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Québec - St Malo

Fauconnier et Soldini premiers à passer Cap Race

Dix trimarans sont concentrés sur une distance de 62 milles

mercredi 14 juillet 2004Redaction SSS [Source RP]

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Sergio Tacchini et Tim Progetto Italia sont les premiers à avoir passé le Cap Race (pointe Sud-Est de Terre-Neuve) et à être entrés dans l’Atlantique Nord. • Dix trimarans sont concentrés sur une distance de 62 milles. Sodebo, Foncia, Géant et Gitana 11 se tiennent en moins de 10 milles. • Groupama a mis en tout 2 heures 30 pour réparer son safran et sa petite voie d’eau. Il pointe dorénavant 9e au classement de 15 heures avec 57,7 milles de retard. • Côté 50 pieds, Crêpes Whaou ! reste le leader en classe multicoques. Il est actuellement sous Terre-Neuve. Ciment Saint-Laurent mène toujours la flotte des monocoques de Classe 2 et fait route vers les Iles de la Madeleine.

Groupama au passage de la Roche Percée à la sortie du St Laurent
Photo Welcome On Board pour Groupama

Sergio Tacchini et Tim Progetto Italia sont les deux à être entrés les premiers dans l’Atlantique. Un nouveau parcours long de 1700 milles s’ouvre dorénavant devant les étraves avant de toucher le rocher du Fastnet (Irlande). L’ascension de l’Atlantique via son versant Nord commence par la traversée des redoutés bancs de Terre-Neuve. Brouillards, glaces dérivantes, bateaux de pêcheurs, le cocktail se veut corsé même si les conditions de navigation sont pour le moment maniables (vent de 10/15 nœuds de Sud-Ouest) mis à part un brouillard à couper au couteau. Groupama a de son côté réparé et vite repris la mer. Dix multicoques sur douze se trouvent aujourd’hui dans un mouchoir de 62 milles après un tiers du parcours avalé en trois jours.

« Comment avons-nous pris l’avantage ? Nous avons bien navigué et bien travaillé hier. Nous avons été très réactifs et fait de nombreux changements de voile. Cela s’est fait par petits coups » explique Karine Fauconnier (Sergio Tacchini) à la vacation du milieu de journée. « Et puis finalement, pour une fois, le vent est entré par devant ce qui nous a permis de nous échapper. Mais rien n’est fait... Maintenant il faut se battre contre un anticyclone qui n’est pas très actif sur l’océan. Contrairement aux autres éditions, il n’y a pas de dépression et cela sera plus mou que d’habitude ». Et si l’on regarde les caps instantanés au pointage de 15 heures, ils sont des plus significatifs quant à la suite des événements : cap au 1 soit plein Nord pour Sergio Tacchini et cap au 356 pour Tim Progetto Italia, une fois le Cap Race laissé à gauche. En clair et décodé, les deux leaders au classement général mettent le cap plein Nord pour aller se caler sur la bordure Ouest de l’anticyclone qui couvre l’Atlantique. Tous les deux devraient trouver plus de pression au-delà du 50e Nord. Et ce n’est pas un secret de dire que beaucoup vont faire de même et pointer les étraves à gauche une fois la pointe Sud-Est de Terre-Neuve doublée. On comprend alors nettement mieux les inquiétudes de Michel Desjoyeaux (Géant) lorsqu’il déclarait ce midi : « Nous ne sommes pas encore dans les zones de glaces mais ce sera pour dans quelques heures, juste après le passage du Cap Race.

C’est sûr qu’il va falloir être attentif et surveiller les bateaux de pêche mais aussi plus bas avec les morceaux de glace dérivants. On espère ne pas marquer de points au jeu Jeu #jeu de la roulette russe... ». Il faut dire que le moindre impact avec un growler (petit morceau de glace dérivant) avec une étrave de multicoque serait alors la catastrophe. « Ce n’est pas vraiment une zone que l’on aime. Par contre, si l’on arrive à garder ce rythme, on peut avoir une traversée express » termine le récent vainqueur de The Transat The Transat #thetransat #ostar , soit l’ex Transat Anglaise. Mais, une chose semble sûre : le salut devrait se faire vers le 52e Nord, la flotte pourrait alors accrocher un flux d’Ouest de 15/20 nœuds qui la pousserait jusqu’en Irlande. « Il y a un gros anticyclone devant nous » confirme Stève Ravussin (Banque Covefi). « On va être tous un peu obligés de faire la même chose... ». Mais inutile de dire qu’en montant au Nord, les risques de rencontre avec des glaces dérivantes augmentent sans parler du froid qui va se faire plus mordant. « C’est simple : si hier on était en été, j’ai l’impression d’être en hiver aujourd’hui » lâchait Nicolas Raynaudsur Gitana X.

Aussi, une fois calé sur la bordure de l’anticyclone tant recherchée, il faudra alors rythmer le timing des empannages tout en optimisant la meilleure trajectoire. Facile à dire, moins facile à faire, la descente du Saint-Laurent en a été la preuve. Et si la traversée de l’Atlantique longue de 1700 milles devrait se faire en quatre jours à raison de 400 milles quotidiens, la situation une fois au Fastnet semble plus problématique... Gilles Favennec, ancien du Défi Areva et homme de la navigation sur Banque Populaire lâchait ce midi : « C’est simple, il va falloir prendre le bon wagon (ndlr :pour la traversée de l’Atlantique). Mais ce sera plus problématique pour la fin... ». En effet, au vue des cartes météo du moment, la situation sur l’Irlande et la Manche semble loin d’être facile dans les cinq jours à venir. La fin de course pourrait donc être à rebondissements... Un remake de la précédente édition ? Pourquoi pas...

Réparation express pour Groupama...

Arrivé peu avant 7 heures à Saint-Pierre et Miquelon, Groupama aura mis environ 2 heures et demi pour rallier le petit port, réparer et en ressortir. Rappelons qu’il fallait à Groupama remplacer le safran gauche cassé, mais aussi colmater une petite brèche dans le flotteur où 300 litres d’eau s’étaient engouffrés. A 15 heures ce jour, le bateau vainqueur de la dernière édition de la Transat Québec-Saint Malo pointe à la 9e place et aura donc perdu 6 places avec ce « Pit Stop » malheureusement incontournable. Il pointe dorénavant à près de 58 milles de Sergio Tacchini. Concernant la suite de la course, Franck Cammas explique : « On ne fera peut-être pas la même route que ceux de devant. Nous n’avons pas le même timing par rapport à cette dorsale. Il faut d’abord que l’on arrive à passer Cap Race dans de bonnes conditions. C’est loin d’être fini... On a notre destin entre nos mains ! ».

Du près et encore du près pour les 50 pieds...

Par contre, la situation derrière est loin d’être identique... Au lieu des 10/15 nœuds de portant, les multicoques 50 pieds naviguent dans un vent de Sud-Est de 18 à 25 nœuds à l’approche de Terre-Neuve. « On tire des bords et tout le monde est un peu fatigué. Tout est maintenant très humide à bord » lâche Franck-Yves Escoffier sur Crêpes Whaou !. Un Crêpes Whaou ! qui est toujours le leader de la flotte des multis de classe 2 et qui compte 14 milles d’avance sur Mike Birch (Bonjour Québec ex Nootka). Pour situer la flotte, elle se trouve actuellement à la pointe Sud-Ouest de Terre-Neuve. Côté monocoques, Ciment Saint-Laurent compte maintenant prés de 30 milles d’avance sur Luc Coquelin et son Marina Fort Louis-Ile de Saint Martin. Georges Leblanc fait route vers les Iles de la Madeleine tandis que Branec III est en train de passer la Bouée Percé le long des côtes de Gaspésie.

- Gilles Favennec (Banque Populaire) : « Nous sommes dans la brume jusqu’au cou ! Nous naviguons actuellement sous gennaker et on fait route vers le Cap Race. Nous avons 12 à 14 nœuds de secteur Sud-Ouest et c’est hyper humide à bord. C’est vrai que pour moi, c’est la première fois que je viens dans ce coin et cela a l’air assez habituel ici... Par contre, nous avons vu des dauphins mais aussi des baleines. Cela nous a étonné que Sergio Tacchini ait réussi à prendre le vent plus tôt que nous. Je pense que tout le ponde a le même régime de vent que nous en ce moment et la différence se fait sur cette capacité à exploiter un vent qui n’est pas très fort ».

- Philippe Monnet (Sopra Group) : « On est dans le brouillard comme les autres... Nous avons passé Saint-Pierre et Miquelon cette nuit et là, nous faisons cap sur la pointe Sud-Est de Terre-Neuve. Je pense que l’on va contourner l’anticyclone par le Nord mais on va voir comment la dépression qui arrive va le pousser. Pour l’instant, c’est toujours de la régate à vue mais nous avons eu la nuit dernière des vents très irréguliers. Pour le moment, nous marchons à 16/18 nœuds ».

- Nicolas Raynaud(au réveil), Gitana X : « Il fait froid, on n’y voit rien, c’est plein de brouillard. Là, je viens de me réveiller et ce qu’on peut dire, c’est que sur cette course, on dort vraiment bien. La mer est plate, on ne se fait pas du tout secouer, alors même si on ne dort pas beaucoup, notre sommeil n’est pas trop agité ».

- Erwan Le Roux (Gitana X) : « Nous avons viré Saint-Pierre dans la nuit. Nous sommes sous gennaker dans un vent de Sud-Ouest de 10/15 nœuds. C’est vrai que l’on aimerait avoir plus de pression mais à priori on ne se dirige pas vers cela... Ce n’est pas vraiment ce que nous prévoit Luc (Poupon, en charge de la navigation) ».

- Karine Fauconnier, Sergio Tacchini : « Je regrette juste de ne pas avoir vu Saint-Pierre lors de notre passage cette nuit. On n’y voyait rien avec le brouillard. J’ai juste senti la terre, comme une odeur de fumée. C’est vrai que sur l’eau on est attentif aux odeurs terrestres, on peut sentir la chaleur, les changements de températures ».

- Message Email d’Armel le Cléac’h, navigateur sur Foncia : « Tout va bien à bord. L’équipage est en forme malgré la fraîcheur des bancs de Terre Neuve. On vient d’attaquer la traversée de l’Atlantique et ça avance pas mal sous gennaker. On est au contact avec le paquet (on vient de croiser Géant) et on essaie de rattraper les deux premiers ! »

Pierrick Garenne 


Voir en ligne : http://www.quebecsaintmalo.com


• Classements à 15 heures

Multicoques Orma : 1. Sergio Tacchini (à 2004,9 milles de l’arrivée) ; 2. Tim Progretto Italia (à 18,2 milles du leader) ; 3. Sodebo (à 30,1 milles du leader)

Multicoques Classe 2 : 1. Crêpes Whaou ! (à 2539,2 milles de l’arrivée) ; 2. Bonjour Québec (à 13,8 milles du leader) ; 3. Jean Stalaven (à 25,8 milles du leader)

Monocoques Classe 2 : 1. Ciment Saint-Laurent (à 2457,6 milles) ; 2. Marina Fort Louis-Ile de Saint Martin (à 29,2 milles du leader) ; 3. Branec III (à 43,9 milles du leader)



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