Sea, Sail & Surf news

Du grand large à la plage : Toute l’actualité des sports de glisse depuis 2000

Transat AG2R

Onze nœuds, bâbord amures sous spinnaker, cap direct vers le but !

Armel Le Cléac’h : "On cherche à se replacer devant la flotte pour contrôler"

vendredi 7 mai 2004Information Transat AG2R

En choisissant l’aile gauche du terrain de jeu Jeu #jeu , le duo Le Cléac’h-Troussel a pu déborder ses concurrents et va pouvoir se recentrer avant le but, Saint-Barthélemy. En défense, le tandem Bidégorry-Gavignet traverse la surface de réparation pour intercepter les leaders et tacler avant qu’il ne soit trop tard. Au Nord, la paire Tripon-Grimont est en limite de hors-jeu Jeu #jeu ... Comme quoi, les meilleures attaques passent par les côtés en bordure de touche avant de centrer sur le coin de pénalty !

Pierre-Yves Moreau a jeté à l’eu les couverts de Raynal et Roquelaure en faisant la vaisselle ! Il s’est donc fabriqué des ustensils de fortune pour le reste de la course en compagnie de Christian Bos.
Photo : PYM (En direct de Raynal et Roquelaure sur la route de St Barth)

Après Monaco et l’OM, voici le Groupe SCE... la balle est dans le camp du dernier vainqueur de la Solitaire du Figaro Solitaire du Figaro #LaSolitaire et son compère qui ont l’avantage de jouer sur un terrain devenu lourd avec un vent favorable : de l’alizé de secteur Est avec une pointe de Sud-Est qui leur permet de naviguer à plus de onze nœuds de moyenne bâbord amures sous spinnaker maxi quasiment sur le cap direct vers le but. Un largue serré qui rend les conditions de vie moins paisibles, Figaro gîté à 20°, ballast d’eau de mer rempli à ras-bord et tout le matériel au vent pour rétablir l’assiette, cirés à poste sur le short et le tee-shirt. Bref une météo plus musclée et surtout plus humide même si le soleil tape toujours aussi fort tandis que les grains du soir apportent un peu de fraîcheur et d’eau douce. Eau qui commence à être rationnée sur certains bateaux tandis que d’autres comptent les restes de nourriture (Massu-Carpentier) ou doivent manger froid pour cause de réchaud récalcitrant (Morvan-Vittet).

De fait, les skippers ont intérêt à garder un peu de Sud dans leur route car l’anticyclone tend à se prolonger vers les Antilles pour les jours prochains (alors qu’actuellement, une zone de vents plus mous et plus orientés au Sud règne au large de l’arc caraïbes) et les prévisions pour le week-end indiquent un bon flux de 20 nœuds et plus, au Sud du 18° parallèle Nord tandis que ce ne sont plus qu’une dizaine de nœuds qui doivent souffler au Nord du 20° Nord. Bref, il vaut mieux continuer à se laisser glisser doucement plutôt que de persévérer sur la route directe (orthodromie)...

L’effet entonnoir

Les « paires en mer » l’ont compris et orientent leur étraves pour passer sous le tropique du cancer alors que le vent est désormais de secteur Est à Sud-Est pour 25 nœuds. « on marche à plus de onze nœuds de moyenne depuis ce matin. On cherche à se replacer devant la flotte pour contrôler mais il y a un minimum dépressionnaire dans notre Nord-Ouest qui risque de perturber les alizés avec d’abord plus de brise puis une molle. » indiquait Armel Le Cléac’h (Groupe SCE-Le Télégramme) vendredi midi à la vacation radio. Gildas Morvan (Cercle Vert) confirmait : « il était difficile pour nous de croiser pour se repositionner vers le Sud depuis Madère car le vent était plutôt Nord-Est donc vent arrière mais depuis hier, la brise a tourné. On est au largue serré et ça avance bien avec des surfs à plus de quatorze nœuds (...). 30 milles de retard, ça commence à bien faire : il ne faudrait pas que cela augmente à moins de mille milles de l’arrivée. Mais la course est encore ouverte avec les bascules du vent qui sont prévues ce week-end. » Et du côté du Nord, le compte-rendu n’est pas aussi plaisant : « On est très tendus car je crains fort qu’un front froid nous barre la route d’ici 24 heures 24 heures Record de distance parcourue sur 24 heures et que nous soyons les seuls de la flotte à ne plus pouvoir l’éviter. Il faut mettre des cierges, croiser les doigts mais si c’est le cas, ça va être terrible car on va se retrouver dans du vent faible de sud. C’est un coup à prendre 24 heures 24 heures Record de distance parcourue sur 24 heures dans la vue ! ». précisait Damien Grimpont (Gedimat).

En effet, la flotte tend à se resserrer en latitude et à l’exception de Tripon-Grimont (Gedimat) toujours les plus au Nord mais qui se recadrent depuis la nuit dernière en glissant vers le Sud-Ouest, le différentiel n’est plus que de 150 milles entre Groupe SCE-Le Télégramme et Cercle Vert, les deux plus extrêmes en tête du peloton. C’est l’effet « entonnoir » habituel sur ce type de transat où la dispersion est maximale en milieu de parcours puis s’étiole à partir des cinq derniers jours de course.

L’objectif des duos va désormais consister à anticiper les conditions météo de l’arrivée : il semble que le vent sera plutôt de secteur Est à Sud-Est sur les Antilles, ce qui privilégierait une arrivée par le Nord car avec un angle de vent plus favorable (largue serré au lieu de vent arrière) surtout si les alizés mollissent, ce qui devrait être le cas. C’est donc une nouvelle donne qui s’annonce à la fin du week-end puisque les leaders devront veiller à leurs arrières tout en jouant avec les molles. Sans compter les grains qui provoquent des accélérations et des bascules de vent suivies d’un ralentissement voir d’un calme... Avec seulement 10% d’écart par rapport au but entre les dix premiers et sachant qu’un phénomène local comme un gros cumulonimbus peut provoquer des différences de vitesse Vitesse #speedsailing de plus de cinq nœuds à quelques milles seulement d’écart entre deux monotypes, l’arrivée se présente très ouverte. Comme au football, après les mi-temps, ce sont les prolongations puis les tirs au but...

DBo


Echos du large

- Armel Tripon (Gedimat) : « Ce qui est sûr, c‚est que les places vont être très chères entre le huitième et le quinzième. » Car si les sept bateaux de tête ont pris une avance relativement confortable, derrière, jusqu’au vingtième, la bataille fait rage avec une intensité extraordinaire. Chacun espère en son option, sa tactique, son meilleur angle au vent pour boucler au mieux les mille derniers milles de cette transat. Et une petite dépression sur les Antilles pourrait bien encore redistribuer les cartes, hélas pas forcément en faveur des nordistes. « Mais attention, mille milles c’est long, c’est presque l’équivalent de Lorient Lorient L’actualité du port de Lorient et de sa région. -Madère et beaucoup de choses peuvent encore arriver... C’est pas fini, on s’accroche ! »

- Christophe Artaud (Petits Petons) : « On est au largue serré, le vent souffle à 20-22 nds, on est obligé de lofer pour ne pas perdre de terrain, il y a quelques paquets de mer sur le pont, on a mis les cirés au-dessus des shorts car c’est un peu humide ! C’est du rallye tout terrain, le bateau gîte à 25/30°, on marche à 10/13 nds, ça bouge beaucoup, c’est humide mais ça va vite ! On est contents car à chaque fois qu’on perd du terrain, on trouve les solutions pour revenir. Notre objectif est de terminer dans les cinq premiers mais c’est un peu compromis. La vie avec Laurent se passe très bien, on se croise beaucoup. La fatigue commence à se faire sentir, on a beau être en double, il faut toujours faire quelque chose ! Et puis, ce n’est pas très confortable, c’est difficile de récupérer, c’est du sport ! »

- Jean-Christophe Mourniac (D’Aucy) : « On a eu deux après-midis dans la pétole, on a du mal à revenir. Mais on ne désespère pas, il reste 1000 milles ! Il peut se passer encore plein de choses, il ne faut pas croire que la course est bâchée ! Mais 17 jours de mer, ça commence à faire long, on a une petite dette de sommeil, on va être ravis de remettre pied à terre. En eau et en nourriture, pas de souci, on avait prévu large. On a mangé tout ce qu‚on aimait bien mais on est de moins en moins difficiles après 17 jours de mer, le principal c’est de s’alimenter ! »

- Christian Bos (Raynal et Roquelaure) : « On était un peu déçus après le cap Finisterre. Ensuite on a contourné la dépression au plus près mais on a perdu des places. Là, on a du vent de 20/23 nds, le bateau avance à 11/12 nds : ça fait plaisir car on a passé beaucoup de temps sans vent. Le but c’est de recoller à la flotte en espérant qu‚on puisse rejouer dedans mais ça va être difficile, les écarts restent à peu près les mêmes. Au niveau nourriture, tout va bien, on a goûté à peu près toutes les recettes, on mange bien et souvent ! Sinon, on voit beaucoup de choses, des dauphins, on a croisé une tortue, des flottes entières de méduses. Il n’y a pas mal de vie sur l’eau ! »

- Armel Le Cléac’h (Groupe SCE-Le Télégramme) : « On va assez vite, ça vibre autour de la quille, c’est embêtant pour celui qui veut dormir mais c’est un bruit assez agréable ! On a eu du vent plus fort cette nuit, en ce moment, on a 20/25 nds de vent Est/Sud Est et on ne marche pas à moins de 11 nds depuis ce matin ! Notre option Sud est payante, pour l’instant ça se passe bien, on a plus de vent que prévu, c’est plutôt intéressant. On attend les dernières analyses météo car il y a une dépression qui arrive demain ou après-demain et il va falloir faire attention, il y a des coups à faire. Pour l’instant, avec notre positionnement au Sud, on n’est pas forcément trop mal. Mais ce n’est pas encore gagné, il reste encore 800 milles à parcourir. On a régulièrement des grains la nuit. Sinon, on a bien géré les quantités de nourriture et d’eau, on fait attention à l’eau mais on a ce qu’il faut pour arriver jusqu’à St Barth. »

- Gildas Morvan (Cercle Vert) : « Vous me réveillez mais il était temps ! Ce n’est pas les vacances, il y a du boulot ! D’autant que 30 milles d’écart avec le premier, ça commence à faire... Là, on a du vent de Sud Est, on va vite sur la route, on marche à 10/15 nds au largue serré. On pense profiter de la rotation du vent au Sud Est pour gagner des places sur les sudistes. C’est en quelque sort, reculer pour mieux sauter ! On pense que le Sud va s‚arrêter tôt ou tard mais on n’est jamais sûrs de rien ! Le moral, on fait avec, ce sont les aléas de la météo. Mais tout n’est pas fait, ça peut même se faire dans la dernière nuit. Sinon on n’a plus de gaz depuis hier soir, on est obligés de manger froid, on sera content d‚arriver ! Il nous reste du cassoulet, du poulet basquaise qu‚on va être obligés de manger froid... c’est soit ça, soit on ne mange pas ! On n’a pas le choix ! On mangera bien à St Barth ! »

• Classement à 11h (heure française)

- 1-Groupe SCE-Le Télégramme (Le Cléac’h/Troussel)
- 2-Banque Populaire (Bidégorry/Gavignet)
- 3-Port Trebeurden (Attanasio/Berenger)
- 4-Cercle Vert (Morvan/Vittet)
- 5-Bostik Findley (Caudrelier/Koch)
- 6-Trophée BPE Saint-Nazaire-Cuba (Grégoire/Davies)
- 7-Delta Dore (Beyou-de Pavant)
- 8-Gedimat (Tripon/Grimont)
- 9-Petits Petons (Artaud/Pellecuer)
- 10-Guyader L‚Esprit de la mer (Massu/Carpentier)
- 11-Triskel Brokerline (Drouglazet/Thiercelin)
- 12-Thales (Tabarly/Nelias)
- 13-Groupe Coupechoux (Sparfel/Lequin)
- 14-Maisons Pierre (Lepesqueux/Lecharpentier)
- 15-Skipper AG2R (Jacq-de Broc)



A la une