
Les Sables-Les Açores-Les Sables
Avec Lobato, les séries ont eu le dessus sur les protos
Pierre Rolland premier des prototypes à la barre du D2 futur série
vendredi 22 août 2008 –
Vainqueur de la précédente édition des Sables-Les Açores-Les Sables, le Portugais Francisco Lobato réalise cette fois le grand chelem en remportant les deux étapes en temps réel parmi les voiliers de série et le classement général devant tous les prototypes ! Une première dans le circuit Mini depuis que les deux catégories existent…
Intouchable ! Le Portugais Francisco Lobato (Looking for…) qui avait déjà impressionné en 2006 alors qu’il débutait dans le circuit Mini et qu’il effectuait sa première grande course océanique après avoir pratiqué le Laser à haut niveau, a frappé fort cet été entre Les Sables et les Açores… Fort de deux saisons de mise en jambe, il s’est imposé magistralement en reléguant le premier prototype (mais futur voilier de série…) classé à plus de treize heures ! Pourtant les conditions étaient plus que favorables aux Mini plus légers, plus puissants, plus toilés, mais la première étape a décapité la flotte : manque de préparation, avaries de gréement, d’appendices, d’énergie ou de pilote, abordage… ont eu raison de trois des derniers-nés des prototypes tandis que ceux qui restaient encore en course étaient soit des Mini d’ancienne (voir de très ancienne génération :1991-92), soit ont connu moult déboires sur cette première étape particulièrement sollicitante pour les machines.
Plus de huit noeuds de moyenne !
Il ne restait donc pas vraiment d’opposition pour Francisco Lobato parmi les prototypes puisque seul Cultisol-Institut Curie (Stéphane Le Diraison) et Kickers (Sébastien Picault) semblaient en mesure de tenir tête à la cadence infernale imposée par le Portugais. Mais le premier se voyait contraint à l’abandon suite à des soucis de barre de flèche et ralliait La Corogne, tandis que le second devait faire face à de multiples petites avaries qui l’obligeaient à s’arrêter plusieurs fois pour réparer… Francisco Lobato devait donc surveiller sur ce parcours retour entre Horta et Les Sables d’Olonne, essentiellement Pierre Rolland (D2-Marée Haute) arrivé une heure derrière lui aux Açores, et Jérôme Lecuna (I feel good) qui concédait un peu moins de deux heures, les autres solitaires étant à plus de huit heures.
Mais rapidement le vainqueur de la première étape donnait le rythme et lâchait Pierre Rolland tandis que Jérôme Lecuna devait parer des problèmes d’énergie et de pilote… L’affaire était entendue car le Portugais avait particulièrement bien préparé son bateau et sa course en ne faisant aucune erreur d’appréciation, de trajectoire, de manoeuvre ou de barre : Looking for… arrivait aux Sables d’Olonne avant même le lever du jour jeudi, avec douze minutes d’avance sur le prototype de Sébastien Picault qui réalisait un beau retour malgré tous ses ennuis à répétition. Un peu plus de six jours et demi pour avaler les 1 270 milles entre Horta et la Vendée à une moyenne de 8,12 noeuds ! Et un score sans appel : victoire pour la première étape et pour la seconde en temps réel, victoire avec treize heures de marge sur le second voilier de série et le premier prototype…
A suivre à quelques minutes…
Les places pour le podium parmi les voiliers de série étaient a contrario âprement disputées car quatre solitaires en finissaient avec le golfe de Gascogne à quelques milles les uns des autres ! Et si on attendait le Britannique Oliver Bond (Base Camp) pour s’adjuger la seconde place au classement général, une mésaventure de dernière minute changeait la donne : voulant récupérer un peu de la fatigue accumulée avant d’atterrir, le Britannique s’endormait… pour se réveiller brutalement sur les roches du phare des Barges ! Heureusement, le skipper se sortait rapidement de ce mauvais pas même si le bateau avait un peu souffert structurellement, mais la perte de temps d’une demie-heure suffisait à lui faire perdre aussi sa deuxième place au général… C’est donc Charlie Dalin (Antalis) qui réalise ce joli hold-up après une course prudente mais parfaitement gérée en ne concédant que sept minutes à l’arrivée aux Sables d’Olonne. A suivre, l’Italien Riccardo Apolloni (MaVie pour Mapei) marquait l’entrée en force des étrangers au tableau d’honneur avec une trajectoire remarquablement maîtrisée.
Au milieu de la matinée, Damien Guillou (Demi-Clé) et Mathis Prochasson (Manu Poki) apportaient sur les pontons une grande bouffée d’écume : tout sourire malgré de nombreux bricolages à effectuer pratiquement tous les jours (safran, drisse, bout dehors…), ils racontaient avec enthousiasme et chaleur leurs surfs à près de vingt noeuds sur une mer creusée et déferlante… Que du bonheur ! Le temps s’écoulait mais le vent qui devait tomber dans l’après-midi restait finalement au rendez-vous et dans une brise d’une quinzaine de noeuds de secteur Ouest, les arrivées se succédaient par vagues successives. Avec des écarts parfois ridicules… Ainsi entre Pierre Rolland et Jérôme Lecuna, seules quatre minutes les séparent alors que Pierre-Yves Lautrou ne leur concède que vingt minutes !
Le reste de la flotte va donc bénéficier de ce vent installé à l’Ouest qui va progressivement tourner vers le Nord, ce qui ne devrait pas trop ralentir les poursuivants, sauf ceux qui sont vraiment en queue car une zone orageuse va les prendre dans sa nasse la nuit prochaine : une nuit qui s’annonce extrêmement dure à vivre et très lente, surtout lorsque les skippers sont en panne d’électricité à l’image de Maxence Desfaux (Matmut), Marine Feuerstein (C20), Luc Le Pape (Lop Lop)…
Info Presse : Isabelle Delaune / www.lessables-lesacores.com / www.sportsnautiquessablais.com

Déclarations de skippers
– Charlie Dalin : « Super ! Je finis second au classement général des voiliers de série…C’était un match complètement différent de la première étape : je n’ai pas pu forcer sur le bateau parce que j’avais des problèmes avec mes ferrures de safran et connaissant l’avarie de Fabien Sellier qui a cassé une pelle, je suis devenu un peu paranoïaque ! Je n’ai pas autant allumé que les premiers car j’ai beaucoup navigué sous gennaker au lieu de mettre le Code 5. Mais j’ai un peu repris confiance vers la fin du parcours pour terminer plus vite. C’était bien, au portant tout le temps et en moins de sept jours ! »
– Sébastien Picault : « A l’aller, une grande claque dans la figure, et au retour, un grand coup de pied aux fesses ! C’est allé très vite… Mais le départ des Açores s’est mal passé pour moi parce que j’ai eu une avarie sur une pièce en carbone de la quille qui m’a obligé à m’arrêter quatre heures en pleine mer pour réparer : j’ai pris du retard sur Stéphane Le Diraison et j’ai couru après lui pendant toute la course… C’est la première fois que je termine une course Mini à la première place puisque je cours avec les prototypes et je suis super content que ce soit Francisco qui remporte l’épreuve ! »
– Pierre Rolland : « Mon résultat est satisfaisant avec un bateau neuf qui a peu navigué auparavant : je n’envisageais pas du tout de finir premier des prototypes ! C’est surprenant mais il y a eu des conditions dures et un prototype est par nature plus fragile qu’un voilier de série. Il faut être plus vigilant, cela demande une mise au point plus importante, et je pense que le niveau des skippers en série est élevé avec des solitaires qui naviguent sur leur bateau depuis des années : les voiliers de série sont bien au point. Ce sont aussi des machines plus simples, plus faciles à mener : virer de bord sur un prototype, c’est compliqué, long, fastidieux et risqué parce que la moindre erreur dans l’enchaînement et tu casses quelque chose. Sans compter quand tu pars en vrac avec la quille et le mât sous le vent ! Pourquoi on constate cela plus aujourd’hui qu’auparavant ? Je pense que le niveau moyen est plus élevé en voilier de série, avec plus d’expérience, plus de milles et plus de mise au point. Et le gros temps ne pardonne pas côté préparation ! »
– Pierre-Yves Lautrou : « Je n’avais jamais vu l’Atlantique comme ça ! Six mètres de creux, un ciel incroyable : un spectacle extraordinaire… Je ne sais pas comment font les solitaires du Vendée Globe qui restent des semaines dans cette atmosphère ! Il faut du Valium : moi ça n’a duré que quatre jours mais quand tu te lèves le matin et que tu vois ce gris partout. J’ai joué la sécurité : j’ai saturé parce que cela fait dix ans que je fais du Mini, à matosser, à régler des voiles, à me faire tremper…Même s’il y a eu des moments de glisse superbes ! Et à la barre, c’était top. Je suis content d’avoir fait cette course mais je vais faire une pause, je vends mon Pogo-2 et je naviguerais sur le bateau des autres. Les courses océaniques, c’est trop long pour moi… »
– Damien Guillou : « Les conditions de navigation au retour étaient un peu les mêmes qu’à l’aller, sauf que cette fois, le vent venait de derrière ! Ca poussait et ce n’est plus le même tempo… On a fait des gros runs en permanence, mais il y a quand même des moments où on ne pouvait plus spier parce que c’était trop fort ! Presque deux jours sous grand voile à deux ris et foc solent mais le bateau marchait tout de même à douze nœuds… Et quand je renvoyais le spi, il ne fallait pas compter sur le pilote. C’est une bonne expérience ! Nous avons vécu un peu les deux extrêmes entre l’aller et le retour…Mais je suis bien content de rentrer et les bateaux sont fatigués à force de petites avaries qui prennent de plus en plus d’importance au fil du temps… »
Toutes les interviews des coureurs sont sur le site : www.lessables-lesacores.com/breves
Arrivées aux Sables d’Olonne
– 1-Francisco Lobato (Looking for…) jeudi à 3h 15’ 00’’ en 6j 12h 15’ 00’’
– 2-Sébastien Picault (Kickers) jeudi à 3h 27’ 02’’ en 6j 12h 27’ 02’’
– 3-Oliver Bond (Base Camp) jeudi à 7h 30’ 08’’ en 6j 16h 30’ 08’’
– 4-Charlie Dalin (Antalis) jeudi à 7h 37’ 58’’ en 6j 16h 37’ 58’’
– 5-Riccardo Apolloni (MaVie pour Mapei) jeudi à 8h 03’ 42’’ en 6j 17h 03’ 42’’
– 6-Damien Guillou (Demi-Clé) jeudi à 10h 32’ 50’’ en 6j 19h 32’ 50’’
– 7-Mathis Prochasson (Manu Poki) jeudi à 13h 31’ 20’’ en 6j 22h 31’ 20’’
– 8-Pierre Rolland (D2-Marée Haute) jeudi à 15h 31’ 15’’ en 7j 00h 31’ 15’’
– 9-Jérôme Lecuna (I feel good) jeudi à 15h 34’ 05’’ en 7j 00h 34’ 05’’
– 10-Pierre-Yves Lautrou (Altaïde Moovement) jeudi à 15h 53’ 40’’ en 7j 00h 53’ 40’’
Temps de course cumulé sur deux étapes (voiliers de série)
– 1- Francisco Lobato (Looking for…) en 18j 20h 50’ 49’’
– 2- Charlie Dalin (Antalis) en 19j 09h 07’ 03’’
– 3- Oliver Bond (Base Camp) en 19j 09h 41’ 38’’
– 4- Jérôme Lecuna (I feel good) en 19j 10h 56’ 34’’
– 5- Damien Guillou (Demi-Clé) en 19j 14h 21’ 19’’
– 6- Riccardo Apolloni (MaVie pour Mapei) en 19j 20h 26’ 20’’
– 7- Pierre-Yves Lautrou (Altaïde Moovement) en 19j 22h 47’ 38’’
– 8- Mathis Prochasson (Manu Poki) en 20j 11h 11’ 10’’
Temps de course cumulé sur deux étapes (voiliers prototypes)
– 1- Pierre Rolland (D2-Marée Haute) en 19j 09h 57’ 00’’
– 2- Arnaud Vasseur (Nat’Che) en 20j 05h 37’ 21’’
– 3- Sébastien Picault (Kickers) en 21j 02h 48’ 23’’