La jeune quinquagénaire souhaite ainsi être le 19^e marin inscrit pour prendre part au tour du monde en solitaire qui s’élancera des Sables d’Olonne en novembre prochain. Dix-neuvième marin mais (seulement) troisième femme puisque seules sont déjà inscrites l’Anglaise Samantha Davies et la Papoue Liz Wardley. Avec 3 femmes sur 19 partants, l’édition 2012-2013 du Vendée Globe serait ainsi l’édition avec le plus fort pourcentage de femmes au départ. Celui-ci monterait (cf tableau ci-dessous), de 11 % à plus de 15 % ! Et si on est loin de l’égalité hommes-femmes, cela reste un fort pourcentage dans monde de la course au large où les navigatrices sont rares.

Les femmes et le Vendée Globe

Il y a donc du travail pour promouvoir l’égalité entre les hommes et les femmes dans la course au large, tout comme dans la voile et dans le monde de l’entreprise. Cette discrimination envers les femmes, Anne Liardet l’a connue à l’issu de son premier tour du monde. « Après mon précédent Vendée Globe, on m’a virée parce que j’étais trop vieille » a rappelé la Brestoise lors d’une conférence de presse organisée à Paris. « Cela n’arriverait pas à un garçon ! » Et effectivement, il est rare qu’un skipper soit remplacé par un plus jeune dans le monde de la course au large. Le sponsor d’Anne, qui avait validé le projet un mois avant le départ de la course, était la marque Roxy. Une marque plus portée vers les jeunes filles que leurs mamans. Elle avait alors poursuivi dans la voile avec Sam Davies… Pour Anne, mère célibataire de trois enfants qui revenait sur terre après son tour du monde ce fut quand même dur à avaler. « J’ai été profondément touchée » par cette décision avoue-t-elle aujourd’hui.

Maintenant, Anne Liardet veut montrer qu’une femme de 50 ans peut prendre part à une grande course au large. Et pour ce faire, elle a trouvé un angle d’attaque : « l’idée m’est venue quand je cherchais un budget pour un tour du monde à l’envers. Puis j’ai croisée Françoise Morvan qui est vice-présidente d’un lobby européen des femmes qui étudie le sport féminin en particulier. Nous avons discuté de la condition féminine et de l’égalité. J’ai alors remarqué que j’avais un métier qui permettait de faire savoir des choses. Ainsi est née l’idée du bateau Égalité. »

Un 60’ IMOCA aux couleurs de l’égalité

« Égalité » est le nom que portera le bateau en course et dans ses voiles. Les 10 partenaires recherchés seront présents sur la coque et la voile d’avant. « C’est du sponsoring   utile » prévient Pierre Giboire qui gère la communication   et la recherche de partenaires pour ce projet. Il fait ainsi appel aux associations, aux entreprises et même aux institutions « pour lesquelles la thématique de l’égalité n’est pas un vœu pieu ». Ils souhaitent séduire 10 partenaires à hauteur de 125 000 euros par an sur deux ans pour acheter un voilier de 18 mètres et le préparer à temps. « C’est beaucoup d’argent évidemment » se confie Anne Liardet qui ajoute qu’elle prendra « le meilleur bateau qui restera disponible ».

« L’idée est de naviguer le mieux possible et de faire en sorte que le bateau « Égalité » fera le tour du monde et revienne aux Sables d’Olonne » ajoute la navigatrice brestoise. La course contre la montre est lancée en cette journée de la femme. Si Anne est déjà pré-qualifiée pour le Vendée Globe puisqu’elle a terminé 11^e en 2005 sur l’ancien bateau de Philippe Poupon, il lui reste à parcourir 1500 milles en solo d’ici le 1^er octobre, date limite des inscriptions définitives… et surtout à trouver 10 partenaires fiers de mettre en avant leurs efforts envers l’égalité hommes-femmes.

Ch. Guigueno