Londres - Alpes Maritimes

Six trimarans démarrent de la Tamise

Départ de la première épreuve de la Multi Cup 60’ depuis la capitale anglaise

lundi 8 mai 2006Redaction SSS [Source RP]

Après une journée marquée par le spectacle qu’ont offert les six trimarans de la course « Londres-Alpes-Maritimes », entre parade et prologue, le départ de la première épreuve comptant pour le championnat Multi Cup Cafe Ambassador a été donné sur les eaux de la Tamise. A 17h09 (heure française), dans un vent de 8-10 nœuds de Sud, Sud-Ouest, Groupama 2 (Franck Cammas) a été le plus prompt à s’élancer. Il était suivi par Banque Populaire IV (Pascal Bidégorry) et Géant (Michel Desjoyeaux).


Tradition anglaise oblige, c’est à l’heure du thé que les six équipages (36 marins) ont entamé pour de bon et pour de vrai la course qui doit les conduire à longer les côtes européennes, via la mer du Nord, la Manche, le golfe de Gascogne, le détroit de Gibraltar et la Méditerranée. Tea time à terre et sea time pour la flotte des multicoques : à 17h09, ils ont coupé la ligne mouillée dans la Tamise, là où le fleuve s’élargit avant de rejoindre « la grande mer, la mer salée comme dit Michel Desjoyeaux, là où évidemment il y a plus de place pour manœuvrer... ».

Devant les étraves affûtées pour en découdre : 2 650 milles et sans doute une bonne dizaine de jours de mer sur fond de bataille navale pour le moins relevée. Les conditions météo s’annoncent et se confirment difficiles, non pas tant à cause de la force du vent mais bien plus parce que les brises capricieuses et aléatoires ont promis de souffler pile dans l’axe de la route de la Manche à la sortie du golfe de Gascogne. Au près de Trafalgar Square à Gibraltar !

Sur la zone de départ, comme prévu, le front froid s’en est allé laissant la place à des passages de grains plus isolés et des brises mollissantes, variables en force et direction. En Manche, tous les ingrédients sont déjà bien réunis pour un début de course que tous annoncent tendu, tactique et électrique. Sur les quais de Canary Wharf, alors que la pluie tombait drue, les skippers ne cachaient pas que les premières heures de course seraient rythmées par les manœuvres qu’il faudra enchaîner. Des vents aléatoires - instables, voire insaisissables - du courant, un trafic maritime dense et six trimarans menés par des équipages de haut vol qui sont prêts à tous les coups tactiques pour sortir leur épingle du jeu.

La course est lancée. A 17h09, à l’heure d’aborder le chenal de sortie, la bataille fait déjà rage entre les trois trimarans les plus prompts à couper la ligne dans du Sud, Sud-Ouest de 8-10 nœuds, tribord amures au débridé. Top départ ! Derrière Groupama 2, Banque Poulaire IV, Géant semble déjà profiter de sa position au vent de la flotte. Suivent ensuite dans l’ordre Gitana 11 (Fred Le Peutrec), Sopra Group (Antoine Koch) et Gitana 12 (Thierry Duprey).

Parade et prologue d’abord

En début d’après-midi, les six trimarans avaient d’abord offert un superbe spectacle sur la Tamise. Imaginez ces gracieux oiseaux du large faisant les beaux et leur show en plein cœur de Londres. Imaginez les défiler le long des berges, des docks et des immeubles chics et cossus de la capitale anglaise pour aller virer une bouée au pied de Tower Bridge.

Après avoir fait les beaux, au large de Cross Ness, et alors que les équipages ont hissé grand voile et gennaker, les conditions sont idéales pour se laisser aller une petite régate d’échauffement. Pour le plaisir des yeux et du spectacle. A ce petit jeu, dans des conditions favorables : mer plate, une jolie de brise de sud-est de 5 nœuds et surtout peu de trafic maritime, Banque Populaire IV et l’équipage de Pascal Bidégorry font merveille. Ils caracolent en tête tout au long du parcours sans classement et sans ordre d’arrivée. Just for fun ! « Même si l’histoire n’est pas écrite et s’il n’est pas question de fanfaronner, c’est toujours bon pour le moral », confient volontiers les membres de l’équipe à terre.

Au large de Londres, alors que cette fois les choses très sérieuses ont commencé, tout reste à faire bien sûr et rien n’est encore joué entre « Londres-Alpes Maritimes ». Mais chose promise, chose due, la course a déjà débuté de la plus belle manière en Angleterre. Bye-bye et thank you London...


Voir en ligne : Info Multi Cup 60 / www.MultiCup60.eu


Baron Benjamin de Rothschild, armateur du Gitana Team et régleur sur Gitana 11 : « Les courses au large sont l’occasion pour moi de vivre et de partager des moments avec l’équipe du Gitana Team. Une parenthèse, en quelque sorte, qui situe entre le service militaire et le pensionnat ! Je prends le départ sur Gitana 11 mais nul doute que je suivrai avec la plus grande attention la course du 12 qui sera un concurrent redoutable et c’est tant mieux. Je suis heureux de voir que le circuit n’a pas perdu son élan, ce départ de Londres était un vrai challenge. Je tiens à remercier et à féliciter toutes les équipes qui ont permis que la mise en musique de la Multi Cup Cafe Ambassador se soit si bien déroulée. Je remercie également les Médias, armateurs, sponsors et équipages pour leur patience. »

Thierry Duprey du Vorsent, skipper de Gitana 12 : « Nous avons travaillé pendant quatre jours d’arrache-pied pour terminer la préparation du bateau. C’est aussi motivant pour l’équipage qui a beaucoup participé à ces bricolages de dernière heure et en plus, cela permet de mieux encore connaître le bateau. Les conditions météorologiques pour cette première course sont plutôt favorables pour nous afin de prendre notre rythme, de surveiller le bateau, d’avoir le temps de bien se mettre en phase et de monter en puissance au fil des milles. »

Frédéric Le Peutrec, skipper de Gitana 11 : « Sur le papier, la course Londres-Alpes Maritimes s’annonce palpitante, tactique, technique et stratégique, en espérant qu’il ne se crée pas trop d’écarts sur une option. La situation météo est assez incertaine avec peu de vent au début. Les positionnements ne sont pas évidents vu d’ici, au ponton à quelques heures du départ. Nous avons hâte de rentrer dans le concret, de retrouver la mer, sur un bateau que nous savons sain et capable de gagner. C’est un beau parcours et cela fait du bien de re-naviguer après quatre mois de chantier. Il faut vite se remettre dans le bain... pour l’instant c’est plutôt la douche ! »

Michel Desjoyeaux skipper de Géant : « Tout va bien, l’équipage est détendu. Il pleut c’est donc un élément typique de plus mais vous verrez cela va se dégager et vous aurez même un peu de soleil pour les photos. A priori nous sommes prêts mais ça on ne saura si c’était vrai qu’à l’arrivée dans une dizaine de jours. Cette course devrait être sympa avec un plateau relevé. Faire du tourisme à Londres c’était agréable mais nous ne sommes pas là pour ça et nous sommes contents de partir. Au moment du départ le front froid va passer et le vent va s’orienter plus sud ce qui devrait nous permettre de sortir de l’estuaire sur un bord et atteindre la grande mer sans trop de difficultés ».



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