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Du grand large à la plage : Toute l’actualité des sports de glisse depuis 2000

Vendée Globe • S8

Jean Le Cam roi du Pacifique

Marc Thiercelin abandonne en Nouvelle Zélande

dimanche 2 janvier 2005Christophe Guigueno, Information Vendée Globe

Jean Le Cam est l’homme de la semaine. A la barre de Bonduelle, il a parfaitement géré le Pacique pour glisser sur une trajectoire rectiligne qui lui a permis d’accroitre encore son avance avant le Cap Horn. Le cap de la délivrance que le skipper doit passer au début de la neuvième semaine avec une journée de mer d’avance sur ses concurrents immédiats, Riou et Golding et près de cinq sur le chrono de Michel Desjoyeaux en 2001. Avec cette porte de sortie du grand Sud, c’est la course tactique vers l’arrivée qui commence... Mauvaise nouvelle lors de cette huitième semaine de course, Marc Thiercelin est contraint à l’abandon pour la première de ses trois participations au tour du monde sans escale. Retour sur une huitième semaine de course glacée.

Dimanche 26 décembre 2004 : Jean Le Cam maintient son avance • Mike Golding n’est plus qu’à 60 milles de Vincent Riou

Jean Le Cam (Bonduelle) a « investi » dit-il, en partant dans le sud pendant plusieurs jours. Depuis Noël, le leader du Vendée Globe engrange les dividendes. A un peu plus d’une semaine du Cap Horn, son avance de 153 milles sur le deuxième lui permet de gérer plus sereinement sa course. Mais Vincent Riou (PRB) et Mike Golding (Ecover) s’avèrent des menaces permanentes alors qu’il reste plus d’un mois de mer avant les Sables d’Olonne.

- Jean Le Cam (Bonduelle) : « Ça faisait un moment que je n’avais pas dormi. Qu’est-ce que ça fait du bien ! Depuis quatre jours, j’espérais que ça paye. Alors, je réinvestissais. C’est comme devant la machine à sous. Heureusement, cela a fini par payer correctement. Je ne vais pas faire la fine bouche, mais l’investissement était lourd. »
- Mike Golding (Ecover) : « Nous travaillons dur pour aller le plus vite possible. Jusqu’au Cap Horn, cela va être instable et difficile. Il est possible qu’une autre dépression arrive du nord-ouest et nous renvoie à nouveau des vents de face. En ce moment, la mer est encore très grosse alors que le vent a faibli. Ce n’est pas très agréable à naviguer. »
- Sébastien Josse (VMI) : « On fait aller. Cela avance moins vite que ceux de devant car j’ai moins de vent. Je vais essayer de régler mon souci de safran demain matin. J’attends les calmes de la dorsale anticyclonique ; comme ça je pourrai faire le perçage, le collage et je remettrai les safrans parallèles, car en ce moment il y en a un qui dit bonjour à l’autre. Dès que je vais à 13 nœuds, j’ai un safran qui ratisse l’eau, ce qui provoque une gerbe d’écume. Bien sûr que je pense toujours à la glace puisque j’ai encore vu un iceberg hier soir ; donc s’il y en a là, il n’y a pas de raison pour que ce ne soit pas le cas devant. On ne sera libéré qu’après le Horn. Tant que le pont est praticable, je veille la nuit en sortant toutes les 40 minutes ; mais bon c’est bien noir... Il ne faut plus que je fasse de plans sur la comète car, sans mon bout-dehors, je ne peux plus jouer à armes égales dans le vent portant faible et médium. C’est une course différente maintenant. Pour rester dans les trois premiers, il fallait être à 100% »

• CLASSEMENT DU 26/12/04 15:00 GMT (16H00 PARIS)

Rg Nom Skipper Dist Arr Ecart Vmg Vit moy Cap moy
- 1 BONDUELLE JEAN LE CAM 9729,1 0,0 16,2 16,3 95
- 2 PRB VINCENT RIOU 9882,8 153,7 14,6 15,3 92
- 3 ECOVER MIKE GOLDING 9942,6 213,5 15,3 15,9 89
- 4 VMI SEBASTIEN JOSSE 10185,0 455,9 10,7 11 97
- 5 TEMENOS DOMINIQUE WAVRE 10859,3 1130,2 9,4 9,4 106
- 6 VIRBAC-PAPREC JEAN-PIERRE DICK 11178,0 1449,0 9,7 11,1 82
- 7 SKANDIA NICK MOLONEY 11799,1 2070,1 15,0 16,1 102
- 8 PRO-FORM MARC THIERCELIN 11905,2 2176,2 9,2 10,6 94
- 9 ARCELOR DUNKERQUE JOE SEETEN 12171,4 2442,4 7,0 10,5 75
- 10 VM MATERIAUX PATRICE CARPENTIER 12316,6 2587,5 3,0 9,8 53
- 11 OCEAN PLANET BRUCE SCHWAB 12653,0 2924,0 8,6 10,5 94
- 12 MAX HAVELAAR BEST WESTERN BENOIT PARNAUDEAU 13014,7 3285,6 12,2 12,3 110
- 13 ROXY ANNE LIARDET 13243,0 3514,0 10,0 11,6 86
- 14 HELLOMOTO CONRAD HUMPHREYS 13287,9 3558,8 14,8 15,4 98
- 15 AKENA VERANDAS RAPHAEL DINELLI 13781,1 4052,0 8,5 10,3 78
- 16 BENEFIC KAREN LEIBOVICI 13943,2 4214,1 4,0 5,9 64
- ABD SILL ET VEOLIA ROLAND JOURDAIN
- ABD HUGO BOSS ALEX THOMSON
- ABD UUDS HERVE LAURENT
- ABD BROTHER NORBERT SEDLACEK


Lundi 27 décembre : Escale en vue pour Patrice Carpentier et Marc Thiercelin • Le trio de tête se trouve exactement au milieu du Pacifique Sud

A mi-chemin de l’Océan Pacifique, le trio de tête, Le Cam/Riou/Golding, navigue actuellement dans le plus grand désert maritime du monde, à plus de 2000 milles de la Nouvelle-Zélande et du Chili. La terre la plus proche est, vers le sud, le continent Antarctique, situé à 1145 milles, et vers le nord l’île de Pitcairn, la fameuse île des révoltés du Bounty, située à 1900 milles des concurrents. Loin de toutes routes commerciales, les solitaires du Vendée Globe ne peuvent plus compter que sur eux-mêmes pour se porter mutuellement assistance en cas de problème. Les premiers pensent franchir le Cap Horn vers le 3 janvier.

Avec 154 milles d’avance sur le deuxième, Jean Le Cam (Bonduelle) avoue ne pas prendre de risque en ce moment et préfère lever légèrement le pied à cause de conditions de mer toujours chaotiques. Nul besoin de prendre des risques pour augmenter encore son avance. Même son de cloche du côté de Vincent Riou (PRB) qui avoue pouvoir avancer 2 nœuds plus vite, mais ne veut pas mettre son bateau en péril dans ces conditions difficiles. La course n’est pas finie. Il reste 35 à 40 jours de mer et 9500 milles à parcourir.

Patrice Carpentier (VM Matériaux) a annoncé ce matin à la Direction de Course son intention de faire escale en Tasmanie pour réparer sa bôme cassée en deux depuis le lundi 20 décembre. Après avoir commencé sa réparation en mer, le doyen de la course s’est décidé à faire escale pour des raisons pratiques et de sécurité. En effet, le détour vers l’île australienne ne devrait pas faire perdre trop de temps à Patrice. Parallèlement, la perspective de se retrouver au près sans bôme pour passer la Nouvelle-Zélande n’était pas envisageable en terme de sécurité. De son côté, Marc Thiercelin (ProForm) s’est donné jusqu’à demain, au passage de la pointe sud de la Nouvelle-Zélande, pour réfléchir à une escale de plus en plus probable. Les problèmes de mât imposent au skipper rochelais de grimper dans le gréement. Si une réparation est nécessaire, elle paraît impossible à réaliser seul en mer. Marc ne sait pas non plus s’il sera en mesure de réparer lui-même, où s’il devra faire appel à une aide extérieure, ce qui le mettrait hors course. Réponse dans les prochains jours...

- Jean Le Cam (Bonduelle) : « La vie n’a pas vraiment changé. Au niveau agréable, on trouve mieux ! Là, il fait assez froid. Le flux de vent vient directement du sud et est donc chargé de froid. La “marsupilami - thérapie“ tient son rôle à 100%. Concernant mon avance, c’est impeccable. Je pensais avoir consommé un petit peu (ndlr, son avance), mais non. J’ai été économe, je n’ai pas beaucoup touché au capital. En plus, Vincent a le même cap que moi. L’avenir devrait être favorable... Le radar ? Je l’arrêterai ultérieurement. Avec ce que l’on a vu, on ne va pas faire les malins ».
- Vincent Riou (PRB) : « Il y a de l’air, cela avance... Ce n’est pas plus ou moins agréable, c’est assez standard en fait comme conditions. Il y a du vent et on fait des milles. J’ai arrêté l’hémorragie (à propos du retard sur Jean). On a de la chance pour les jours à venir, cela devrait rester stable. Il n’y a pas à se plaindre et cela va durer, a priori, avec pas trop de vent. Le ciel n’est pas complètement gris mais ce n’est pas non plus le beau temps. Depuis le début du Vendée Globe, nous avons eu des conditions toniques mais jamais extrêmes... Je pense que je devrais être le 3 janvier dans la journée au Cap Horn. Mon retard ? Il faut garder une allure régulière et prendre l’opportunité lorsqu’elle se présentera. La plus grosse erreur serait de s’emballer aujourd’hui ! ».
- Dominique Wavre (Temenos) : « Là, je suis carrément dans la molle. C’est assez surréaliste comme situation depuis ces dernières heures. Il y a une petite houle de 80 cm et l’eau est striée par endroits ; il n’y a pas un souffle de vent. Cela fait 3 ou 4 jours que j’ai vu venir cette zone anticyclonique, mais le choix était cornélien. Soit il fallait faire route au sud pour contourner cette zone, mais c’était prendre des risques avec les icebergs, soit j’acceptais d’y aller. La visibilité n’est pas excellente et le radar ne porte pas très loin. La température de l’eau varie entre 6 et 8° et l’on passe d’eaux froides à des eaux plus chaudes ce qui pourrait correspondre à des zones à icebergs. Et ce n’est pas parce que l’on n’en voit pas, qu’il n’y en a pas ! Si j’avais suivi mon routage pour éviter cette zone de molle, je serais passé par 62° Sud ! Je pense que j’en ai encore pour 24 à 48 heures avant d’avoir un bon vent. A partir du moment où tu fais le choix, tu l’acceptes. C’est vrai que je n’ai pas souvenir d’un calme plat comme cela à ces latitudes ! ».
- Marc Thiercelin (ProForm) : « Je réfléchis encore comment faire. Je déciderai demain ce que je fais, puisque j’approcherais de la Nouvelle-Zélande. Après c’est le Pacifique, et je ne sais pas si j’ai envie de l’aborder avec un gréement dans cet état. Soit j’arrive à faire les choses tout seul, et la course continue. Ou ce n’est pas le cas, et le classement s’arrête. Je ne sais pas trop encore comment cela va se passer. Je vais un peu à l’inconnu pour réparer tout ça. Avec le bout-dehors, l’électronique en rade, etc. ; cela commence à faire beaucoup »
- Patrice Carpentier (VM Matériaux) : « Depuis deux jours, on a des conditions très dures avec des vents de sud. J’ai navigué sous tourmentin seul. Ensuite, quand j’ai mis la trinquette, j’étais surtoilé et je n’arrivais pas à serrer le vent. Si j’avais continué ma route, j’aurais fait du nord sans le vouloir et me serais retrouvé coincé à faire du près sans grand-voile pour passer la Nouvelle-Zélande. J’ai donc pris la décision de me dérouter vers une crique dans le sud de la Tasmanie pour réparer. Je vais même envisager de faire de la stratification, ce qui était exclu en restant en mer. »


Mercredi 28 décembre : 52e jour de course : Jean Le Cam a franchi en tête la deuxième porte du Pacifique

Jean Le Cam (Bonduelle) a été le premier à franchir la dernière porte obligatoire de ce tour du monde afin d’éviter de trop descendre vers les glaces. Pour Jean, la prochaine marque de parcours est désormais le Cap Horn, que le leader espère contourner dimanche prochain avec un vent idéal de nord-ouest soufflant à 20-25 nœuds. Derrière lui, Vincent Riou (PRB) et Mike Golding (Ecover) ont perdu un peu de terrain ces dernières 24 heures 24 heures Record de distance parcourue sur 24 heures . Le trio de tête s’accroche à la queue d’une dépression et espère bénéficier de ces conditions favorables pour la deuxième moitié du Pacifique Sud, après une première moitié au près au milieu des glaces.

Pour les trois suivants, la météo s’annonce beaucoup moins clémente. Sébastien Josse (VMI), Dominique Wavre (Temenos) et Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec) devraient rencontrer des vents forts soufflant à 45-50 nœuds, avec des rafales à 70. Un bel anticyclone au nord et une très grosse dépression au sud sont à l’origine de cette compression des isobares au niveau des 50e Hurlants. C’est la tempête après le calme, notamment pour Dominique Wavre qui a été fortement ralenti et a perdu 500 milles en trois jours !

Patrice Carpentier (VM Matériaux) est arrivé vers 8h00 (heure française) mardi matin en Tasmanie pour terminer la réparation de sa bôme cassée. Le doyen de la course a trouvé un mouillage fort sympathique, au sud de l’île, et s’étonnait du plaisir d’être sur un bateau immobile dans un endroit calme. Mais Patrice n’est pas en villégiature puisqu’en dehors de sa bôme, il doit également réaliser plusieurs interventions sur son moteur, ses pilotes ainsi qu’un grand nettoyage de l’intérieur de son bateau maculé d’huile et de poussière de carbone. De l’autre côté de la mer de Tasmanie, Marc Thiercelin (ProForm) se prépare lui aussi à faire escale, dans une île néo-zélandaise, pour inspecter son gréement et tenter une réparation. Marc devrait atteindre le “pays du long nuage blanc“ mercredi matin.

- Mike Golding (Ecover) : « Je suis entre hautes et basses pressions. Mes conditions de vent sont donc instables et tournent beaucoup. Mon angle de vent n’est pas terrible, c’est pourquoi je vais un peu moins vite que Bonduelle. Ce n’est pas trop grave de perdre quelques milles tant que je reste dans le même système que Jean. J’ai pas mal sollicité le bateau ces derniers jours pour rester au contact. Je pense être dans le bon wagon pour la victoire finale, mais Bonduelle sera difficile à rattraper. Le plus important est de sortir des mers du Sud en bon état. C’est dur pour les nerfs en ce moment. Je veux faire de la vitesse Vitesse #speedsailing mais il faut préserver le bateau et rester vigilant aux icebergs. Je pensais en avoir fini avec eux quand ce matin, en me réveillant j’en ai aperçu un à environ 6 milles. Je marchais alors à près de 20 nœuds. Nous devrions à présent avoir un bon flux d’ouest-nord-ouest pour nous pousser jusqu’au Cap Horn en quelques jours. Le vent de sud-ouest est très froid. La chaleur du moteur sert surtout à garder l’électronique bien au sec. La température intérieure à bord d’Ecover est de 0 degré ! Il faut donc manger plus que d’habitude et j’absorbe en ce moment l’équivalent de 5 à 6 000 calories par jour en deux repas. Ma seule fantaisie gastronomique me vient du pain acheté au départ des sables d’Olonne et qui fait encore des toasts tout à fait mangeables... »

- Sébastien Josse (VMI) : « J’ai rétabli le parallélisme de mes safrans. Je suis content du résultat. Cela marche bien mais il est vrai que je n’ai que 10 nœuds de vent. Il faudra voir dans la brise. J’ai aussi réussi à renvoyer un spi de 300 m2. C’est assez instable mais suffisant pour me sortir de la « pétole » en attendant le vent fort. De toute façon, ma tentative de réparation du bout-dehors n’interviendra qu’après le Cap Horn. Il fait trop froid ici pour faire de la résine. Pour l’instant, c’est un peu le calme avant la tempête. Les fichiers annoncent 35 nœuds. J’espère ne pas avoir plus. L’avantage, c’est que cette dépression va nous pousser vite vers le Horn. Avec les icebergs, le champ de jeu Jeu #jeu se restreint. C’est un peu la roulette russe. Cela fausse la régate. »

- Conrad Humphreys (Hellomoto) : « Je sais. J’aurai dû appeler Anne (Liardet doublée hier par Conrad ndlr). Je le ferai aujourd’hui (Rires). Mais les conditions sont idéales pour la vitesse Vitesse #speedsailing et j’aimerais rester dans ce système le plus longtemps possible, peut-être jusqu’à la Tasmanie. Je fais ma course. Rattraper les autres est bon pour le moral, mais je garde aussi un œil sur mon écart avec la tête de la flotte. Mon but est de ne pas perdre par rapport aux leaders même si je les sais hors de portée. Je suis reparti du Cap sur un bon rythme. Je suis en phase avec le bateau qui est en excellent état. Je me consacre beaucoup à la météo, qui a été un moment mon métier. Mais il y a encore beaucoup à faire et le chemin jusqu’au Cap Horn est semé d’embûches, avec ces champs d’icebergs qu’il faut soit traverser soit contourner. Il fait toujours froid et je dois économiser mon carburant. Je garde donc l’énergie pour mes pilotes, les connexions satellite et plus tard le radar. Je sacrifie mon chauffage. »

- Anne Liardet (Roxy) : « Conrad Humphreys m’a doublé de manière fort peu galante (Rires). Il va vraiment vite. Mais je ne me plains pas, je suis bien en phase avec mon bateau. J’ai une bonne trajectoire, travers au vent et Roxy glisse bien. Je ne m’ennuie pas, mais j’avoue ne pas m’être préparée au manque de nourriture fraîche. Il me reste quelques oranges et quelques yaourts que je réserve pour les grandes occasions. Ainsi, j’ai fêté Noël à la manière de nos aïeux, en m’offrant une orange. Je passe beaucoup de temps sur la météo à bien me positionner. Depuis deux ans et demi, je ne vis que pour ce projet. C’est dur de penser à l’après Vendée Globe. »

• CLASSEMENT DU 28/12/04 15:00 GMT (16H00 PARIS)

Rg Nom Skipper Dist Arr Ecart Vmg Vit moy Cap moy
- 1 BONDUELLE JEAN LE CAM 8969,5 0,0 16,5 16,5 87
- 2 PRB VINCENT RIOU 9144,7 175,3 14,4 15 88
- 3 ECOVER MIKE GOLDING 9204,7 235,3 13,9 14 93
- 4 VMI SEBASTIEN JOSSE 9842,1 872,6 8,5 10,5 68
- 5 TEMENOS DOMINIQUE WAVRE 10473,8 1504,4 6,9 8 72
- 6 VIRBAC-PAPREC JEAN-PIERRE DICK 10798,0 1828,5 11,8 13,1 86
- 7 SKANDIA NICK MOLONEY 11262,2 2292,7 8,8 10,6 84
- 8 PRO-FORM MARC THIERCELIN 11589,2 2619,7 6,8 6,9 116
- 9 ARCELOR DUNKERQUE JOE SEETEN 11760,8 2791,3 11,7 13,9 88
- 10 OCEAN PLANET BRUCE SCHWAB 12171,4 3201,9 8,4 10,4 88
- 11 VM MATERIAUX PATRICE CARPENTIER 12259,5 3290,1 0,0 0 0
- 12 MAX HAVELAAR BEST WESTERN BENOIT PARNAUDEAU 12530,5 3561,0 9,4 10 95
- 13 HELLOMOTO CONRAD HUMPHREYS 12620,1 3650,6 15,6 16,1 99
- 14 ROXY ANNE LIARDET 12744,9 3775,5 10,2 11,7 94
- 15 AKENA VERANDAS RAPHAEL DINELLI 13407,4 4438,0 10,3 10,8 106
- 16 BENEFIC KAREN LEIBOVICI 13681,0 4711,6 11,1 11,1 121


Jeudi 29 décembre : Marc Thiercelin s’apprête à faire escale en Nouvelle-Zélande • Jean Le Cam conforte son avance sur Vincent Riou et Mike Golding

La question est de mise aujourd’hui pour Marc Thiercelin (ProForm) qui n’est pas sûr de pouvoir réparer par ses propres moyens l’ensemble des problèmes rencontrés par son monocoque. Marc, qui a déjà réalisé trois tours du monde en solitaire et n’a jamais abandonné une course, ne veut pourtant pas baisser les bras trop vite, même si la liste des avaries s’allonge de façon inquiétante : bout-dehors cassé, tête de mât fragilisée, pénurie de gaz et impossibilité de récupérer des fichiers météo sur Internet... Comme si cela ne suffisait pas, Marc a connu plusieurs autres avaries hier, lorsque son bateau, privé de vent, se faisait malmener dans une mer démontée. Toutes les lattes de la grand-voile ont cassé et trois chariots de mât se sont arrachés. Moyennement confiant dans ses capacités à réparer, Marc ne s’arrêtera pas dans la première baie venue, mais préfère remonter la côte est de la Nouvelle-Zélande sur près de 300 milles pour rejoindre un endroit où il connaît un chantier naval. Il devrait atteindre la baie d’Akaroa, au sud de Christchurch jeudi matin...

Jean-Pierre Dick a vu, lui-aussi, des glaces. Mais sans les toucher heureusement !
Photo : Jean-Pierre Dick / Virbac et Paprec

Jean Le Cam (Bonduelle) compte un peu moins de 200 milles d’avance sur son premier poursuivant, Vincent Riou (PRB), lui-même sous la menace du Britannique Mike Golding (Ecover), à une trentaine de milles derrière. Mais cette situation n’inquiète pas outre mesure les deux chasseurs lancés aux trousses de Jean Le Cam. Le Britannique a toujours dit qu’il pensait avoir de grandes chances de remporter le Vendée Globe s’il naviguait dans le même système météo que le premier au passage du Cap Horn. En effet, son voilier est connu pour être puissant et efficace au près, des conditions généralement majoritaires dans la remontée de l’Atlantique. Quant à Vincent, il sait que son bateau, plus ancien que ses deux adversaires, souffre d’un petit déficit au près. A la vacation du jour, Vincent a clairement annoncé qu’il serait très joueur sur la remontée de l’Atlantique et tenterait tous les coups tactiques possibles. Le Vendée Globe s’annonce intense jusqu’aux Sables d’Olonne...

- Marc Thiercelin (Pro Form) : « Je viens de vivre 48 heures terribles. J’ai été pris dans un centre dépressionnaire, donc sans vent mais avec une mer énorme. Je ne savais plus comment tenir le bateau. J’ai dû faire 50 empannages dans 10 mètres de creux et j’ai vu mon bateau se détruire sous mes yeux. J’ai cassé mes lattes de GV, ainsi que trois chariots. La dépression vient de me dépasser et j’ai 40 nœuds. La totale ! Je suis à trois heures de l’île Stewart, mais je vais essayer d’atteindre la baie d’Akaroa près de Christchurch, dans l’est de l’île du sud de la Nouvelle-Zélande. Mon premier soin sera de mouiller le bateau et de prendre le temps de me reposer et de bien faire le tour de ce qui peut être réparé et comment. Il me faudra grimper dans le mât pour réparer les chariots de GV, et surtout effectuer un diagnostic précis de la tenue de ma tête de mât. En fonction de l’étendue des dégâts, de ma capacité à réparer ou non, je ferai appel à une assistance extérieure. Je sais que je serai alors hors course, mais je tiens à finir ce que j’ai commencé. Je repartirai donc pour compléter le parcours et ramener mon bateau seul aux Sables d’Olonne. Mon arrêt en Nouvelle-Zélande sera long, surtout si je reconstruis mon bout-dehors qui nécessitera au moins 5 jours de travail. »
- Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec) : « Le coup de vent arrive. J’ai un peu plus de 30 nœuds et je me suis positionné pour ne pas avoir beaucoup plus, sauf en rafales où le vent pourrait atteindre les 50 nœuds. Je ne souhaitais pas aller trop au sud à cause des icebergs. Je fais donc d’une pierre deux coups en restant au nord. J’espère que mes soucis de barre sont derrière moi. Pour l’instant, mes réparations tiennent. J’essaie de donner une allure très équilibrée au bateau. Heureusement, Virbac-Paprec est très sain et le Pacifique a l’air plus maniable que l’Indien. Mon générateur est toujours hors service et je fais attention à ne pas dépenser trop d’énergie. Je peux récupérer mes fichiers météo et utiliser le désalinisateur. Il faudra bien que je répare malgré tout... »
- Vincent Riou (PRB) : « Le vent est très variable en direction. Il n’y a pas beaucoup d’air, 18/20 nœuds peut-être. En fait, j’ai eu beaucoup de grains et cela m’a permis de lofer un peu. Les conditions de navigation restent excellentes. Je n’ai aucun état d’âme au regard du classement. J’ai fait le choix de ma route il y a plusieurs jours et je m’y tiens. Cette stratégie a été totalement déterminée par la présence d’icebergs. Sans eux, je n’aurai jamais lâché Jean. Bonduelle est à présent mieux placé car il va garder plus de pression plus longtemps. La grosse dépression qui arrive derrière ne nous concernera que sur l’arrivée au Cap Horn, lundi prochain au matin peut-être... »
- Benoît Parnaudeau (Max Havelaar-Best Western) : « C’est plutôt sympa au sud de la Tasmanie. Il y a 25-28 nœuds de vent, et on descend au 120° vers le Pacifique. On sent bien que la mer change. Cela devient plus facile. Il y a une transition qui vient de se faire. Dans l’Indien, j’avais tout le temps l’impression d’être sous toilé avec ces grosses vagues qui poussent. L’Indien est quand même assez étonnant comme endroit. Dès que tu commences à aller un peu sud, tu sens bien que ce n’est pas bon ! »
- Joé Seeten (Arcelor Dunkerque) : « La belle dépression qui nous a cueilli au sud de l’Australie m’accompagne depuis quatre jours. Du coup, cela m’oblige à monter plus nord que prévu. J’ai vraiment du mal à faire la route que je veux. Je commence tout juste à pouvoir infléchir légèrement ma route au 100°-105°. On est tributaire de la météo, et chacun ne bénéficie pas des mêmes avantages. »


Vendredi 30 décembre : Réparation réussie pour Patrice Carpentier • 55 nœuds de vent établis pour Dominique Wavre

Au mouillage dans la baie de la Recherche, en Tasmanie, Patrice Carpentier (VM Matériaux) a finalement réussi à réparer sa bôme cassée en deux depuis le lundi 20 décembre. Pour cela, il a découpé un bout de bôme de 40 cm pour en faire un insert sur lequel il a emboîté les deux morceaux cassés pour les réunir. Afin de consolider le tout, le doyen de la course a scié ses lattes de rechange en morceau de 80 cm pour les utiliser ensuite comme une attelle. Cet après-midi, Patrice a hissé sa grand-voile au mouillage pour repasser ses bosses de ris et vérifier que tout concordait. Il pourra désormais utiliser sa grand-voile avec au maximum 2 ris. Cette réparation va surtout lui permettre de pouvoir refaire du près, ce qui devrait être le cas dans la remontée de l’Atlantique. Au final, Patrice sera donc resté moins de trois jours au mouillage dans l’île australienne. De son côté, Marc Thiercelin (ProForm) n’est plus qu’à 140 milles de la baie d’Akaroa où le navigateur compte faire escale. Il devrait rejoindre cet abri en fin de nuit en France.

- Patrice Carpentier (VM Matériaux) : « Je suis dans la Baie de la Recherche , en Tasmanie du Sud. C’est en endroit curieux, plutôt plaisant, mais, c’est idiot, je n’aurai pas le loisir de visiter. Cette nuit, tout était calme et j’en ai profité pour renvoyer ma grand-voile. Car oui ! La réparation sur la bôme est terminée, et je peux renvoyer jusqu’au deuxième ris. J’ai procédé comme prévu à un manchonnage. Je voulais lier le tout avec quelques tissus de carbone, mais j’ai eu la désagréable surprise de découvrir que le peu de résine dont je disposais était gélifiée. Je l’ai fait bouillir et l’ai étalée comme je pouvais... Au petit matin, c’était une vraie serpillière ! Cela ne s’est pas solidifié. J’ai donc sacrifié mes lattes, par tronçon de 80 centimètres pour confectionner une attelle tout autour de la partie manchonnée. »
- Dominique Wavre (Temenos) : « C’est un peu tendu ! Je suis dans le « baston ». Il fait nuit et le bruit est terrible. L’anémomètre indique entre 50 et 55 nœuds de vent. C’est de la survie ! Le vent est monté durant la journée, et j’ai pris tranquillement tous mes ris. Je suis à présent sous 4 ris ettrinquette et cela se passe bien. Je suis un peu stressé car je crains la casse. J’essaie de me détendre en dormant par petite tranche de 10 minutes. Mais il y a de fortes rafales et il faut être prêt à tout. Je suis en ciré et bottes, prêt à réagir. Je marche à 14 nœuds, 20 dans les surfs. Aprèsune semaine de pétole sous la mer de Tasmanie, on se fait cueillir sans transition par le « baston ». On était prévenu et préparé, mais la transition est brutale. »
- Raphaël Dinelli (Akena Verandas) : « J’ai un Sud très compliqué et ma série noire continue ; J’étais ce matin derrière le front froid et j’ai eu une succession de grains, certains sans vent d’autres avec 40 nœuds. C’était très bizarre et j’ai fini par me faire surprendre par une rafale à 45 nœuds qui a couché le bateau, sous grand-voile un ris et petit gennaker. Le bateau est resté couché un quart d’heure. Le gennaker a explosé. Il est parti en tête de mât et cela a été la guerre pour le détacher. Je suis rincé. Mon bateau est très physique, avec des winches partout et pas de « moulins à café ». Résultat : un beau lumbago qui me fait énormément souffrir et que j’essaie de soigner avec l’aide du Docteur Chauve (Médecin de la course.ndlr). Je suis un peu désabusé, peut-être à cause de la fatigue mais décidément, l’Indien ne m’aime pas. Autre chapitre réjouissant, je commence à me rationner car je n’ai emporté que l’équivalent de 110 jours de nourriture et si je n’allonge pas la foulée dans l’Océan Pacifique, je vais venir à manquer. »


Samedi 31 décembre : Marc Thiercelin abandonne en Nouvelle-Zélande • Patrice Carpentier est reparti de Tasmanie

Marc Thiercelin (ProForm) l’a annoncé ce matin vers 11h00 ; il est contraint d’abandonner afin de réparer son bateau. Devant l’étendue des problèmes rencontrés par son monocoque, notamment la tenue de la tête de mât, Marc se voit obligé de faire appel à une aide extérieure pour remettre son bateau en état. Au mouillage en Nouvelle-Zélande, dans la baie d’Akaroa, Marc Thiercelin se retrouve donc hors course mais a quand même l’intention de finir son tour du monde à la voile. Une dizaine de jours seront nécessaires pour remettre le bateau en état à Lyttelton, au sud de Christchurch. Deuxième du Vendée Globe 96-97 et quatrième de la dernière édition, Marc Thiercelin participait pour la troisième et dernière fois au tour du monde en solitaire sans assistance et sans escale. Ils ne sont plus que quinze en course de Jean Le Cam (Bonduelle), à l’approche du Cap Horn, à Karen Leibovici (Benefic), qui vient de passer le Cap Leeuwin sous l’Australie occidentale, 5180 milles plus loin.

Le trio de tête connaît actuellement une zone de transition entre deux systèmes dépressionnaires. Le premier qui s’échappe vers l’est, a permis à Jean Le Cam de creuser l’écart jusqu’à 261 milles jeudi matin à 5h00 sur Vincent Riou (PRB). Les deux poursuivants, Vincent Riou et Mike Golding (Ecover) naviguent actuellement au-devant d’une autre dépression qui arrive par l’ouest, donc par derrière pour les concurrents. Comme ils touchent les effets de cette dépression avant le leader, Vincent et Mike devraient pouvoir réduire un peu leur retard dans les heures à venir. Mais la détection, par un satellite canadien, de potentiels icebergs sur la route directe vers le Horn oblige les trois premiers à remettre un peu de nord dans leur trajectoire. A moins de 900 milles du Horn, Jean Le Cam pense toujours franchir le mythique cap dans la nuit de dimanche à lundi prochain. Ce passage marquera la fin des océans du sud et le début de la longue remontée de l’Atlantique, soit 7000 milles du sud au nord jusqu’aux Sables d’Olonne.

Arrivé mardi matin dans la baie de la Recherche, en Tasmanie, pour réparer sa bôme cassée en deux, Patrice Carpentier (VM Matériaux) en est reparti la nuit dernière vers 2h00 du matin (heure française), deux jours et demi plus tard. Classé 10e avant son escale, le doyen de la course a repris la mer en 14e position, entre Anne Liardet (Roxy) dans son sud et Raphaël Dinelli (AkenaVérandas) dans son ouest. Raccourcie d’au moins 40 cm, sa bôme ne lui permet pas de porter toute la toile. Patrice doit donc naviguer avec au moins 2 ris dans sa grand-voile. Sans sa bôme, Patrice ne pouvait utiliser sa grand-voile qu’avec 3 ris et n’était pas en mesure de remonter au près efficacement.

- Marc Thiercelin (ProForm) : « Il y a trop à faire. Je n’ai pas, à bord, le matériel adéquat pour réparer tout ce qui est endommagé sur ProForm. Je suis obligé de demander de l’aide extérieure. Je fais mon baptême du feu en matière d’abandon, je n’ai pas d’expérience. Je veux repartir car je finis toujours ce que j’ai commencé. Ça reste un tour du monde, escale ou pas, et il faut le faire. Je prévois de rester dix jours sur place pour tout réparer, fiabiliser ProForm avant de repartir. Je suis toujours dans l’énergie du tour du monde, j’ai continué à manœuvrer avec la même foi jusqu’au bout. Il faut vivre pleinement son aventure Aventure et accepter ce qui arrive. J’ai préféré la baie d’Akaroa car je savais que si je ne pouvais pas réparer seul, je pourrais faire appel à un chantier proche que je connais. Le mât était ma principale préoccupation, mais c’est aussi l’accumulation des avaries, tout un ensemble de choses qui te font dire, “mais à quoi ça rime ?“ Je ne serai plus jamais au départ d’un Vendée Globe, c’est fini et c’est ça qui est dur, mais il faut savoir s’arrêter, ça représente trop de sacrifices. Mon parcours continue, je ferai d’autres choses. »
- Conrad Humphreys (Hellomoto) : « Les choses se compliquent un peu devant moi. J’aurai sans doute une petite dorsale à négocier. Je pourrai alors passer Bruce (Schwab). Pour l’instant, j’ai encore du vent, puisque la dorsale s’évacue vers l’Est. Je vais devoir la contourner. Il faudra aussi contourner la zone des glaces. Je pourrai relancer ensuite. Mes conditions actuelles sont un peu curieuses ; j’ai beaucoup de brouillard, je ne vois pas l’avant du bateau et j’ai toujours 20 nœuds de vent. C’est stressant et je suis un peu tendu. Heureusement, aucun glaçon n’a été signalé dans les parages. Je devrais faire tourner mon radar en permanence à présent mais cela consomme trop d’énergie. Je l’allume et l’éteins alternativement. Je pense que j’ai assez d’énergie pour finir la course si je fais attention. Je suis assez nerveux et j’ai du mal à aller dormir. Je vais faire route vers les Iles Campbell et j’empannerai vers une route plus sûre. A part ça, je suis ravi de mon redémarrage d’Afrique du Sud. J’ai repris 300 milles à la tête de la course et je n’ai pas trop tiré sur le bateau. Je pourrai pousser un peu mais je ne veux rien casser. Ce serait bien d’avoir un peu de monde autour de moi pour le réveillon mais je suis heureux d’être ici en course. Pour l’année prochaine, je souhaite arriver vite au Cap Horn, bien terminer ce Vendée Globe et pourquoi pas un nouveau 60 pieds Open. »
- Vincent Riou (PRB) : « On a accroché le wagon. Cela a été un peu bizarre au sud avec la présence d’un petit centre dépressionnaire que je n’avais pas remarqué. J’étais absorbé par ces histoires d’icebergs et j’ai empanné un peu prématurément. J’ai positionné sur mon ordinateur les icebergs repérés par le satellite canadien et je vais passer dans leur nord. C’est étonnant d’avoir de la glace à 200 milles du Horn. Je suis ravi de ma course depuis le départ. La remontée de l’Atlantique devrait être sympa, à régater avec un bateau en bon état. La course est super. On s’éclate vraiment. J’ai bien sûr beaucoup de peine pour Marc Thiercelin. Mais l’éloignement des bateaux fait que je me sens moins impliqué qu’avec Bilou par exemple avec qui je régatais depuis le début. Les trois quarts de la flotte sont encore en course, ce qui est plutôt bien. En ce moment, cela accélère pas mal. Je serai cette nuit à fond dans ma course et aurai peu de temps pour penser au Réveillon de fin d’année. J’espère passer le Horn le 3 ou le 4 janvier. »
- Jean Le Cam (Bonduelle) : « Les icebergs sont magnifiques, mais qui s’y frotte s’y pique ! J’ai hâte de tourner à gauche et je suis plutôt content d’être le premier. Le Sud, je l’ai assez vu et il est temps de passer à autre chose. Je vais ouvrir mon colis du 31. Je pense faire un bon repas. »


Dimanche 1er janvier 2005 : Les 15 solitaires du encore en course démarrent l’année 2005 étalés sur plus de 5280 milles entre Jean Le Cam, proche du Cap Horn, et Karen Leibovici, au milieu de l’Australie

Les mers du sud touchent à leur fin pour le trio de tête qui devrait passer devant le rocher du Cap Horn lundi, soit avec plus de cinq jours d’avance sur le chrono de Michel Desjoyeaux en 2001. 24 heures 24 heures Record de distance parcourue sur 24 heures séparent actuellement Jean Le Cam, en tête depuis 12 jours, de Mike Golding (Ecover), 3e à 309 milles. Entre les deux, Vincent Riou (PRB) s’accroche efficacement et n’est pas mécontent non plus de bientôt mettre le clignotant à gauche pour attaquer la remontée de l’Atlantique. Un peu plus chanceux en terme de météo, Jean Le Cam a traversé le Pacifique en un seul bord, traçant une ligne droite quasi parfaite pendant que ses deux poursuivants ont dû enchaîner les manœuvres et les changements de cap pour perdre le moins de distance possible.

Plus d’un océan sépare le premier, Jean Le Cam, de la dernière, Karen Leibovici (Benefic). Les 5280 milles d’écart d’un bout à l’autre de la flotte représentent la distance Paris-Hong Kong ! On comprend mieux que les systèmes météo dans lesquels naviguent les concurrents soient différents. Dans le Pacifique, les six premiers profitent d’une énorme dépression pour foncer vers le Cap Horn. Derrière eux, Nick Moloney (Skandia), Joé Seeten (Arcelor Dunkerque) et Bruce Schwab (Ocean Planet) ont été contraints par la météo de monter très au nord à l’entrée du Pacifique. Du coup, ils se rallongent la distance. Le skipper dunkerquois a fini l’année en tirant des bords de 120° par 45 nœuds de vent de face. Seul réconfort de ces routes très nord, tous les trois ont peu de risques de rencontrer des icebergs. 500 milles plus au sud, Conrad Humphreys (Hellomoto) et Benoît Parnaudeau (Max Havelaar-Best Western) viennent d’entrer à leur tour dans l’Océan Pacifique, mais au près. Le danger des glaces est plus élevé pour eux qui suivent approximativement les routes des six premiers.

- Jean Le Cam (Bonduelle) : « C’est étonnant ! Je suis toujours sur le même bord depuis 2 500 milles. Je suis resté longtemps en avant d’un système stable, chance que n’ont pas eue les autres. Pour la nouvelle année, j’ai mangé des cailles farcies avec des petits légumes. Ce qui est aussi réjouissant, c’est qu’après 55 jours de course, le bateau s’allège considérablement de toute la nourriture et de tout le carburant consommés. Et l’amélioration du comportement du bateau est sensible. Je navigue au portant dans 35 nœuds de vent et cela me va très bien. J’ai affalé hier la grand-voile par 30 nœuds de vent. J’ai tout vérifié, lattes, chariots, drisses, etc. pour être prêt à attaquer l’Atlantique. »

- Mike Golding (Ecover) : « Ce que je souhaite pour la nouvelle année ? du succès aux Sables d’Olonne ! (rire). Je ne m’attendais pas à reprendre du terrain dans cette partie de la course. Après le Horn, ce sera un autre match. Jean a été verni. Il n’a pas dû empanner une fois depuis que nous sommes au portant. Vincent (Riou) et moi n’avons jamais eu la possibilité de faire la route sans empanner. Les dernières terres que j’ai vues sont les îles du Cap Vert. J’ai donc hâte de voir le Horn. C’est un endroit chargé de symboles que j’espère voir de près (mais pas trop près) car le vent viendra du nord. »

- Sébastien Josse (VMI) : « Pas de réveillon pour Jojo ! Baston ! Mais du grand spectacle ! 48 nœuds établis, rafales à 60 et plus... Je n’ai pas fait le malin... dos rond et bateau sous toilé. Et maintenant, c’est fini. Il y a du soleil derrière le front. Mais c’était la plus forte tempête que j’ai connue depuis le départ, avec une grosse différence cependant, c’est que la mer dans le Pacifique est mieux ordonnée que dans l’Indien. Le bateau part en surf Surf #Surf et glisse tout seul. Il ne se fait pas bringuebaler comme dans l’Indien. J’ai hâte d’arriver au Horn. Ce sera une vraie délivrance. Ceci dit, je suis en pleine forme. J’ai réveillonné avec 5 sucettes. Je suis parti avec une boîte de 200. Il ne m’en reste plus que 50. je vais devoir me rationner. (Rire) »

• CLASSEMENT DU 01/01/05 15:00 GMT (16H00 PARIS)

Rg Nom Skipper Dist Arr Ecart Vmg Vit moy Cap moy
- 1 BONDUELLE JEAN LE CAM 7578,9 0,0 13,5 13,6 92
- 2 PRB VINCENT RIOU 7835,6 256,7 14,4 14,5 97
- 3 ECOVER MIKE GOLDING 7888,3 309,5 17,5 17,9 90
- 4 VMI SEBASTIEN JOSSE 8651,5 1072,7 11,9 13,9 83
- 5 TEMENOS DOMINIQUE WAVRE 9132,2 1553,4 15,9 16,4 89
- 6 VIRBAC-PAPREC JEAN-PIERRE DICK 9580,2 2001,4 14,4 14,5 112
- 7 SKANDIA NICK MOLONEY 10417,3 2838,4 10,8 11,5 102
- 8 ARCELOR DUNKERQUE JOE SEETEN 11079,8 3500,9 12,4 12,7 107
- 9 OCEAN PLANET BRUCE SCHWAB 11395,9 3817,1 8,2 8,6 104
- 10 HELLOMOTO CONRAD HUMPHREYS 11415,8 3837,0 7,1 7,9 87
- 11 MAX HAVELAAR BEST WESTERN BENOIT PARNAUDEAU 11584,1 4005,2 6,3 9 68
- 12 VM MATERIAUX PATRICE CARPENTIER 11882,8 4304,0 5,3 6 96
- 13 ROXY ANNE LIARDET 11924,2 4345,4 3,5 4,2 88
- 14 AKENA VERANDAS RAPHAEL DINELLI 12601,2 5022,3 7,8 9,1 98
- 15 BENEFIC KAREN LEIBOVICI 12860,5 5281,6 10,5 11,1 106
- ABD PRO-FORM MARC THIERCELIN
- ABD SILL ET VEOLIA ROLAND JOURDAIN
- ABD HUGO BOSS ALEX THOMSON
- ABD UUDS HERVE LAURENT
- ABD BROTHER NORBERT SEDLACEK



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