Figaro Bénéteau | Skipper Macif

Charlotte Yven et Hugo Dhallenne ont remporté la Transat Paprec 2025

vendredi 9 mai 2025Redaction SSS [Source RP]

Charlotte Yven et Hugo Dhallenne remportent ensemble la Transat Paprec 2025, au terme d’un final haletant. Arrivés à Saint-Barthélemy ce vendredi 9 mai à 8h18 (heure française), après 18 jours, 19 heures, 16 minutes et 54 secondes de mer, ils signent une performance de haut vol, 42 minutes devant leurs poursuivants directs. Un sacre qui fait date : c’est la première fois qu’une femme, Charlotte Yven, gagne deux fois cette transat en double mixte (en 2023 avec Loïs Berrehar), et c’est aussi une première dans l’histoire de la course avec une victoire consécutive. Ensemble, ils ont avalé les 4 268 milles du parcours à la vitesse moyenne de 9,46 nœuds, malgré une traversée piégeuse (sargasses, vent mou et météo imprévisible). Le duo a tenu en restant soudé et lucide jusqu’à la ligne d’arrivée devant Gustavia.


Partis de Concarneau le 20 avril, Charlotte et Hugo ont rapidement affiché la couleur, eux qui avaient minutieusement préparé cet hiver cette longue et exigeante transat. Solides dès le départ, ils prennent la tête au cap Finisterre dans une flotte ultra-groupée qui reste compacte jusqu’aux Canaries. Mais à l’entame de la traversée de l’Atlantique, les premières embûches apparaissent : bancs de sargasses, matériel fatigué pour certains, et deux abandons à déplorer. Skipper Macif, lui, tient bon. Le bateau est en bon état, et le duo, toujours aussi enthousiaste et concentré.
La météo sème pourtant le doute. Les alizés sont aux abonnés absents, remplacés par des vents faibles, instables et imprévisibles. Quatre jours avant l’arrivée, tout est à refaire : la flotte se regroupe, l’avance fond comme neige au soleil. « On a eu peur de la perdre, elle n’a jamais vraiment été gagnée », confie Charlotte. « On a fait une échappée à trois, mais avec les prévisions de fin de course, on savait que tout pouvait basculer. » Le 8 mai dans l’après-midi, Skipper Macif reprend les commandes de la course pour ne plus les lâcher jusqu’à Gustavia, où ils sont arrivés au milieu de la nuit tropicale. Une victoire historique !

« Un super binôme », la force du mental
Intense. C’est le mot que Charlotte Yven et Hugo Dhallenne répètent à l’envie. « On n’a pas lâché un mètre, même dans les molles » résume Hugo. « À partir du moment où on est tombés dans le calme, avec tout le monde qui revient, il a fallu s’accrocher… » Charlotte ajoute : « On a tout donné, on s’est soutenus. À la fin, on s’est dit qu’il fallait faire des siestes… mais on n’a pas dormi ! On était sur le pont, à barrer, à enlever les sargasses ». Dans la chaleur moite et les calmes d’un vent imprévisible, il a fallu garder le moral, bien manger, gérer la fatigue. « Chacha avait le sourire tout le temps ! » confie Hugo qui parle aussi de moments de doutes : le stress de perdre l’avance, de ne plus capter les concurrents à l’AIS (système automatique d’identification des bateaux en mer), de ne pas savoir qui est devant. Jusqu’à l’approche de Saint-Barth, rien n’était joué. Charlotte n’en revient toujours pas : « Armel Le Cléac’h double vainqueur, je n’aurais jamais imaginé être à mon tour dans ce cercle-là. Je suis super fière… et tellement contente d’avoir navigué avec Hugo ».

Un binôme travailleur, complice, efficace, et visiblement fait pour gagner. À peine arrivés, les yeux brillent déjà : fierté, euphorie, et l’envie… de dormir dans un vrai lit.

Les mots des skippers Macif à leur arrivée à Gustavia

Charlotte Yven : « On a trouvé la course un peu longue ! Il y avait du vent instable, des prévisions aléatoires… On a dû s’adapter en permanence. On a tenu bon, on s’est soutenus, on n’a rien lâché. On a tout donné. Ça s’est joué à très peu de choses. On a navigué avec le vent qu’on avait, sans trop se préoccuper des adversaires. Ce qui a tout changé, c’est qu’on a formé un super binôme. On a passé 18 jours et 19 heures ensemble, à fond tout du long. À l’approche de Saint-Barth, on ne captait plus les autres à l’AIS, on se demandait s’ils étaient passés devant. Bravo à l’équipage de Cap Saint-Barth, ils ont fait une course incroyable, ils méritent un accueil tout aussi incroyable. Je suis super fière, et tellement heureuse d’avoir navigué avec Hugo. A la veille de la remise des prix du Vendée Globe, j’ai bien sûr aussi une pensée toute particulière pour Charlie Dalin et je lui souhaite un prompt rétablissement ! »

Hugo Dhallenne : « On a vécu un vrai retournement de situation. Gagner dans ces conditions, c’est vraiment fort. C’était super intense. On n’a pas lâché un mètre, jamais. À chaque risée, on allait chercher la moindre vitesse, quitte à se faire mal jusqu’au bout. Il a fallu garder le moral, le sourire… Chacha l’avait toujours. Bien manger, essayer de dormir un peu, rester lucides. Quand tu passes de premier avec de l’avance à dernier du groupe, c’est dur à encaisser. Le mot qui résume tout, c’est intense. Dès qu’on est tombés dans la molle, c’était tendu. Toute l’avance s’est évaporée, tout le monde est revenu. Il y a eu des doutes… mais on y a toujours cru à fond. Aujourd’hui, on est fiers, fatigués, euphoriques. Trop contents de gagner. Sur la fin, on s’est placés au bon endroit, au milieu, là où les bascules de vent étaient les plus favorables. On a misé sur la vitesse. La météo nous a beaucoup surpris, ce n’étaient pas des conditions classiques d’alizés. J’ai naturellement une pensée pour Charlie Dalin, nous pensons fort à lui en ce moment ! »

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