Quelle déception pour Mc Kee. Le relevé des positions de ce matin semble confirmer la mise hors course du grand animateur de la Transat 650 2003. Le double médaillé olympique avait largement dominé cette seconde étape et méritait d’être le second non Français à remporter la Mini-Transat depuis la victoire de son compatriote Norton Smyth en 1979. La victoire devrait désormais se jouer entre Français. Sam Manuard, largement en tête depuis l’arrêt de Mc Kee, glisse vers la victoire promise, deux ans après sa quatrième place en 2001. Tip Top Two va vite même ! Il a couvert pas moins de 120 milles en 16 heures, soit une vitesse moyenne de 7,5 noeuds (sous réserve que les relevés non datés du site officiel soient toujours pris à la même heure !). Après Fernando, le plan Manuard a pu abattre, garder sa quille au vent, remplir son ballast au vent et envoyer la gomme. Fini le portant plein vent arrière, fini le près casse bateau. A fond ! Et cela, Manuard sait le faire comme lors du bord sous genaker du parcours de départ à La Rochelle. Manuard est désormais dans son élément.

Derrière, Tripon peut se contenter d’assurer. Ce sont deux superbes deuxièmes places qui l’attendent ! La deuxième place de l’étape car Pierre Rolland est à 71 milles. La deuxième place de la Transat 650 car… personne ne peut le menacer ! Duthil est out depuis longtemps, Mac Kee depuis peu, Rolland était loin lors de la première étape, tout comme Pella et surtout Mérigeaux est à 140 milles. Reste la course pour la troisième place entre Rolland, Pella et Mérigeaux.

La victoire d’étape chez les séries est plus serrée. Etonnant, David Raison a encore perdu 20 milles entre hier soir et ce matin sur Manuel Castilla, le nouveau leader de la catégorie. David, longtemps premier doit connaître des soucis techniques qui l’ont largement ralenti depuis quelques jours. Il est même désormais dépassé par David Sineau. Sineau qui devient par la même occasion le leader virtuel de la course. Les prochaines heures seront donc intéressantes pour étudier la route de David Raison qui pourrait revenir ou non dans la course. Ah mais si on avait de vrais informations en provenance des bateaux !

• Des images embarqués, c’est possible !

Dans l’édito de la newsletter de SeaSailSurf.com, je reviens sur l’absence de téléphone satellite à bord des minis. C’est une règle de la Classe, et donc des coureurs, qui pensent que cet outil de communication moderne est cher, ouvre la porte au routage et à l’assistance.

L’assistance comme la communication sont des mots tabous pour certains. Par exemple, si un coureur connaît des soucis techniques, on n’appelle pas son PC terre ou sa famille pour les prévenir de peur qu’ils puissent organiser une opération de secours qui lui permettrait de gagner du temps ! De même, il est interdit de posséder un téléphone portable à bord, même sous scellées. Pourtant, en cas d’escale inopportune, c’est bien pratique de pouvoir appeler le PC course et sa famille sans avoir à chercher une cabine téléphonique. Je me souviens des nombreuses escales forcées lors de la Mini-Transat 1999 avec des coureurs sans papiers, sans carte bleue et sans téléphone, arrivés dans un port de pêche espagnol. Heureusement, la solidarité des gens de mer est parfaite et les pêcheurs locaux les avaient ravitaillés. Autre exemple vécu cette année, Fred Duthil s’est organisé après son démâtage aux Canaries sans moyen de communication. Et pour cause, son portable est encore en route vers le Brésil, à bord d’un bateau accompagnateur. Fred Duval quant à lui était plus chanceux : sa femme était là avec son téléphone. Il a pu s’organiser pour réparer son mini et le rapatrier en France.

Mais avant tout, le téléphone satellite à bord serait un outil de sécurité de de communication fantastique. Pour la sécurité, combien de familles n’apprécieraient-elles pas un ou deux petits coups de fil en cours de transatlantique juste pour entendre dire "tout va bien !". Pour de nombreux coureurs, la famille n’est elle pas le premier sponsor ? Pour les partenaires financiers, une part du budget peut être allouée au prix des communications. Le skipper peut ainsi envoyer à son service de communication quelques messages pour garder l’attention de ses sponsors et leur offrir quelques retombées presse supplémentaires (surtout en presse quotidienne régionale). Mieux qu’un appel qui coûte cher, le skipper peut écrire un message sur un Palm Pilot et l’expédier par mail avec son téléphone satellite. L’image d’illustration ci-dessus montre ce qu’Erwan Abalain, le skipper du Pogo 1 Marion Noël Conseils, a pu réaliser avec la fonction photo de son Palm. Il a même réalisé des vidéos quotidiennes lors de la première étape ! Quel budget pour tout cela ? Palm, téléphone, service de communication et communications par mail : disons… 4000 €… Dix pour-cent d’un budget moyen et beaucoup moins qu’un mât en carbone de prototype !

Imaginez donc que Jonathan Mc Kee ait envoyé un texte et une image prise à bord de son mini. Déjà on serait fixé sur ses problèmes : mât ? quille ? blessure ? En plus, les images seraient diffusées partout dans la presse. On parlerait de Mc Kee, de ses partenaires et de la Transat 650 ! Comme le disait Alex Bennet, cinquième en 1999, "si j’avais su, j’aurais embarqué un téléphone satellite. J’aurais peut-être été disqualifié mais j’aurais fait assez de retombées presse et sponsor pendant la course pour trouver un budget de 60 pieds !"