Vendée Globe
Jean Le Cam met à l’eau son nouveau monocoque
Présentation du 60 pieds IMOCA « Bonduelle »
jeudi 8 avril 2004 –
- Un nouveau voilier neuf aux couleurs de Bonduelle pour Jean Le Cam
- Photos : B.Stichelbaut / Bonduelle
Le nouveau Bonduelle n’est pas vraiment conforme aux derniers canons de la mode transocéanique en solitaire. Quand depuis plusieurs éditions, les marins sacrifient aux vertus de la puissance, aux carènes porteuses à l’extrême, Jean Le Cam est revenu à un bateau plus équilibré où la légèreté le dispute à la recherche de performance.
A la recherche de simplicité
Il aurait été facile de poursuivre dans la voie tracée depuis quatre éditions pour imaginer le bateau du Vendée Globe 2004 : il aurait suffi de faire le même bateau, plus fort, plus puissant, plus rapide.
L’évolution des matériaux, les avancées de la technologie ont toujours permis d’éliminer les quelques kilos superflus, de gagner les quelques mètres carrés de voilure supplémentaire qui procurent au final un avantage décisif sur les voiliers d’ancienne génération. Il existe toujours des possibilités pour progresser à la marge et atteindre les quelques dixièmes de nœuds convoités qui, bout à bout, amèneront peut-être à la victoire.
Jean le Cam et Roland Jourdain ont fait un autre pari. Celui de la simplicité, de l’optimisation des performances conjointes du navire et du skipper.
L’expertise de Jean sur nombre de supports, l’expérience du dernier Vendée Globe de Roland ont amené les deux complices à renverser la donne, à concevoir un projet qui permette d’utiliser à plein leurs montures quand beaucoup de skippers reconnaissent ne savoir utiliser la leur qu’à 70% de leur potentiel. C’est un pari qui fait la part belle à la simplicité, à la fiabilité, à la légèreté.
Bonduelle et Sill auront ainsi plus de trois mètres de moins de hauteur de mâts que certains prototypes de dernière génération. Mais ils gagneront en couple de redressement, en sécurité et en glisse pure...
Un plan de pont bombé • Léger bouchain de carène
Il reste que Bonduelle est avant tout un bateau de caractère où certaines options tranchent radicalement de ce qui se fait usuellement.
Le plan de pont du bateau en est un des meilleurs exemples : Fortement bombé, il devrait permettre tout à la fois un meilleur écoulement de l’eau le long du passavant sous le vent, offrir la possibilité au skipper de se déplacer confortablement au vent dès que le voilier aura pris de la gîte. Mais surtout, il devrait défendre le cockpit des paquets de mer, élément de confort et de sécurité non négligeable quand il s’agit d’affronter les mers hostiles de l’Océan Indien et du Pacifique.
La carène elle-même est fortement empreinte de la marque personnelle de Jean Le Cam. Ainsi en optant pour un léger bouchain sur le tiers arrière de la coque, le skipper et l’architecte ont voulu rendre un hommage à la marque de fabrique de Philippe Harlé, architecte de l’Armagnac, le premier bateau sur lequel Jean a commencé d’écumer les courses au large. Mais est-ce bien la seule raison du choix de cette option ? N’y aurait-il pas des options architecturales inédites pour gagner encore de la vitesse Vitesse #speedsailing ?
Sécurité et la fonctionnalité de la vie à bord
La philosophie d’un bateau ne se résume pas à sa carène et son plan de voilure. C’est aussi un condensé de petits détails qui témoignent de la personnalité du skipper et des points clés de sa conception de la course.
Deux éléments clés ont guidé la démarche de Jean Le Cam et de son équipe technique : le souci de la sécurité et la fonctionnalité de la vie à bord pour gagner encore en efficacité.
Faciliter la vie à bord Qu’il s’agisse des aménagements intérieurs ou du plan de pont du bateau, tout a été pensé pour simplifier au maximum la vie du navigateur : des astuces qui sont le fruit d’années de navigation océaniques et qui répondent à deux critères majeurs : toute amélioration doit rester maîtrisable techniquement par le navigateur ; elle doit de plus correspondre à une véritable économie d’énergie.
L’agencement de l’espace navigation témoigne de cet état d’esprit. La table à cartes et le siège du navigateur seront sur cardans de manière à rester horizontaux à la gîte, une invention imaginée lors de sa première transat par Eric Tabarly en personne... Depuis, on n’a pas trouvé aussi simple pour un même résultat. Autre avantage d’un tel projet : la mécanique est facilement accessible et d’une fiabilité à toute épreuve
Un maître mot : la sécurité Qu’il s’agisse des manœuvres ramenées à une même colonne centrale abritée d’une imposante casquette, des passavants conçus pour protéger au maximum le cockpit des entrées d’eau, du système de vide vite à la manière d’un dériveur, de la tonture du plan de pont destinée à faciliter le redressement du navire, l’ensemble de la conception de Bonduelle a été pensée pour ouvrir de nouvelles voies dans la recherche de solutions de sécurité active.
On retrouve bien ici la préoccupation qui a toujours été celle de Jean Le Cam, de préserver la sécurité de ceux qui partent en mer. Une conception parfaitement logique pour qui se souvient que Jean a été un des membres les plus actifs de la classe Figaro pour améliorer la sécurité des navigateurs solitaires, qu’il a aussi longuement réfléchi sur la sécurité des multicoques océaniques.
Pour un homme qui s’est toujours voulu à l’avant-garde en matière de protection des navigateurs, il était indispensable de concevoir un bateau exemplaire dans ce domaine. Nul doute que Bonduelle ne force la main à un certain nombre d’idées reçues.
• Dispositifs de sécurité, points clés
Un poste central de manœuvre protégé des paquets de mer par une casquette imposante.
Des filières dont la hauteur est largement supérieure à la jauge imposée, des chandeliers implantés bien à l’intérieur de la liaison pont-coque pour diminuer le risque d’homme à la mer.
Un système de balisage d’un éventuel homme à la mer particulièrement réactif.
Un système d’isolement et de pompage permettant d’assécher le bateau en cas de voie d’eau et de continuer à naviguer.
D’autres projets sont à l’étude, comme un système d’éclairage au plancher, en cas de retournement éventuel du bateau.
• Caractéristiques du bateau - 60’ class IMOCA Imoca #IMOCA
Architecte : Cabinet Lombard
Constructeur : Chantier JMV à Cherbourg
Longueur H.T (Mètres :pieds) : 60’ = 18,28 m
Largeur (Mètres :pieds) : 5,20 m
Tirant d’eau : 4,50 m
Numéro de voile : 59 [1]
Surface Grand voile : 160 M2
Surface solent : 110 M2
Surface genaker : 220 M2
Surface de voilure au portant : 380 M2
Surface de voilure au près : 270 M2
• Programme 2004
8 avril : Mise à l’eau du bateau à Cherbourg,
9 avril : Tests de retournement
8 mai : Baptême du monocoque à Calais, en présence de Jacqueline Tabarly,
fidèle marraine des bateaux de Jean Le Cam.
9 mai : Participation du bateau aux 1000 milles de Calais (course en équipage).
mi-mai : Parcours de qualification pour « the Transat
The Transat
#thetransat #ostar
». 750 milles en solitaire sans escale. Retour à Cherbourg.
30 mai : The Transat
The Transat
#thetransat #ostar
, la course transatlantique Plymouth-Newport qui a révélé Eric Tabarly au grand public en 1964 repart pour une nouvelle édition. The Transat sera pour Jean Le Cam, l’opportunité de réaliser sa qualification en solitaire pour le Vendée Globe. (2 500 milles en solitaire et sans escale)
20 Juin : Convoyage retour du navire vers Concarneau, port d’attache du voilier.
Juillet : Participation à Brest
Brest
#brest
2004. - Et entraînement et optimisation du voilier de concert avec Roland Jourdain, sur Sill le sistership de Bonduelle.
Août : Chantier de mise en conformité pour le Vendée Globe
Sept - Octobre : Entraînement et validation des derniers choix techniques.
7 novembre : Départ du Vendée Globe des Sables d’Olonne pour environ 90 jours de mer autour du monde.
• JEAN LE CAM - 44 ans
Né le 27 avril 1959 à Quimper (Finistère) - Une femme : Anne - 2 enfants
Qu’il s’agisse du multicoque ou du monocoque, des courses en équipage ou en solitaire, Jean Le Cam a fait la preuve de son éclectisme et de sa capacité à s’adapter aux différents supports et aux schémas de compétitions auxquelles il a apporté sa pierre.Ainsi Jean Le Cam est-il le seul marin avec Philippe Poupon qui ait remporté trois fois la Solitaire du Figaro Solitaire du Figaro #LaSolitaire , la course monotype Monotype #sportboats en solitaire la plus exigeante qui soit.
De même s’est-il révélé, à rebours des idées reçues, comme le brillant défenseur du trimaran, face à une meute de catamarans, à bord de Biscuit Cantreau le « formule 40 » avec lequel il fut double champion du monde.
Il a aussi tracé son sillage autour du globe à bord d’Euromarché , le mythique Pen Duick 6 d’Eric Tabarly ou bien participé aux travaux de développement de l’Hydroptère d’Alain Thébault.
• Palmarès du Roi Jean
1981 : Witbread à bord d’Euromarché, 10e (équipier d’Eric Tabarly, équipage)
1982 : Route de la Découverte - Fleury Michon 1er (avec Philippe Poupon, double)
1982 : Record
Record
#sailingrecord
de l’Atlantique - Jet Services 2 (équipier de Patrick Morvan, équipage)
1988 : Champion du Monde Formule 40 - Biscuits Cantreau (équipage)
1989 : Champion du Monde Formule 40 - Biscuits Cantreau (équipage)
1991 : Tour de l’Europe
Tour de l'Europe
#RDP13
- RMO, 1er (équipier de Laurent Bourgnon, équipage)
1994 : Transat AG2R - Sill Plein Fruit, 1er (avec Roland Jourdain)
1994 : Solitaire du Figaro
Solitaire du Figaro
#LaSolitaire
- Guy Cotten-Chattawak, 1er
1996 : Transat AG2R - Guy Cotten-Chattawak, 2e (avec Florence Arthaud)
1996 : Solitaire du Figaro - Guy Cotten-Chattawak, 1er
1999 : Porquerolles Solo, 1er
1999 : Solitaire du Figaro - Fleury-Michon, 1er
1999 : Transat Jacques Vabre
Transat Jacques Vabre
#TJV2015
- Sill Plein Fruit, 4e (avec Roland Jourdain)
2001 : Grand prix de Cagliari - Bonduelle, 1er (équipage)
2002 : Route des Phares - Bonduelle, 2e (équipage)
2003 : Mondial Assistance - Bonduelle, 3e (équipage)
Voir en ligne : Info G. Gallois / www.bonduelle.com
[1] 59 : Le n° 59 représente le département du Nord ainsi que l’année de naissance de Christophe Bonduelle (Président) et de Jean Le Cam.
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