Jérémie a contacté la Direction de Course par téléphone satellite Iridium a 1h20 GMT (11 décembre) quelques minutes après l’incident : « Nous venons juste de démâter, nous avons le vent au 300° soufflant à 25 noeuds montant parfois à 35 noeuds, la mer n’est pas trop mauvaise avec des vagues d’environ 4 mètres. Nous naviguions sous grand-voile à un ris et trinquette (petite voile d’avant). Le mât semble être tombé vers l’arrière. »

Moins d’une heure plus tard Jérémie relatait : « Nous avons dû rapidement libérer le mât et la bôme et les laisser partir à l’eau car ils devenaient dangereux et menaçaient de commencer à endommager la coque. Le bateau va bien, le pont est en bon état, il n’y a simplement plus de lignes de vie... et nous n’avons rien de grand pour établir un gréement de fortune maintenant. » La position du bateau au moment du démâtage était de 47°00 S 33°25 E, près de 1000 milles des côtes d’Afrique du Sud, dérivant entre 1 et 2 noeuds vers l’est. La cause du démâtage reste pour l’heure inconnue.

L’équipe de direction de course est en contact régulier avec les deux marins français et leur équipe à terre, dirigée par Gilles Chiorri. Beyou et Gavignet ont 188 litres de carburant à bord, ce qui devrait permettre de faire 60 heures au moteur, soit l’équivalent d’environ 240 milles. L’équipe étudie également la possibilité de mettre en place un gréement de fortune en utilisant des lattes de grand-voile de rechange présentes à bord.

Terres les plus proches de la position actuelle :
– Ile Edward, 175 milles à l’est (île inhabitée)
Il-e Crozet, 685 milles à l’est (île inhabitée)
– Port Elizabeth (Afrique du Sud), 850 milles au nord-ouest
– Perth (Australie) 3700 milles à l’est

Le MRCC Cape Town, organisme de coordination de la sécurité maritime, a été informé de la situation, mais les skippers n’ont pour l’heure requis aucune assistance extérieure.

La prévision météo pour la période allant jusqu’au 12 décembre à minuit fait état de vents de 25 noeuds d’ouest sud ouest passant à 15 noeuds d’ouest, et heureusement aucune dépression ne menace la zone. Si les skippers parviennent à gagner dans le nord, ils pourront bénéficier de vents de sud les aidant à regagner la terre.

« Ces marins professionnels connaissent les risques impliqués par la course océanique, comme par tout sport où les limites sont repoussées. Ce qui n’enlève rien à l’immense déception que Jérémie et Sidney doivent ressentir, toute l’équipe d’organisation de course leur exprime son soutien et souhaite les voir rallier la terre en sécurité », a déclaré Andor Serra, Directeur Général de la the Fundació Navegació Oceànica Barcelona, co-organisateur de la Barcelona World Race.

Mark Turner, PDG d’Offshore Challenges, co-organisateur de la Barcelona World Race, : « Les récents épisodes nous rappellent à quel point la course autour du monde n’est pas une compétition anodine - ces derniers jours PRB a perdu 3 mètres de son mât et Estrella Damm a connu de sérieux problèmes de gouvernail. Ceci montre bien la difficulté de tenir le rythme infernal de ces Open 60 autour du monde. Après 10 000 milles de course, le nombre d’avaries augmente. La course océanique à ce niveau est soumise à de nombreux facteurs humains de performance, mais reste néanmoins un sport mécanique. L’adage qui indique que pour gagner il faut avant tout finir est une fois de plus illustré, de manière cruelle pour cet équipage bien préparé, qui fonctionnait si bien ensemble, et qui naviguait de son propre aveu de façon prudente. De plus, il s’agissait de la première expérience de Jérémie dans le Grand Sud, et il va maintenant lui falloir attendre le Vendée Globe 2008 en solitaire pour y retourner. »

Une conversation avec Delta Dore sera organisée dès que possible.

Info presse OC Events / www.barcelonaworldrace.org