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Sponsoring

Quels tickets d’entrée dans la voile sportive ?

Analyse d’une étude de "Les Echos" et "TNS Sport"

lundi 23 février 2009Christophe Guigueno

"Les Echos" a publié en début de semaine dernière un tableau réalisé par l’institut TNS Sport. Le quotidien annonce qu’il n’y a "pas de signe de récession dans les tickets d’entrée du sponsoring Sponsoring #Sponsoring en 2009 ». Dans les faits, ces données sont celles des dernières années propulsées par le Vendée Globe 2008-2009 et l’avenir pourrait pourtant montrer le contraire. Surtout dans le domaine des monocoques Open où la future jauge devra tenir compte d’une révision des normes de sécurité et des moyens des sponsors en vue de l’édition 2012.

Dans un tableau succinct, "Les Echos" et "TNS Sofres" listent donc, par sport, les coûts annuels d’engagements de sponsoring Sponsoring #Sponsoring . Cela commence évidemment par la Formule 1 automobile, le sport le plus coûteux avec un ticket d’entrée à 50 millions d’Euros pour devenir partenaire titre d’une écurie. En ne suivant pas l’ordre des disciplines mais plutôt celui des investissements, du plus au moins cher, on trouve ensuite le budget d’un partenaire titre en Rallye à 8 millions d’Euros annuels. C’est le même coût pour une équipe cycliste française ("en moyenne" précise l’étude). A six millions d’Euros, un sponsor peut se payer le maillot d’une "équipe phare de ligue". Et à 3,5 millions d’Euros, il peut être partenaire officiel de l’équipe de France de rugby ou financer une année de fonctionnement d’un maxi-multicoque, amortissement compris…

On arrive donc à la voile, sport qui vit, comme les autres sports mécaniques, grâce au sponsoring Sponsoring #Sponsoring . Quant aux tarifs indiqués… 3,25 millions d’Euros par an pour un maxi multicoque ? S’il s’agit d’un trimaran pour les records en solitaire tels qu’Idec ou Sodeb’O (30 mètres en moyenne), on est sans doute au-dessus tant ces budgets-là sont plus en rapport avec ceux du Vendée Globe. Pour un méga multicoque comme Groupama 3 (32 mètres 50) ou Banque Populaire V (40 mètres) qui coûtent jusqu’à 12 millions d’Euros à construire, on est dans la fourchette. Amorti sur 3 à 4 ans, cela fait 3 à 4 millions par an. Faut encore ajouter les frais de fonctionnement (voiles, salaires, déplacements…) et les frais de casse et réparation en cas de démâtage ou de chavirage (à moins de compter sur… les assurances ?).

Jusqu’à 12 millions pour un prochain Vendée Globe

La saison monocoque est estimée quant à elle à 1,9 millions d’Euros. Il s’agit-là d’un tarif moyen pour un sponsor tricolore sur le dernier Vendée Globe avec un budget amorti sur 3 à 4 ans (bateau neuf et fonctionnement). Cela donne entre 5,5 et 8 millions d’Euros sur la globalité. Une réelle valeur moyenne pour un projet avec un bateau neuf, soit le tiers du plateau au départ des Sables d’Olonne en novembre dernier. Mais du côté des non-français, les budgets étaient plus importants et avoisineraient plutôt les 10 millions d’Euros. Quant au prochain Vendée Globe, un concurrent malheureux du premier a déjà fait des estimations et elles touchent les 12 millions ! On est alors à 3 millions d’Euros par an.

Pour la suite, une information concerne le partenaire titre de la Fédération Française de Voile valorisé à un million d’Euros est intéressant. Ce partenaire n’est autre que le groupement des Banques Populaires aussi sponsor du méga multicoque de Pascal Bidégorry, du monocoque de Michel Desjoyeaux (via sa filiale Foncia) et du Figaro de Jeanne Grégoire. On fait l’addition ?

Moins cher, il y a une saison Figaro-Bénéteau chiffrée à 230 000 Euros. Il s’agit d’un budget à l’année pour une participation à l’ensemble des courses de la saison. Mais tous les skippers ne disposent pas de cette enveloppe. Quant au prix d’une saison mini. A 80 000 Euros, c’est un budget moyen entre les séries et les prototypes qui, eux peuvent toucher les 150,000 Euros par an. Ou plutôt pouvait, car le sponsoring voile est forcément touché par la crise actuelle.

Vers une diminutions des budgets de sponsoring ?

Si les "tickets d’entrée" comme les appelle "Les Echos" et "TNS Sport" n’ont pas changé en apparence, la réalité est autre. En mini, les très gros budgets sont plus rares. En Figaro, ils sont peu à disposer d’un budget pour la totalité de la saison et ceux qui en disposent avaient signé des contrats de 3 à 4 ans, il y a au moins deux ans (soit avant le début de la crise). En 60 pieds Open (les bateaux du Vendée Globe), le budget pourra-t-il se maintenir à de telles sommes ? Comme ce fut le cas sur le circuit ORMA (des multicoques de 60 pieds), ce seront les sponsors qui décideront. Jusque-là, les sponsors étaient surtout des PME (souvent vendéennes). Et il est fort probable qu’elles n’iront pas dépenser 12 millions d’Euros sur 4 ans.

Dans cette catégorie élite, les étrangers, avec un budget de communication Communication #Communication international, tiendront peut-être le rythme. Pour les Français, cela devrait être plus dur… La solution, c’est évidemment que la classe IMOCA Imoca #IMOCA (la classe des monocoques de 60 pieds) prenne les choses en main (ce qu’elle a commencé). Or comme l’ORMA, elle est aussi gérée par les skippers. Ils ont déjà de gros problèmes de sécurité à régler entre les quilles qui tombent (ou les bulbes) et le fait qu’un bateau, comme celui de Le Cam, puisse se retrouver à l’envers, ballasts plein, et trappe de survie sous l’eau ! Mais comme certains viennent du circuit ORMA, ils useront sans doute de leur expérience acquise depuis la Route du Rhum Route du Rhum #RouteDuRhum 2002 lors de laquelle seulement 3 trimarans avaient terminé, Desjoyeaux fait demi-tour… puis gagné.

Limiter les excès pour intensifier la course ?

Mais sécuriser les bateaux et diminuer les coûts (un budget de recherche et développement pour concevoir un tel bateau peut atteindre 1,3 millions d’Euros) passera sans doute par des restrictions sur la jauge "Open". Diminuer la taille des mâts avec, pour référence, celui du Roxy de Sam Davis (vainqueur en 2001 et 2005 sous les couleurs de PRB) permettrait de contrôler la puissance. Le problème n’est d’ailleurs pas uniquement Français puisque la Volvo Ocean Race, la course autour du monde en équipage et avec escale (en solitaire et sans escale pour le Vendée Globe) connaît les mêmes problèmes alors que sa jauge "open" limitée en taille à 70 pieds (21 mètres) est bien plus restrictive que la jauge des 60 pieds (18 mètres) à la française. Ses bateaux ont, eux-aussi, connu cet hiver des problèmes de quille et, plus grave, des problèmes de structures. De plus, alors que le Vendée Globe a fait le plein avec 30 concurrents, la Volvo n’a réuni que 8 bateaux (6 teams) et seulement 5 naviguent actuellement entre la Chine et le Cap Horn.

Une remarque faite sur un forum rappelait aussi que la Volvo Ocean Race est devenue inabordable pour un équipage féminin tant les bateaux sont devenus hyper physiques. Le Vendée Globe est moins sexiste puisque les (seulement) deux femmes au départ on terminé (Sam Davies et Dee Caffari). Mais elles n’ont pas attaqué comme les furieux de la « Valée des Fous » (surnom donné par de Kersauson à la ria de Port-La-Forêt où s’entraînent Desjoyeaux, Le Cam, Le Cléac’h et confrères) ou d’ailleurs… Alors une jauge plus stricte pour des bateaux moins puissants, plus solides et plus proches en performances quand ils sont menés en solitaire, est-ce l’avenir de l’IMOCA Imoca #IMOCA  ? On verrait alors lors de la prochaine édition une régate plus intense, de belles aventures comme nous en a fait vivre l’extraordinaire Sam Davies, peut-être plus de femmes au départ, et de nombreux sponsors comblés… Et tout cela pour un ticket raisonnable…

Pour conclure, avec environ 50 millions d’Euros (tableau ci-dessous) investis dans la voile en 2008 (hors investissements des collectivités et sponsors dans les organisations de course), l’année passée a été extraordinaire. En 2009, les grands événements seront la solitaire du Figaro Solitaire du Figaro #LaSolitaire , la Transat Jacques Vabre Transat Jacques Vabre #TJV2015 et la Transat 650. Les investissements seront forcément moindres, mais c’est en ce moment que se jouent les investissements pour le prochain Vendée Globe et pour la Route du Rhum Route du Rhum #RouteDuRhum 2010. Et le contexte économique des entreprises n’est pas prometteur.


Extrait de l’étude Les Echos / TNS Sport
Support Budget annuel
Maxi Multicoque (incluant amortissement) 3,25
Saison Monocoque (incluant amortissement) 1,90
Partenaire titre fédération 1,00
Monotype SolOcéane (amortissement, assurances inclus) 0,60
Fournisseur officiel fédération 0,50
Solitaire du Figaro 0,23
Mini-Transat 0,08
Estimation du budget global annuel de sponsoring voile en France
Support Budget annuel (en millions d’euros)
Maxi Multicoque (4) 12
Monocoque 60’ (15) 24
Monocoque 40’ (20) 4
Monotype SolOcéane (1) 0,60
Solitaire du Figaro (40) 6
Mini-Transat (30) 2,4
TOTAL 49


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