Mission océanographique
Blue Observer : 46 flotteurs profilants Argo déployés entre Woods Hole et Ste-Hélène
jeudi 20 janvier 2022 –
Le voilier français Blue Observer a bouclé avec succès ce mercredi 19 janvier la deuxième des trois étapes de sa grande mission océanographique. À la seule force du vent et en 36 jours, l’équipage de six personnes mené par le navigateur Eric Defert a parcouru plus de 6 000 milles entre Woods Hole (Etats-Unis) et l’île de Sainte-Hélène (UK). Tout au long du parcours, 46 flotteurs profilants Argo ont été déployés à des positions GPS prédéfinies pour le compte des Etats-Unis et du Canada. Eric Defert raconte cette première mondiale et évoque les enjeux de cette expédition inaugurale.
Après avoir bouclé en 22 jours la première étape de leur périple entre Brest et Woods Hole, dans le Massachussetts, Éric Defert et son équipage mixte composé de marins, de scientifiques et d’ingénieurs sont repartis des Etats-Unis le 14 décembre dernier. Ce mercredi 19 janvier à 3H00 du matin (heure française), ils ont donc rallié Sainte-Hélène et terminé sans encombre la deuxième grande traversée de l’expédition de trois mois ayant notamment pour but de déployer 46 flotteurs océanographiques Argo pour le compte des Etats-Unis et du Canada. Ce réseau vise à observer le plus finement possible les océans, et à interpréter leurs modifications, à travers des mesures de température, de salinité et de courants. Pour rappel, cette mission internationale est notamment financée par la NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration). Blue Observer est le tout premier navire à voile à déployer des instruments à cette échelle. Il est également prévu sur la mission des prélèvements d’aérosols en haute mer ainsi qu’une observation des mammifères marins. Ces diverses missions entreprises par Blue Observer vont permettre de mieux comprendre l’océan, et donc d’être en mesure de mieux le protéger.
La voile, un modèle de déploiement viable
Si le fait de naviguer à la voile plutôt qu’au moteur comporte des avantages indéniables, à commencer par une pollution et des coûts moindres, il complexifie aussi la donne en termes de navigation. « Au moteur, on met le cap sur le point à viser et c’est parti. À la voile, on est davantage tributaire des conditions, il faut affiner la route, tirer les bons bords, anticiper, réduire la toile si besoin. On ne s’ennuie pas à bord », explique Eric Defert. « Cela sollicite l’équipage qui doit s’adapter en permanence. C’est un exercice passionnant, d’autant que la route maritime entre le Massachusetts et Sainte-Hélène n’est pas courante. » Le navigateur semble ravi du choix de son voilier. « Il est parfait, il nous donne entière satisfaction que ce soit au niveau de sa vitesse ou de sa robustesse. L’expédition est un succès, tous les flotteurs déployés fonctionnent correctement », se réjouit Eric Defert. La démarche de Blue Observer marque le début d’une nouvelle ère. En explorateurs des temps modernes, les marins embarqués ouvrent une nouvelle voie en prouvant que des expéditions scientifiques d’envergure peuvent parfaitement être effectuées à la voile.
Mener pendant 36 jours un équipage de six personnes dans des conditions spartiates : un vrai défi humain
Entre les Etats-Unis et Sainte-Hélène, l’équipage de Blue Observer a connu des conditions diverses avec une alternance de phases toniques et rapides, et d’autres moments plus instables avec des grains. La constante de cette longue navigation a été la forte chaleur et la moiteur. Initialement conçu par Jean-Luc Van Den Heede pour naviguer en solitaire, Blue Observer est un voilier étroit au confort rudimentaire. L’espace de vie est d’autant plus réduit que le matériel scientifique embarqué prend beaucoup de place. « Il n’y a pas cabine et donc pas d’intimité mais chacun fait des efforts et tout se passe bien », souligne Eric Defert. « Nous restons dans une bonne dynamique avant la troisième et dernière grande traversée de notre expédition. » Fin janvier, l’équipage repartira en effet de Sainte-Hélène pour une nouvelle aventure de 6 500 milles vers le Cap-Vert puis Brest, avec une arrivée prévue courant mars.