Figaro-Bénéteau
Mises à l’eau, stages, convoyages puis Tour de Bretagne pour les Figaristes
La saison reprend enfin pour les solitaires
mardi 6 mai 2003 –
Les livraisons du chantier Bénéteau s’accélèrent enfin. Les skippers du circuit professionnel du Championnat de France des Solitaires reçoivent leurs nouvelles machines qu’ils préparent en urgence afin d’être prêts pour le Tour de Bretagne le 18 mai prochain.

A Port-La-Forêt, c’est effervescence. Les mises à l’eau se succèdent. Les monotypes de 10 mètres portent les couleurs des sponsors qui, pour la plupart, sont restés dans le circuit, malgré l’inflation des budgets. Le coût moyen d’une saison complète, circuit solitaire plus transat en double, approche les 180 000 Euros. Un coureur disposerait même d’un budget de 275 000 Euros, budget de communication comprise. Mais il ne doit pas être le seul. Le circuit Figaro qui a fait vivre de nombreux skippers avant l’explosion du circuit ORMA des multicoques de 60 pieds et celui des monocoques IMOCA reste largement rentable pour ses investisseurs. Et bien moins cher qu’une campagne partielle sur un voilier du Vendée Globe.
Dans ces conditions, de nombreux sponsors de la saison 2002 sont encore présents en 2003. Leurs skippers repartent en course avec un nouveau monotype de 100 000 Euros hors taxe. A cela il faut ajouter 15 000 Euros d’électronique et autant pour les voiles. Les marins peuvent donc être exigeants quant à la qualité des bateaux fournis par le chantier vendéen. Alors que tout le monde a quelque peu digéré les problèmes de livraison dus aux quilles du fournisseur de Bénéteau mal construites, les Figaristes acceptent mal les divers soucis encore rencontrés. Toutes les glisses des bateaux sont à refaire. Compter une bonne semaine de chantier, et donc d’immobilisation, pour gommer les bosses de la carène monotype. Il faut débourser pour cela 7 500 Euros de frais de chantier. Ou alors, il faut le faire soi-même comme Damien Grimont et Dominique Vittet qui avaient enfilé les combinaisons de papier pour poncer eux-mêmes ; samedi dernier ; la coque de leur voilier. Une bonne préparation physique !
Dans la longue liste des petits soucis, on remarque quand même des zones de coque où la fibre est non imprégnée, des joints de quille sans durcisseur… Heureusement le chantier Bénéteau intervient. Mais le temps est compté. Il y a même une quille trop large à remettre à la jauge, des fuites de ballasts… Puis encore des bouts trop longs. La mise en configuration course du nouveau monotype demande réflexion et patience. Par exemple, il ne faut pas monter la console NKE sur le mât avant le mâtage ! Après, il n’est plus possible de fixer les barres qui portent la bôme. Attention alors aux départ à l’abattée. Comme le conseille Éric Drouglazet, un des premiers livrés, il faut penser à mettre une retenue de bôme. Si celle-ci remonte d’un coup, les barres peuvent arracher la console à 2 000 Euros...
Ne parlons plus d’argent, parlons sport
Mais le principal reste la préparation de la première course de la saison, le Tour de Bretagne en double. A Port-Laf samedi dernier, Créaline (Armel Le Cléac’h) et Espoir Crédit Agricole (Gwenaël Riou) ont été mis à l’eau puis gréés. Ils rejoignent ainsi Petit Navire (Thierry Chabagny), Thalès (Erwan Tabarly), Bostik Findley (Charles Caudrelier), Actual Intérim (Yves Le Blévec), David Olivier (Éric Drouglazet) et d’autres encore.

Pour Thierry Chabagny, la saison commence bien. Il dispose enfin d’un partenariat complet avec son partenaire Douarneniste et peut compter sur son ami Corentin Douguet pour l’assister sur le tour et le Trophée BPE en fin d’année. "On a mis le bateau ce matin à l’eau" confiait-il samedi depuis le pont de son Figaro bleu et blanc. "Cela fait 15 jours que j’ai reçu le bateau. On travaille non-stop dessus depuis. On a commencé par la carène et tout ce qui est sous l’eau. Maintenant qu’il est à l’eau, on s’occupe du pont et de l’accastillage. Il faut aussi régler le mât pour aller naviguer le plus vite possible car notre première course est dans 15 jours." Comme ses futurs concurrents, il passe son temps entre son voilier et ceux qui sont déjà préparés pour repérer les premières astuces dans les différents réglages. Ensuite il faudra penser aux premiers entraînements.

Armel Le Cléac’h qui lui vient de mettre à l’eau son Créaline armé d’une décoration en forme de requin rouge y pense déjà : "Lundi, mardi (6 mai) et mercredi, on fait un stage en double. Jeudi et vendredi c’est un stage en solitaire. Samedi on navigue en équipage. Dimanche sera réservé aux derniers bricolages. Lundi on fait jauger les voiles neuves. Mardi on part en convoyage en course entre onze bateaux du centre. Mercredi soir on devrait arriver à St Malo. Jeudi, vendredi et samedi, on se préparera pour le départ qui sera donné dimanche 18 mai."

Pour la préparation de son monotype, Armel était assisté de son petit frère Ronan et de son grand-frère Gaël. Gaël, le bras droit de Roland Jourdain, dispose d’un peu de temps libre avant la remise à l’eau de Sill. Il participera donc au Tour de Bretagne lui aussi. Mais en tant que concurrent de son frère. Gaël sera l’équiper de Gwenaël Riou sur le Figaro blanc et vert du Crédit Agricole. "On part le 13 en convoyage" confirme Gwenaël. "Le bateau a été mis à l’eau il y a peu. J’ai confiance ! Et comme pour beaucoup de monde cette année, c’est un nouveau support, on se dit que nous avons plus de chances, nous les jeunes, de concurrencer les anciens du circuit. Le jeu va se faire sur l’eau !"
Le rendez-vous est pris le 18 mai prochain dans la cité corsaire pour la première étape.