Loin s’en faut, puisque trois équipages se sont bagarrés jusque dans les ultimes longueurs pour le podium. Le succès de Loïs et Charlotte porte l’éclat de la constance dans l’effort, déployée pour toujours naviguer au sommet de la performance ; et ne pas laisser se dérober les honneurs de cette ligne d’arrivée mouillée sous haute tension dans les eaux antillaises.

Rien n’était encore joué hier, et au final, seules 16 minutes et 33 secondes les séparent des deuxièmes, Gaston Morvan et Anne-Claire Le Berre, au terme de cette traversée de l’Atlantique qui n’a pas fait mentir son niveau d’exigence. Ce faible écart illustre l’engagement nécessaire au meilleur niveau de la compétition océanique, où tout se joue aux micro-réglages et aux dixièmes de nœud de vitesse près. « À une vague, à un surf près » confiait hier encore Loïs dans son approche vers Saint-Barth. Du jamais vu ou presque sur la 16^e édition de la course, avec des bateaux au contact tout du long, de la baie de Concarneau à la pointe du Colombier aux abords de Gustavia, en passant par les Canaries, naviguant collés-serrés comme s’ils disputaient une régate en baie sur l’immensité de l’océan.

La bataille a été rude, la victoire en est d’autant plus belle. Elle porte aussi la marque de l’indiscutable et sincère complicité, nourrie par ces deux Figaristes au fil des entraînements et des milles parcourus pour performer et mériter de lever ensemble les bras au ciel. Ils signent une victoire, la première à deux, qui vient ajouter une ligne de plus au long palmarès des experts du solitaire de la filière Skipper Macif… Double bravo à Loïs et Charlotte !

Première victoire, première transat

Loïs : « On a réalisé hier soir en fin de journée en croisant devant Région Bretagne - CMB Performance, que c’était gagné. C’était un match dingue. Je n’avais jamais vu un match aussi serré à l’échelle de l’Atlantique. C’était incroyable ! »

Charlotte : « La course a été super intense. La bagarre a été très belle. C’était dur et je suis vraiment très contente d’arriver au bout de ma première transat en première position ! On a été sous tension jusqu’à la fin pour bien faire. On ne s’en est pas trop rendu compte, mais quand on arrive, quand on voit les lumières, l’engouement et la fête, ça fait plaisir ! »

Loïs : « C’est ma première victoire sur une course majeure du circuit. Je progresse ! C’est ma troisième participation à cette transat, que j’ai terminée 12è, puis 3è… et premier ! La transat en Figaro, c’est coché. La saison est encore longue derrière, il reste d’autres courses, en solitaire ; et j’ai hâte d’en découdre. J’ai déjà eu des petites victoires, mais sur une course majeure, c’est la première fois. Sentir qu’on est capable de gagner, c’est une chose, mais le faire, c’est tout autre chose ! »

Premières impressions, premières émotions

Loïs : « On était tellement concentrés qu’on ne réalise même pas. On n’a pas eu le temps de se dire que ça y est, c’est gagné. On était quand même rivé sur le « rétro » à regarder tout le temps les autres qui étaient très proches. On atterrit, on réalise à peine ce qui nous arrive ! »

Charlotte : « Je suis super contente, et super fière aussi. Sur ces 18 jours de mer, on a eu des conditions très variées ; du vent, moins de vent. On a été au contact, à vue, tout au long de la course, comme sur une étape de la Solitaire du Figaro. C’était dingue ! »

Parité, égalité, complicité !

Loïs : « Avec Charlotte, on forme d’abord un binôme hyper performant. Ensuite, on vit une belle aventure humaine. On se connaissait à peine il y a six mois et j’ai vraiment beaucoup apprécié naviguer avec « Ma Chacha », comme je l’ai surnommée pendant toute la transat. Je re-traverserai l’Atlantique avec plaisir demain avec elle… mais sur un plus gros bateau qui va plus vite ! »

Charlotte : « Le binôme s’est fait assez facilement. On a pris beaucoup de plaisir. Moi aussi, je repars sans problème avec Loïs pour retraverser l’Atlantique. »

Charlotte et Loïs : « On a fonctionné à égalité. Quand c’est ton quart, tu fais ce que tu as à faire. On n’a pas fait de différence dans la répartition des rôles qu’on s’est partagés à 100%. Cela a été une de nos grandes forces d’être tous les deux capables de tout faire à bord, et plutôt bien. En termes de stratégie aussi, tout a été très collégial. On s’est toujours posé les questions ensemble, et ça a payé ! »

Les chiffres de la transat de Charlotte et Loïs :

• Temps de course : 18 jours 19 heures 01 minute et 33 secondes
• Arrivée : Vendredi 19 mai à 2h 03mn 32sec, heure locale (8h 03mn 32sec, heure métropole)
• Distance parcourue : 4160 milles (environ 7 705 km) parcourus à 9,23 nœuds de moyenne