Au départ de la Transat Ag2r à Concarneau le 9 avril, le département de la Seine Saint-Denis aura un joli visage : celui de Marine Chombart de Lauwe, qui vient d’épater son monde en prenant la 10^e place de la Transat 6.50, pour sa première traversée de l’Atlantique en solitaire. La jeune navigatrice de 25 ans va courir sous les couleurs d’une Seine Saint-Denis « entreprenante, solidaire et ambitieuse », comme le proclame le grand spi de son monocoque.

Côté sportif, ne pas se fier à son visage d’ange. Derrière le regard azur, une vraie compétitrice est prête à en découdre avec la crème du circuit Figaro. Prête aussi à partager son rêve transocéanique avec des dizaines d’enfants des écoles, via un projet pédagogique à l’image de celui qu’elle avait monté pour « la Mini ». « J’ai vraiment hâte d’être au départ. Pour l’anecdote, quand j’étais monitrice de voile à Bréhat, la Transat Ag2r j’en rêvais déjà ! » raconte la jeune femme,

Julien Branger, régatier émérite, sera aux côtés de Marine pour l’aventure. « Et tout se passe vraiment très bien, nous sommes complémentaires », assure Marine qui a intégré avec son coéquipier le prestigieux centre d’entraînement de Port la Forêt, la fabrique de champions du Finistère. « Lors des premiers stages d’entraînement, nous étions forcément un peu à la traîne et puis très vite nous avons compris des choses sur le bateau et maintenant cela va beaucoup mieux », explique la navigatrice qui s’est fixé un objectif élevé : « à la 6.50, je voulais finir dans les dix premiers et j’ai fini dixième... alors on va faire pareil, viser le top ten, même si on sait bien que c’est très ambitieux pour une première course en Figaro ». Ambitieux, ça l’est effectivement au regard de la concurrence des 30 autres équipages, où l’on retrouve des vainqueurs de Transats, du Vendée Globe, de la Solitaire du Figaro, entre autres. Des noms aussi prestigieux que ceux de Vincent Riou, Jérémie Beyou, Roland Jourdain, Armel le Cléac’h...

Nouveau bateau, nouvelle course, objectifs ambitieux... l’ex étudiante en philo et journaliste de Voile Mag’ ne veut pas pour autant brûler les étapes. Après la Transat Ag2R, elle retournera à son cher mini 6.50 pour naviguer encore et encore au large, courir notamment le Mini Fatsnet et Les Sables-Les Açores. On en n’est pas là.
Pour l’instant, ce qui se dessine ce sont 3700 milles nautiques d’aventure et de compétition hauturière à destination de l’enchanteresse île de Saint-Barthelémy. Un défi océanique pour celle que ses parents ont mis dans un Optimist à 5 ans, « pour voir » et qui ont vu ! « Moi, j’aime naviguer, être au large, en mer. Avec Julien on se prépare très sérieusement, mais surtout sans oublier ce concept de plaisir. Naviguer c’est mon métier maintenant, mais c’est aussi mon bonheur. »

Il reste 15 jours à Marine et Julien pour optimiser leur préparation, affiner les enchaînements de manœuvres, la stratégie météo, la répartition des rôles à bord... trouver ces réglages microscopiques qui permettront de tirer le meilleur parti de la toute nouvelle garde-robe du Figaro concoctée par X voiles. Plus qu’un mois avant la grande aventure. L’océan à traverser, encore. Parce que de toutes façons on n’a pas inventé grand’chose de mieux pour être heureux. Et heureuse.

Bruno Ménard / DéfiMer