Quels sont tes sentiments à quelques jours ta première transatlantique à bord d’un trimaran ?
 Armel Le Cléac’h : « J’ai une terrible envie d’y aller. Je veux partir, quitter la terre et la cohue des derniers jours qui accompagne le départ pour entrer enfin dans le vif de l’action et de la compétition. FONCIA est fin prêt et avec Damian, on s’est très bien préparé en vue de cette course qui représente le moment fort de la saison. Pour moi, c’est d’autant plus excitant que cette traversée sera celle de toutes les nouveautés : c’est ma première transat - en équipage réduit - en tant que skipper à bord d’un tel bateau. Pour ne rien gâcher, je vais passer pour la première fois l’équateur et naviguer de l’autre côté. Le tout à 15 nœuds de moyenne ! Difficile de rêver plus beau programme, même si forcément j’ai quelques appréhensions. Voilà pourquoi j’ai vraiment hâte de partir. Pour vite évacuer... Et enfin savourer ! »

En quoi a consisté votre préparation, à Damian et à toi, pour cette grande traversée ?
 A.L.C. : « Avec Alain Gautier, qui m’a confié la barre de FONCIA, on a fait le choix de "couper" la saison 2005 en deux. La première moitié est restée vraiment focalisée sur la prise en main du bateau, largement optimisé suite au changement de la coque centrale. Si les résultats n’étaient pas forcément au rendez-vous, j’ai bien fait connaissance avec lui. Dans la seconde moitié, nous nous sommes fixés un objectif de résultat dans la Transat Jacques Vabre Transat Jacques Vabre #TJV2015 . Compte tenu que cette épreuve est réputée pour son caractère physique, nous n’avons pas ménagé notre peine pour être au top. Côté météo, on a mis en place une cellule autour de Jean-Yves Bernot (routeur), de Nicolas Troussel (tactique) et d’Alain Gautier pour sa double connaissance du bateau et de la course. »

Comment s’est faite l’association avec Damian ?
 A.L.C. : « Elle s’est faite presque toute seule. Pour ma première épreuve hauturière sur ce type d’engin, je voulais un marin d’expérience à mes côtés : quelqu’un du métier, doté d’un gros bagage technique. Damian qui dévore les milles à l’occasion des plus grandes courses a incontestablement ce profil. Il a d’ailleurs disputé la dernière édition avec Karine Fauconnier. Qui plus est, on est voisin à Port La Forêt et il était à 100% disponible. Bref, c’était la personne idéale, d’autant que nous avions déjà travaillé ensemble quand nous assistions à terre, côté météo, Karine lors de la dernière Transat anglaise. Disons que tout ça s’est plutôt bien goupillé et aujourd’hui j’ai le sentiment que notre complémentarité - faite de l’expérience du large et du multicoque de Damian et de mon sens de la régate - constitue notre vrai point fort. »

Comment vous situez-vous par rapport à vos neuf autres adversaires ?
 AL.C. : « Je suis convaincu que nous avons une très belle carte à jouer. Le plateau réuni ici, au Havre, est très homogène. Sur les 10 trimarans, huit peuvent prétendre à la victoire. Bien sûr, Groupama part grand favori dans la mesure où il a gagné tous les Grand Prix cette année. Mais, c’est aussi la première transat du bateau et les deux Franck (Cammas et Proffit, ndlr) ont la pression de ceux qui défendent leur titre. Je sais à quel point c’est difficile d’être dans cette situation ! De notre côté - et nous avons pu le mesurer sur l’eau - FONCIA est très à l’aise au large. Il nous autorise à nous placer en sérieux outsiders. »

Et vos objectifs ?
 A.L.C. : « La course est très ouverte et je ne cache pas que j’aimerais bien terminer dans les trois premiers à Bahia. Cela serait une belle réussite que j’aurais plaisir à partager avec FONCIA et Alain Gautier qui m’ont fait confiance quand ils m’ont donné la barre du bateau. »

Comment envisages-tu le double ? Est-ce du solitaire fois deux ?
 A.L.C. : « Oui et non. Damian définit le double comme de l’équipage très réduit. Il veut dire que les bateaux sont menés comme en équipage - au plus près de tout leur potentiel - contrairement au solitaire où il faut savoir en garder sous le pied. Pour ma part, je pense que le double constitue du solitaire version plus : le bateau est mené à pleine vitesse Vitesse #speedsailing dans la mesure où on sera toujours deux en cas de coup dur. Le double : c’est un peu du solitaire, un peu de l’équipage...C’est un peu des deux ! »

Toi et Damian, vous formez un équipage celte à 100 % pour cette Transat Jacques Vabre Transat Jacques Vabre #TJV2015 . N’est-ce pas quand même un peu fort de café ?!
 A.L.C : « Bien sûr, ça l’est ! Damian est irlandais, je suis breton. Les Celtes, eux, ne lâchent jamais le morceau... alors vous imaginez le tableau (rires) ! En tout cas, on saura toujours réagir... comme nos ancêtres ! »