Cap Istanbul

Le Droug se cuisine la première étape à Cagliari

"Là, c’est la première fois que je regarde et qu’il n ’y a personne derrière"

mardi 16 septembre 2008Redaction SSS [Source RP]

Le skipper de Luisina a remporté ce matin la première étape de la course en solitaire Cap Istanbul entre Nice et Cagliari. Commentaires du Breton à son arrivée en Sardaigne.


Que ressens-tu là ?

 "C’est Top d’être à quai ! mais je réaliserai mieux après une grosse sieste. Là, t’es tellement crévé que tu savoures pas vraiment complètement et tu te concentres sur les petites casses du bateau -notamment deux trous dans le spi -à faire réparer par Nicolas mon préparateur , et que le bateau soit fin prêt et nickel pour le départ de la prochaine étape."

Tu as une grosse dette de sommeil sur ces 370 milles ?

 "Oui !J’ai les yeux explosés et tout rouges. J’ai pas dormi tant dans le très faible que dans le très fort temps.Je n’ai rien lâché mais je commençais à m’endormir dans un vent fort à 20 noeuds,c’était chaud ! "

Comment penses-tu avoir fait la différence sur les autres 29 skippers ?

 " J’avais prévu de prendre l’ouest comme d’autres mais la différence tient au fait que j’ai joué avec le vent alors qu’ils n’ont fait qu’aller dans l’ouest. Au début de la course, c’était déprimant dans les pointages de se voir à la rue ,se trouver 25e ! Et j’ai aussi navigué contre ma nature plutôt conservatrice. Habituellement,j’ai l’impression que je gagne à l’arrache en prenant 30secondes à gauche,ou 2mn 30 à droite,là c’était un gros coup risqué et j’y suis allé à fond ! Et c’est bien,car j’ai du temps de côté pour les étapes suivantes,c’est pas mal,mais bon ! En tous cas ,j’suis content pour Luisina qui flippait que je fasse un mauvais départ ! ils sont top,ma saison a été un peu difficile avec l’AG2R mais ils me soutiennent à fond depuis le début et ,Annie la PDG LUISINA fait du basket en compétition depuis des années,donc ça aide !Elle dit qu’on ne joue pas toujours que pour gagner . Les équipes vont être contentes je crois !"

Eric Drouglazet était particulièrement heureux à l’arrivée à Cagliari. Heureux d’avoir renoué avec le goût de la victoire, mais surtout de l’avoir fait en acceptant de prendre des risques et de remettre en question ses usages. Droug est un formidable bagarreur, un régatier redoutable qui ne lâche rien et n’aime rien tant que les courses au contact. Dans cette première étape, le skipper de Luisina a osé partir à rebours de la majorité de la flotte et cela a payé. Eric Drouglazet est toujours aussi combatif, mais, de plus, il est saisi par la grâce.

Entretien sur la ligne d’arrivée. Eric, peux-tu nous décrire les moments-clés de cette étape ?

 « La première manche se joue au large de la Corse, dans la nuit de dimanche à lundi. On est tous dans la pétole dans le nord-ouest de l’île. Alors que la flotte descend tribord amure au près vers la Corse, je décide de partir en bâbord pour gagner dans l’ouest et chercher le reste de Mistral. Pour être exact, je n’y vais pas d’un coup, je me recentre sur quelques petits bords, mais petit à petit, je me décale. La deuxième clé de cette victoire, c’est d’accepter de tenir physiquement dès lors qu’on a récupéré le vent et qu’on descend sous spi. »

Justement, comment fait-on pour naviguer sous spi dans un vent fort comme vous avez eu ?

 « Déjà, à l’envoi du spi, on se fait toujours un peu peur. Est-ce que tout va bien se passer ? Est-ce qu’on ne va pas déchirer la voile ou partir en vrac ? On a beau avoir l’habitude, ce n’est jamais un moment facile. Ensuite, il faut tenir : du moment où j’ai hissé le spi jusqu’à la pointe sud-ouest de la Sardaigne, je n’ai pas lâché la barre. Impossible de manger, de dormir, d’aller faire pipi ! On tire sur les réserves. J’ai quand même fait des pointes à 21 - 22 noeuds. Là, je vais aller manger un cheval ! »

Qu’est-ce qui fait le plus plaisir dans cette victoire ?

 « D’abord de gagner à nouveau. Je n’étais pas passé loin lors de la Course des Falaises où nous étions Gildas Morvan, Fred Duthil et moi à égalité de points. Mais surtout, d’avoir su le faire en allant à l’encontre de mes habitudes. Je pense que j’ai quand même un sacré vécu. D’habitude je finis mes régates à couteaux tirés. Là, c’est la première fois que je regarde et qu’il n ’y a personne derrière. C’est confortable pour les manoeuvres, tu peux prendre ton temps ! »

Info presse S.Grimaud / Luisina

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