Trophée Jules Verne

Geronimo encalminé... Kingfisher 2 attendu à Fremantle dans huit jours

vendredi 28 février 2003Redaction SSS [Source RP]


Ce matin, Geronimo a réussi à atteindre les 25° de latitude Sud en utilisant les maigres filets d’air de secteurs Nord. Entré dans la zone la plus critique de cette option Ouest, le trimaran aux couleurs de Cap Gemini et Schneider Electric a perdu les flux d’Ouest de la petite dépression qui l’avait poussé jusqu’à 30° Sud et se trouve actuellement, encalminé au milieu d’une zone sans vent où seules quelques risées à 5-10 nœuds viennent parfois rider le plan d’eau avant de disparaître durant la nuit. Par ailleurs, Olivier de Kersauson et ses 10 hommes d ’équipage doivent impérativement atteindre les premiers alizés d’Est à partir de 20° Sud.

La journée, l’air est à 30°C. Ni air, ni ventilation et pas moins de 40°C à l’intérieur du bateau. Cette chaleur donne naissance à de petits flux thermiques dont l’équipage essaye de tirer parti au maximum, profitant de tout le potentiel de Geronimo. Comme le disait Olivier de Kersauson hier, les hommes sont extrêmement nerveux et concentrés alors que rien ne se passe. Une situation ressentie par tous comme un véritable piège. Les alizés qui narguent Geronimo à trois cents milles devant lui ne sont pas aussi puissants que ceux d’Orange l’an passé, et ne dépassent pas les dix noeuds. Faiblement établis, ils peuvent remonter de plus de cent mille au nord en quelques heures. « Le système n’est plus alimenté, plus rien ne se passe. Le plus éprouvant, c’est que toutes les prévisions sont pessimistes. Aucune perspective, il faudrait un miracle. » commente le skipper.

Les heures à venir n’ont donc rien de réjouissant, et seules les prévisions à quatre jours, donc incertaines, prévoient de petites évolutions. En attendant, les hommes de Cap Gemini et Schneider Electric font marcher Geronimo à 7,4 noeuds, avec 5,8 noeuds de vent et du courant de face.

Information http://www.grandsrecords.com


AVEC PRÈS DE 750 MILLES PARCOURUS DEPUIS SON DÉMÂTAGE, KINGFISHER2 N’EST PLUS QU’À 1500 MILLES de la côte sud-ouest de l’Australie. Les conditions météo ont été favorables et le maxi-catamaran a navigué à une moyenne de 8 noeuds sous gréement de fortune. S’il maintient cette allure, l’équipage d’Ellen MacArthur pourrait arriver à Fremantle d’ici 8 à 10 jours.

Meeno Schrader, le routeur météo à terre : "ce week end, les gars vont toucher des vents plus forts de secteur ouest, avec peut être 30 à 34 noeuds. En début de semaine prochaine, une autre dépression, plus grosse, va rattraper la première. Elle va aider à repousser plus à l’est l’anticyclone installé sur le sud de l’Australie, et offrir ainsi à KINGFISHER2 une chance d’atteindre la côte d’ici le week end prochain". Mais si la dépression n’est pas suffisamment puissante pour déplacer l’anticyclone dans l’est, alors il y a un risque pour Ellen et ses équipiers de se retrouver fortement ralentis par la zone de vents faibles qui leur bloquera la route.

L’atmosphère à bord commence à se détendre. L’équipage se remet peu à peu du choc causé par le démâtage qui a mis un terme à leur tentative de Trophée Jules Verne. Andrew Preece a inventé le "Moralomètre" pour tester les équipiers avec une échelle allant de 1 "suicidaire" (personne n’est à 1 rassurez vous !) à 10 "en état d’extase". Les idées ne manquent pas pour s’occuper à bord. Cela va de la pêche, au jeu de Backgammon en passant pas un jeu d’échec grandeur nature en utilisant les équipiers et le trampoline pour échiquier...

EMAILS DES ÉQUIPIERS

 ANDREW PREECE : "C’est intéressant de voir comment nous avons tous réagi à la crise et la possible durée de nos souffrances. Neal est fermement décidé à ne pas être optimiste et ne cesse de parler de "3 à 4 semaines de mer", sans doute pour être sûr d’avoir une agréable surprise en arrivant. Il refuse de nous laisser jeter le sac de morue boullie alors que nous avons de la nourriture pour encore au moins 40 jours. Hervé est tout à fait à l’opposé. "Vous verrez, on arrivera très vite" nous a t’il dit il y a quelques jours..."

 KEVIN MCMEEL : Notre vitesse alterne entre un douloureux 2 noeuds "sauvons-la-morue-bouillie-jusqu’à-la-fin" et un plus rassurant 16 noeuds "la-semaine-prochaine-j’aurai-des-côtes-d’agneau-au-barbecue". Pour l’instant on avance pas mal mais cela pourrait très bien s’éterniser. Dans ce cas, la morue bouillie serait bien la plus agréable altérnative...-

 NIGEL KING : "Quand ça arrive, vous n’avez même pas le temps de réfléchir à la situation. Vous essayez juste de limiter les dégâts. Mais ensuite vous avez tout le temps d’y penser et d’imaginer ce qui aurait pu arriver si, ou si... En fait quand vous vous engagez sur ce type de projet, vous savez qu’un drame peut arriver, et je suis sûr que ça aurait pu être bien pire. Je suis vraiment heureux que cela n’ait pas été le cas..."

Information Kingfisher Challenges



A la une