TROPHEE JULES VERNE
Orange veut déloger Enza entre Ouessant et l’équateur
vendredi 8 mars 2002 –
Nord-Nord Est, Nord Nord Est ! Depuis 4 jours, le vent souffle ostensiblement dans l’axe arrière de la course du maxi catamaran Orange. 4 jours de combat et d’incessantes manoeuvres pour l’équipage à la recherche permanente d’angles de vent favorables à enfin lâcher la puissance du catamaran Orange. Mais le vent vient de l’arrière, et sous grand gennaker, les vitesses, plus qu’honorables, compensent à peine les milles inutiles couverts à tirer des bords de portant. " Les conditions ne sont pas " mauvaises " explique Bruno Peyron, " elles ne sont simplement pas idéales à réaliser de grandes vitesses. " Les alizés aux abonnés absents ont laissé place au large de la Sierra Leone à de petits airs, instables en force et obstinément orientés dans le dos du bateau. Devant les étraves d’Orange, les masses d’air chaud et humide de l’équateur écrasent la mer, et la pression quittera peu à peu, à compter de cette nuit, les voiles du cata géant. Restent les hommes, et leur magique habilité à tirer la quintessence des éléments : " Nous avons à bord quelques orfèvres et beaucoup d’artistes " décrit Peyron, " Les orfèvres cisèlent avec trois fois rien les pièces souvent vitales à la bonne marche du bateau ? les artistes sont à la barre. Ils font corps avec le bateau, respirent au rythme des vagues et créent à chaque coup de barre la relance et l’accélération qui maintiennent des vitesses supérieures à celle du vent !"
Pour s’appuyer davantage encore sur les 12 noeuds de vent qui règnent sur l’eau, Orange a infléchi cette nuit sa route au Sud Est. L’équateur sera franchi par 26 ° de longitude Ouest. " Une bonne porte " selon Gilles Chiorri pour contourner l’autre " monstre " de l’hémisphère sud, l’anticyclone de Sainte Hélène.
Ils ont dit :
Bruno Peyron : " Les quarts s’enchaînent avec application. Le moindre degré est négocié, les meilleurs barreurs de relance se relaient pour ne rien lâcher. La direction du vent est mauvaise, mais il faut passer et gagner le moindre mille vers le sud. "
" Flash back : 1 heure 43 cette nuit, sous grand voile et gennaker maxi, 12 à 14 noeuds de vent ; soudain ! grand bruit en tête de mât. Abattée en grand, difficile de voir ce qui se passe. Le guindant du gennaker est mou. On l’enroule, l’affale, le reacher à sa place. Florent Chatel grimpe en pleine obscurité en tête de mât ; l’émerillon de la drisse a explosé ? réparation expresse, renvoi du gendarme, affalage du reacher... c’est reparti. Le tout aura duré 1 heure. "
Philippe Péché :" Dans le petit temps, il faut relancer le bateau en permanence. C’est un exercice délicat qui sollicite tous les membres du quart pour coordonner les mouvements du barreur avec la tension des voiles et l’angle de la dérive. Cela exige beaucoup de concentration. On sort du quart de barre épuisé... "
Gilles Chiorri :"Demain soir à l’équateur ! Nous essayons de conserver une trajectoire la plus tendue possible jusqu’à l’équateur. Plus de milles inutiles. Nous sommes suffisamment à l’ouest pour bien entrer dans l’hémisphère sud."
Denis van den Brink / Mer & Media / Orange
Voir la carte du tour du monde : Geronimo vs Orange
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