Cette année 2005 est l’année de toutes les réussites pour Jérémie : vainqueur de la Generali Solo, première épreuve solitaire de la saison, il a également raflé le Spi Ouest France en équipage et l’IB Group Challenge à bord du trimaran Banque Populaire de Pascal Bidegorry. A 29 ans, Jérémie ouvre une nouvelle page de son histoire de très grand marin. En 10 jours 8 heures 38 minutes et 48 secondes le skipper de DELTA DORE remporte l’épreuve et la dernière étape, devant Michel Desjoyeaux (Géant).

Depuis le départ de la course à Perros Guirec, Jérémie Beyou compte parmi les favoris. 2^e à Bilbao, 10^e à la Rochelle à 17’ 25" du leader Pietro D’Ali (Nanni Diesel) au général provisoire, 5^e à Cork, Jérémie ne compte plus que 10’ 32" de retard sur le leader Laurent Pellecuer (Cliptol Sport) au départ de la 4^e étape. Le niveau sportif élevé du plateau, associé à une météo sans grandes surprises, ne permettent pas de creuser l’écart entre les concurrents sur les trois premières étapes de cette Solitaire. A chaque étape, ils attendent tous l’opportunité de creuser l’écart, mais le classement reste extrêmement serré. A Cork, les 8 premiers se tiennent en moins de 37 minutes. Il y a deux jours, Jérémie savait que c’était le moment ou jamais d’attaquer, c’est l’ultime opportunité d’emporter la course et pourquoi pas, l’étape. Le skipper de Delta Dore n’est pas totalement serein en lâchant : " Je ne sais pas encore comment faire pour les mettre tous derrière ..." Mais, en guise d’au revoir à son équipe sur le ponton de Cork, Jérémie lâche un "Etre devant !" le mord aux dents ... Face à ses adversaires talentueux et non moins camarades d’entraînement, Jérémie ne cède pas une miette, même à Michel Desjoyeaux dont le "Géant" suit la trace de Delta Dore tout au long d’une étape de légende, de Cork à Port Bourgenay.

Tout au long de la course, Jérémie Beyou se comporte comme un favori discret, privilégiant le repos et l’isolement aux discussions et aux coups spectaculaires. La gnaque, la détermination, l’assurance accrue, la préparation extrême de Jérémie prennent enfin le dessus. Jérémie Beyou n’a jamais été aussi bien préparé et aussi près du but.

Cette victoire dans la Solitaire était devenue plus qu’un objectif pour Jérémie, presque une obsession. Souvent placé sur les podiums depuis 9 ans, la première place lui échappait de très peu, ce qui lui faisait dire en souriant qu’il était un peu comme Poulidor. Exigeant au plus haut point, inquiété par trop de confort, il ne concède rien ni à lui, ni à ceux qui l’entourent. Aller au bout de lui même et se dépasser, pour faire toujours mieux, mieux se connaître, telle est la ligne de conduite de Jérémie. " Un homme est toujours au-delà ce qu’il fait" écrivait Sartre.

Le commentaire de Jérémie Beyou avant son arrivée au ponton : " Je n’ai pas dormi depuis le départ d’Irlande, j’ai barré, barré, barré tout le temps jour et nuit, j’ai très peu mis le pilote automatique. J’ai mangé dehors. L’idée c’était de passer en tête à Sein. Il y avait un petit truc à aller chercher long de Penmac’h (pointe Bretagne) à fond la caisse. A mon avis c’est là que ça s’est joué avec Michdesj. Je savais qu’il y avait un truc bizarre qui arrivait et que ça allait partir par devant.Pour arriver en tête ce matin, il fallait se battre.Ce matin on voyait à 100 mètres, je n’avais pas d’infos au passage de l’île d’Yeu. Je me suis annoncé en passant la porte et les autres ont fait pareil. C’est là que j’ai su que j’étais en tête. Au départ de Cork je savais que c’était ma dernière chance. Il fallait passer à l’attaque. Parfois on se demande à quel moment le vent va se barrer !"

• Retour sur les trois premières étapes de Jérémie

– Etape 1 : dans le peloton de tête depuis Ouessant, Jérémie arrive à Bilbao en 2^e position à 1 minute et 47 secondes du vainqueur Gildas Morvan. Spi, reaching les allures étaient idéales pour un Jérémie très coriace.
– Etape 2 : l’italien bizuth Pietro D’Ali triomphe à La Rochelle. Au franchissement d’une dorsale dans le golfe de Gascogne, Jérémie prend une option Est n’est pas à l’abri de zones de calme. Il s’est battu jusqu’à l’arrivée pour réduire son retard sur la tête de flotte. Il arrive 10^e à 27’05" du 1^er à La Rochelle et se retrouve en 4^e position au classement général provisoire à 17’ 25" du premier Pietro D’Ali.
– Etape 3 : l’étape est longue et n’en finit pas. Après avoir tenu le leadership de la flotte durant plus de 24 heures, Jérémie s’inquiète du passage de la dorsale en mer Celtique. Il la franchit un peu trop tard et percute un ofni avec le safran, qui sera endommagé. Il termine à la 5^e place à 26’ 20" du premier. A l’issue de l’étape, il se hisse sur la 3^e marche du podium à 10’ 32" du leader Laurent Pellecuer.

• Les 4 étapes de Jérémie Beyou

– Etape 1 Perros Guirec - Getxo Bilbao, 390 milles : 2^e à 1’ 47" du 1^er Gildas Morvan
– Etape 2 Getxo Bilbao - La Rochelle, 368 milles : 10^e à 27’ 05" du 1^er Pietro D’Ali
– Etape 3 La Rochelle - Cork Crosshaven, 356 milles : 5^e à 26’ 20" du 1^er Laurent Pellecuer
– Etape 4 Cork - Port Bourgenay, 428 milles : 1^er en 2 jours 45 minutes et 27 secondes

• Classement général provisoire Solitaire Afflelou Le Figaro après 4 étapes

– 1. DELTA DORE, JEREMIE BEYOU
– 2. GEANT, MICHEL DESJOYEAUX
– 46 inscrits

Info Laurence Caraës . KAORI