Les monocoques premiers à Pointe à Pitre ?

L’année ou Birch passe au monocoque, les honneurs peuvent changer de classe

mercredi 20 novembre 2002Information Route du Rhum

Cette septième édition de la Route du Rhum Route du Rhum #RouteDuRhum n’en finit pas de rebondir. Toute la Guadeloupe se préparait à accueillir le nouvel héros des mers, le Suisse Stève Ravussin (TechnoMarine-Match TV). Un méchant grain, en milieu de nuit dernière, en a décidé autrement. Sur son trimaran retourné, Stève va voir passer le vainqueur du Vendée Globe, Michel Desjoyeaux (Géant), puis Lalou Roucayrol (Banque Populaire) et Marc Guillemot (Biscuits La Trinitaine-Ethypharm). Entre ces trois multicoques séparés de seulement 225 milles au classement de 16 heures, la bagarre est montée encore d’un cran. Ce n’est plus la deuxième place qui est en jeu Jeu #jeu , mais bien la première. Ce qui change profondément la mise... Une seule certitude aujourd’hui, en ce 10e jour de course : le record Record #sailingrecord de l’épreuve, 12 jours 8 heures et 41 minutes, ne sera pas battu. Le premier de la bande des trois n’est pas attendu à Point-à-Pitre avant dimanche matin.

Ellen ou Mike ? A qui les honneurs de la ligne en Guadeloupe ?
Photo : G.Martin-Raget/Promovoile

L’actualité, du côté des monocoques, prend une nouvelle ampleur après le chavirage de Stève Ravussin. Pour la première fois dans l’histoire Histoire #histoire de la Route du Rhum Route du Rhum #RouteDuRhum , un monocoque est en passe de toucher terre le premier. Du jamais vu certes et cet exploit devra être honoré comme il le mérite. Mais il convient de rappeler que les monocoques de 60 pieds sont partis 24 heures 24 heures Record de distance parcourue sur 24 heures avant leurs homologues multicoques et qu’il y a bel et bien deux classements distincts avec, à la clé, deux compétitions radicalement différentes dans leur déroulement. Par ailleurs, la flotte de cette Route du Rhum Route du Rhum #RouteDuRhum est composée de cinq classements distincts. C’est ainsi qu’il y aura cinq vainqueurs de la Route du Rhum 2002 et non pas un seul, même si le premier arrivé, quel qu’il soit, touchera fort justement les dividendes de sa performance.

Tant que la ligne d’arrivée n’est pas franchie... Cette Lapalissade est malheureusement une nouvelle fois vérifiée et les trois skippers en course n’ont guère envie de subir le triste sort de Stève Ravussin (TechnoMarine-Match TV). « J’ai été parachuté en tête par un nouveau forfait, reconnaît Michel Desjoyeaux (Géant) qui possède actuellement 120 milles d’avance sur Lalou Roucayrol (Banque Populaire), toujours bloqué dans les calmes de l’anticyclone. Cela reste une course et je ne suis pas à l’abri d’un soucis technique. On a vu tellement de chose dans cette Transat ». Avec son trimaran neuf, optimisé pour se cabrer sur l’arrière afin de retarder au mieux les enfournements aux allures portantes, Michel est d’évidence plus serein que ne pouvait l’être Stève Ravussin sur son trimaran de la précédente génération. Ce qui n’empêche pas Michel d’être des plus prudents. « J’ai toujours un ris dans la grand-voile alors qu’il n’y a que quinze nœuds de vent actuellement ».

Prudent, Lalou Roucayrol (Banque Populaire) l’est par la force des choses. Son bon de sortie de l’anticyclone devrait effectif dans les prochaines heures, mais il risque fort de se faire dépasser dans les prochaines 24 heures 24 heures Record de distance parcourue sur 24 heures par Marc Guillemot (Biscuits La Trinitaine-Ethypharm), bien calé dans le Sud. Ce décalage est défavorable en terme de distance au but et donc de classement. En effet, Banque Populaire se trouve sur une route plus proche de l’orthodromie que celle empruntée actuellement par Marc Guillemot. Même si les skippers ont juré de ne pas se faire piéger par les lignes de grains qui ont le don de faire monter la décharge d’adrénaline, la régate finale va être de toute beauté entre les trois multicoques encore en course.

Qui d’Ellen MacArthur (Kingfisher) ou de Mike Golding (Ecover) va se présenter, dans la nuit de vendredi à samedi prochain, date probable d’arrivée, en leader dans la baie de Point-à-Pitre ? Le suspens dure depuis maintenant 11 jours entre les deux anglo-saxons. Mais Ellen, incontestablement, vient de prendre un bel ascendant sur son adversaire qui a été le premier à partir à la faute. Après avoir explosé un spinnaker, Mike s’est battu cette nuit, en tête de mât, avec un autre spi, cette fois enroulé autour de ses étais de voiles d’avant. Le bilan est sévère pour Mike : il n’a plus que des gennakers pour rejoindre la Guadeloupe. Soit des voiles moins performantes pour descendre plein vent arrière, une allure qui sera reine jusqu’à l’arrivée.

En classe 2 multicoque, Franck-Yves Escoffier (Crêpes Whaou) devrait être le logique vainqueur de sa classe, tout comme Régis Guillemot (Storage Tek), en tête depuis le départ sur son monocoque de la classe 3. Si le premier nommé devrait arriver dans la nuit de dimanche à lundi, le deuxième n’est pas attendu avant le milieu de la semaine prochaine. Dans la classe 2 monocoque, l’Australien Nick Moloney (Ashfield Healthcare) doit toujours surveiller de près ses arrières. Il est toujours sous la menace directe de Luc Coquelin (Florys) et de Roger Langevin (Branec III).

Nicolas Raynaud


Histoire Histoire #histoire de classes

A l’origine, la Route du Rhum se jouait en temps réel entre tous les types de bateaux, mais dès 1986, les voiliers ont été classés selon leur type en sus du classement scratch. Avec les départs décalés de cette septième édition, seuls les classements par catégories sont retenus.

Lorsqu’en 1978 Michel Etevenon crée la Route du Rhum, la course océanique de référence en solitaire est toujours l’Ostar, la transat anglaise entre Plymouth (GB) et Newport (USA). Celle-ci se court toujours en temps réel mais prévoit un classement par classes dès 1976 (Jester Trophy, Gipsy Moth Trophy, Pen Duick Trophy). Les organisateurs britanniques décident ensuite en 1980 de limiter la longueur des bateaux à 14 mètres à la flottaison suite à la démesure du Club Méditerranée d’Alain Colas et ses 72 mètres !

A longueur égale, les monocoques n’ont déjà quasiment plus aucune chance de remporter cette transat sur l’Atlantique Nord et l’Ostar sera dès lors toujours gagnée au classement « scratch » par un multicoque, mais déjà chaque type de bateau est classé dans une catégorie spécifique en fonction de sa longueur. S’insurgeant contre cette restriction à l’innovation et à l’ouverture, Michel Etevenon ne donne aucune limite aux bateaux qui s’inscrivent à la première Route du Rhum : il en résulte le spectaculaire mano a mano entre Michel Malinovski et Mike Birch à quelques encablures de Pointe à Pitre. La seconde édition sera aussi l’occasion de comparer en temps réel les possibilités de multicoques et des monocoques : Marc Pajot enterrera définitivement le débat en 1982. Michel Malinovski, âpre défenseur du monocoque est relégué à plus d’une journée et demie du catamaran Elf Aquitaine. La polémique est close.

La transat anglaise classe définitivement les bateaux par catégorie de longueur (cinq classements) en 1984, et la Route du Rhum en vient aussi à mettre en valeur la performance des monocoques qui ne peuvent déjà plus prétendre à la victoire au scratch. Dès 1986, le classement général toutes classes est toujours la référence, mais le premier monocoque reçoit aussi un prix : Pierre Lenormand sur Macif (l’ex-Kriter VIII de Michel Malinovski) est honoré au même titre que le trimaran Fleury Michon de Philippe Poupon.

En décidant avec l’accord des classes Orma et Imoca Imoca #IMOCA , de séparer les départs, Philippe Facque, directeur de course, et Promovoile, organisateur de la Route du Rhum, savaient qu’ils supprimaient toutes possibilités de comparer les résultats des différentes classes parties à des heures différentes : le classement scratch était donc définitivement abandonné au profit de la mise en valeur des catégories multicoques Orma et Classe II, monocoques Imoca Imoca #IMOCA et Classe II et III. De fait, l’arrivée probable d’un monocoque en premier à Pointe à Pitre n’est que la conséquence de ces départs décalés et bien sûr d’une météo particulière associée à une succession d’avaries et de chavirages parmi les multicoques. Alors qui sera sacré vainqueur de la Route du Rhum 2002 ? Tout simplement cinq solitaires chacun dans sa classe, comme pour d’autres épreuves sportives à l’image du Paris-Dakar automobile qui classe séparément les voitures, les motos, les camions, avec à l’intérieur de chaque catégorie un classement spécifique en fonction de la puissance moteur.


Goutte à goutte

Après avoir mis tout en œuvre pour sauver son Rexona Men, Yvan Bourgnon, en accord avec l’expert maritime, a été obligé hier soir de quitter la zone à bord du remorqueur espagnol, pour éviter de mettre en péril la vie de l’équipage. Les conditions météo vont à nouveau se dégrader, avec une mer forte et croisée et un vent de 35 à 45 nœuds. Sous l’action du flux d’Ouest dominant, le trimaran dérive vers les côtes portugaises et une balise Argos permet de le suivre en temps réel. Des que la météo le permettra, Yvan et toute son équipe feront une nouvelle tentative pour le récupérer.

Hervé Vachée (Milles Visages), un temps deuxième de la Classe 2 monocoque, a reculé au classement où il occupe désormais la 4e place. « J’ai essayé de passer au plus serré de l’anticyclone. J’ai cru voir une petite fenêtre mais c’est raté. Je fais cap au Sud pour m’en sortir et rejoindre les alizés. La mer belle, c’est le grand beau », explique Hervé, très content de son bateau qu’il va exploiter en charter dès cet hiver.

Alain Grinda (Fantazy-Forest), qui était reparti hier de Concarneau, a annoncé aujourd’hui son abandon définitif, suite à des problème d’écoute de grand-voile et à une météo une nouvelle fois guère fameuse sur le golfe de Gascogne. Il fait route sur La Rochelle. Ce qui porte à 26 le nombre d’abandons sur cette Route du Rhum.

Eric Canivenc (Leasecom), monocoque Imoca, attend la fin du coup de vent et pense appareiller cette nuit de La Corogne où il est réfugié depuis le jeudi 14 novembre. C’est sa dernière chance puisqu’Eric a passé deux fois 72 heures à terre.


En différé du PC course

- Lalou Roucayrol (Banque Populaire) : « Ca va un peu mieux que cette nuit. Je re-navigue, pas vite mais le bateau avance à 6-7 nœuds. Je commence à entrevoir le bout du tunnel mais cette histoire commence à durer plus longtemps que je ne pensais. J’économise le gazole car il doit m’en rester environ 20 litres pour tenir jusqu’à la Guadeloupe. Ce rationnement me fait passer entre 15 et16 heures à la barre par jour. Mon objectif est d’arriver à Pointe à Pitre sans dommage. Dès que je vais dormir, je roule le gennaker pour naviguer sous Solent, limitant ainsi les risques dans les grains. »

- Antoine Koch (L’Héautontimorouménos) : « J’étais en train de me préparer un lyophilisé à l’intérieur quand le bateau est parti au lof sous un grain. Je n’ai rien vu venir. L’avantage sur un mono c’est que tu ne crains pas grand chose contrairement aux multis. Il faut sans cesse être attentif, surtout la nuit car tu ne vois rien venir. »    

- Franck Yves Escoffier (Crêpes Whaou !) : « Je me suis arrêté 5 heures hier et 2 heures ce matin mais malheureusement je ne pense pas pouvoir faire de réparation avant mon arrivée en Guadeloupe. Je dois avoir perdu 80 milles en 24 h sur mes poursuivants mais le bateau marche toujours aussi bien, je file tout de même à 17-18 nœuds. »

- Didier Munduteguy (60e Sud) : « Ce n’est pas facile de voir les 2 bateaux plus au sud que moi, me passer devant comme ça. J’ai entre 5 et 7 nœuds de vent et il faut sans cesse régler et manœuvrer pour garder la vitesse Vitesse #speedsailing du bateau. Je suis actuellement à 27°N alors que les Alizés sont à 25° 30’N. Il faut encore descendre pour aller les chercher. »

- Hervé Vachée (Mille Visages) : « La porte que j’entrevoyais pour passer l’anticyclone vient de se refermer. Je fais route maintenant au sud pour le contourner et tenter de me raccrocher aux autres. Sinon au niveau des petits problèmes, j’ai eu un accro dans le spi que j’ai vite réparé. »

- Patrick de Radiguès (Garnier Belgium) : « Je suis aller chercher très loin les Alizés et enfin j’ai empanné direction l’ouest. J’ai 20 nœuds de vent régulier, le bateau marche à 14 nœuds, autant dire que je récupère un maximum. Je vise la 5e place pour tenter de toucher la 4e mais il faudra aussi compter sur la défaillance d’un autre. »  


Monocoque 60’
- Kingfisher Ellen McArthur 795.2 
- Ecover Mike Golding + 65.0 
- Arcelor-Dunkerque Joé Seten + 507.3 
- Sill Roland Jourdain + 611.1 

Monocoque Classe 2 FICO’
- Ashfield Healthcare Nick Moloney 1748.0 

Monocoque Classe 3 FICO’
- Storagetek Regis Guillemot 1852.6 

Multicoque 60’
- Géant Michel Desjoyeaux 1282.9
- Banque Populaire Lalou Roucayrol + 180.6 
- Biscuits La Trinitaine - Ethypharm Marc Guillemot + 224.2 

Multicoque Classe 2 FICO’
- Crepes Whaou ! F. Y. Escofier 1232.4 



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