Transat 650

Le Néo Zélandais Chris Sayer ne fera pas la Mini 2003

Plus de cent préinscrits à la Transat 650 dont 6 DCQ

mardi 15 avril 2003Christophe Guigueno

Chris Sayer ne prendra pas le départ de la Transat 650 Charente Maritime - Bahia en septembre prochain. Troisième de l’édition 1999, le navigateur Kiwi a reçu une invitation par la Classe Mini pour revenir en 2005... Principales raison à cela : la nouvelle règle des DCQ et la saturation du nombre de places disponibles en prototypes.


Sayer à Lanzarote en 1999
Photo : Ch.Guigueno / Pipof.com/voile

Chris Sayer n’est pas content. Après sa mini 1999 lors de laquelle il avait terminé second de la première étape et troisième au général derrière Sébastien Magnen et Pierre-Yves Moreau, il avait tenté de monter un projet 50 ou 60 pieds. Faute de finances, il s’était relancé sur un projet mini avec un voilier moderne inspiré des plans français.

Il se fait alors dessiner par l’architecte Brett Bakewel-White un nouveau 650 qui sera mis à l’eau en mai 2002. Mais lors de sa première course, le voilier perd sa quille et Chris est contraint à abandonner son épave. Suit un élan de solidarité en Nouvelle Zélande autour de son projet gra^ce auquel il retrouve des fonds pour relancer la construction de son voilier. Cette fois-ci en double avec sa compatriote Liz Wardley.

Six DCQ pour les non-européens

Mais entre temps, les règles de qualification pour la Transat 650 éditées par la Classe Mini ont évolué. Les wild-cards sur lesquelles comptaient les deux navigateurs de l’hémisphère sud ont été supprimées. Les DCQ, ’dérogations au calendrier de qualification’, ont et mises en place. Cette dérogation est réservée au coureurs non-européens qui n’ont pu venir dès 2002 participer au circuit mini pour valider leurs qualifications. C’est donc un gros avantage pour ces coureurs par rapports aux Européens qui ont mis à l’eau un bateau neuf ou débuté leur campagne cette année (ils sont nombreux dans ce cas à prendre par à l’Odyssée d’Ulysse).

Alors que ces Européens risquent fort de se faire recaler, les DCQ ont encore jusqu’à fin juillet 2003 pour valider leur qualification. A ce jour, la Classe Mini a validé six DCQ et rejeté le dossier de Chris Sayer puisqu’il ne pourra pas venir en France avant août ("il n’y a plus de place disponible sur un cargo pour transporter le mini en France" précise par mail Sayer). Les six noms confirmés par la Classe et l’organisateur (Grand Pavois Organisation) sont : Jonathan McKee - USA - proto N°247 ; Yaniv Mass - ISR - proto N°416 ; Gustavo Pachecco - BRA - proto N°34 ; Daniel Schaffer - ISR - proto N°414 ; Adam Seamans - USA - Pogo N°175 ; Donald Wright - NZL - proto N°227.

61 prototypes pour 32 places !

Six et pas un de plus ! Isabelle, une des deux secrétaires de la classe confirme d’ailleurs que cette liste est bel et bien close. "Si un de ces skippers ne parvient pas à se qualifier, il y aura donc une place de plus pour le premier concurrent en liste d’attente des catégories prototypes et/ou série." Ces listes d’attente seront assez longue puisqu’au 10 avril 2003, la Classe Mini comptabilise déjà 61 préinscrits en catégorie prototype pour... 32 places. Avant l’Odyssée d’Ulysse, 28 dossiers sont presque validés. Il ne reste donc que quatre places pour des prototypes dans cette catégorie.

Dans la catégorie série, ce n’est pas beaucoup mieux. Trente huit dossiers sont enregistrés pour, toujours, 32 places. Mais seulement 16 dossiers sont quasiment complets. Il y reste donc encore autant de places. A noter que les nouveaux minis construits selon les normes de la jauge série mais pas qualifiés dans cette catégorie (il faut au moins dix unités de construites et 1000 milles de parcourus) resteront inscrits dans cette catégorie. Mais s’il ne sont pas validés ’bateau de série’, ils seront classés ’prototypes’ tout en restant dans la liste des inscrits ’série’.

Il faut être prêt deux ans à l’avance

L’affaire des qualifications pour la Transat 650 2003 est donc bien compliquée. Ils sont 105 à vouloir traverser l’atlantique mais il n’y aura que 70 places à La Rochelle. La Classe Mini a donc dû prendre des décisions strictes pour augmenter le niveau de qualification et, par la même occasion, a imposé aux concurrents de se préparer bien longtemps avant le départ de la course. Le Néo Zélandais Chris Sayer qui a joué de malchance depuis la mise à l’eau de son second mini est une victime de cette règle impitoyable.

Pierre-Yves Lautrou, membre du bureau de la Classe Mini, ancien de la Mini 2001 et futur propriétaire d’un Pogo 2, résume ainsi les règles :
 1) "La mise en place des qualifs fait en sorte qu’un projet Mini se gère sur deux ans ;
 2) beaucoup de concurrents ont respecté ce lourd parcours des qualifications qui a grandement élevé le niveau de fiabilité des bateaux et des skippers et contribué à développer le circuit :
 3) malgré tout, il y aura sans doute des listes d’attente très longues, qui feront des déçus.
 4) on ne peut pas accepter quelqu’un qui connaît les règles depuis longtemps, qui a déjà couru la mini, mais envisage de débarquer 3 semaines avant la course avec un bateau que personne n’a jaugé et que personne n’a vu navigué."

De son côté, Sayer a fait viser les règles par un avocat. Ils estiment qu’elles ont changé dans ce laps de temps de deux ans. Même s’il se réjouit qu’un de ses compatriotes fait partie de la liste des DCQ, il la conteste et veut être présent en France en août après avoir validé une navigation de près de 3500 milles en hémisphère sud (en mer de Tasmanie) à laquelle ils compte ajouter 1500 milles en France à son arrivée. Il espère alors que les organisateurs le laisseront partir, éventuellement en augmentant le nombre de partants. Mais le départ ne sera pas donné pour 100 concurrents...



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