Dans un vent de sud-ouest d’une vingtaine de nœuds, sous un ciel qui se couvre et des nuages menaçants, la flotte s’est élancée pour les 428 milles du parcours... à moins que la météo n’oblige à réduire l’étape en jugeant une arrivée à l’île d’Yeu, possibilité que s’est réservée le Comité de course en imposant aux navigateurs une marque de parcours sous le vent de l’île vendéenne.

La flotte, on l’a dit, s’apprête à affronter du gros temps. L’étape va être automnale, avec du vent fort, de la pluie, des rafales et de la mer. A l’avant d’un front, le vent ne va cesser de monter, avec probablement dès cette nuit un vent moyen de l’ordre de 30 nœuds, une mer forte et des rafales avoisinant les 45. Ce sera musclé, donc, et au classement général, tout est possible : il n’y a que 12 minutes entre les trois premiers : Laurent Pellecuer (Cliptol Sport), Jérémie Beyou (Delta Dore) et Pietro D’Ali (Nanni Diesel). Les huit premiers se tiennent en un peu plus d’une demi-heure et les onze premiers en moins d’une heure. Après un petit parcours côtier, les solitaires s’attaquent en ce moment à la première partie du parcours : la traversée de la Mer Celtique. Ce sera à priori un long bord de près, une course de vitesse favorable sur le papier aux leaders du général. Mais une nouvelle dépression secondaire se creuse sur les Açores et se dirige vers le golfe de Gascogne, où elle pourrait bien redistribuer les cartes avant l’arrivée prévue jeudi... Dans 48 heures, on connaîtra sans doute le nom du grand vainqueur de cette Solitaire Afflelou Le Figaro 2005.

• Echos du large

11h21’ et 57’’ : Cercle Vert de Gildas Morvan franchit en tête la bouée AGF
– Après 21 minutes et 57 secondes, Gildas Morvan est en tête de la flotte à la première bouée de dégagement AGF. Il est suivi par Foncia-TBS skippé par Armel Le Cléac’h, Thales d’Erwan Tabarly et Nanni Diesel de Pietro D’Ali.

Armel Le Cléac’h sur Foncia-TBS est premier à la Bouée Radio France
– Armel Le Cléac’h, Foncia-TBS, avait franchi la première bouée de dégagement en 2^e position. 5 milles plus tard, il prend la tête de la flotte à la Bouée Radio France, dernière marque de parcours avant la ligne droite vers la Vendée. Il était suivi par Gildas Morvan (Cercle Vert), Gérald Véniard (Scutum) et Yann Eliès (Groupe Generali Assurances).

• ETA de l’arrivée

Au vu des conditions météo annoncées sur la 4^e et dernière étape de La Solitaire Afflelou Le Figaro, les concurrents sont attendus dès jeudi matin sur la ligne d’arrivée devant Port Bourgenay.

La direction de course a par ailleurs annoncée que l’entrée dans le port de Port Bourgenay peut être délicate en cas de forte houle de sud ouest, la flotte serait alors déroutée vers le port des Sables d’Olonne une fois la ligne d’arrivée franchie.

– Michel Desjoyeaux : « il faudra voir car tous les modèles ne lui donnent pas la même force mais effectivement, elle peut très bien générer 45 nœuds quand nous passerons Penmarc’h dans la nuit de mercredi à jeudi et là nous serons au près serré ! Il sera essentiel d’être devant pour ensuite bénéficier, vers Belle Ile, du passage du front et de la rotation des vents au portant. Pour des raisons de sécurité il ne faudra pas traîner. Cela tombe bien c’est aussi ce qu’il faut faire pour la régate... »

– Liz Wardley : « C’est une étape sur laquelle il faudra garder les yeux ouverts. Le plus important sera de ne pas casser le bateau parce que ce sont vraiment les conditions idéales pour ! On ne s’achemine pas vers un parcours technique mais plus vers une course en ligne directe, une course de vitesse. Il est possible d’y arriver sans casser en y allant à fond, mais c’est prendre des risques. Il faudra faire preuve d’anticipation et changer les voiles avant qu’il ne soit trop tard pour éviter le souci technique ou la blessure. On partira au reaching, sous génois au départ. A partir de midi le vent va commencer à forcir et prendre de la droite. Je pense qu’il va falloir très vite passer à deux ris dans la grand voile et jongler entre le solent avec un ris et le tourmentin. Ca risque d’être à la limite de la survie. Il va y avoir des moments où la course passera au second plan, après sa propre sécurité. Même si avant le départ tout le monde - et surtout ceux qui ont encore à jouer sur la première place - dit qu’il va y aller la pédale dans le coin, nous savons tous qu’il faudra faire primer la sécurité. »

– Charles Caudrelier : « Il va falloir conduire le bateau, être à la barre. Je revenais sur la Solitaire pour faire une bonne place. J’ai tout à gagner, je vais me donner à fond ! Ce que je veux, c’est un podium. Je vais me battre pour faire une belle étape. La configuration de l’étape fait penser qu’il n’y aura pas de gros écarts. Par contre, il y aura quelques transitions délicates. Les différences pourront ce se faire sur les variations de vent ou même sur la casse ou les avaries. Tout cela signifie qu’il peut quand même y avoir quelques surprises. Je vais me donner à fond. J’étais un peu frustré à l’arrivée des trois étapes précédentes car j’ai mal géré les fins. Là, je vais essayer d’être meilleur. J’ai tout à gagner. »

– Jérémie Beyou : "Ca va être très chaud. Nous devrions faire un premier changement de voile dans la nuit pour troquer le génois contre le foc. Entre la pointe de Bretagne et Belle Ile ce pourrait être un peu plus mou et il faudra continuer à faire du sud-ouest. Avec de la mer et 40 nds de vent, il faudra faire la course mais il faudra aussi gérer le matériel, le bateau peut vite déraper sur une vague. Pour l’instant je ne sais pas encore comment faire pour les mettre tous derrière ..."

– Armel Tripon : « Cela va être une étape musclée. On s’attend à du vent fort. Au départ, on aura du sud-ouest 20 - 25 nœuds, puis cela va monter à 35 nœuds avec des rafales à 40 pour la première nuit de course et la journée de mercredi. En plus, il y aura une grosse houle avec une mer forte dans la Manche. Ce sera donc une véritable course de vitesse jusqu’à Ouessant. Ensuite, on attend une transition météo et le passage d’un talweg avant une seconde dépression qui sera difficile à négocier. Le vent va passer d’un sud-ouest très fort à un nord-ouest plus faible avant de revenir en force avec 35-40 nœuds de sud-ouest en fin de seconde nuit et donc sans trop de visibilité. De 12 nœuds de vent à naviguer sous génois ou spinnaker, cela va revenir d’un coup et très fort. De véritables boulets de canon ! Ensuite, il sera déjà le moment de gérer l’arrivée sur l’île d’Yeu, quelque 48 heures à peine après le départ. »