Transat Jacques Vabre

Yves Le Blévec : "Il était fondamental de terminer cette course"

dimanche 20 novembre 2011Redaction SSS [Source RP]

Yves le Blevec vient de remporter la Transat Jacques Vabre avec Samuel Manuard en Multi50. Yves le Blevec, le vainqueur de la Transat 6.50 en 2007, double co-détenteur du Trophée Jules Verne, signe là sa première victoire en double, sur une Transat des plus exigeantes.


Actual a parcouru 1341 milles de plus que le vainqueur Imoca Virbac-Paprec 3, soit 6508 milles pour Actual. La moyenne d’Actual sur ce parcours effectif est de 15,31 noeuds, et de 13,66 noeuds pour Virbac - Paprec 3 sur un parcours effectif de 5167 milles.

INTERVIEW D’YVES LE BLEVEC

As-tu retrouvé la confiance dans ton bateau ?

Je me suis enfin retrouvé dans une logique de performance sans être pollué par d’autres soucis. Depuis que nous sommes partis nous essayons de naviguer toujours de la même façon en faisant attention au bateau. O n s’aperçoit tout de même d’une usure importante sur les bateaux.

Avez-vous eu de la casse ?

Rien qui ne nous ait empêché d’arriver. Mais un problème de tissus abimés sur un flotteur, une grand voile au bout du rouleau, elle est de 2010 et a aussi pris un coup de vieux dans le démâtage. Et il y a un jeu énorme dans le safran de la coque centrale.

Le plus dur ?

Tout a été dur, les premiers jours c’était assez violent et ensuite il a fallu choisir des trajectoires assez compliquées dans une météo assez complexe , pour finir dans des conditions hyper instables pour une arrivée qui n’en finissait plus. C’est un peu long la fin, on a un peu l’impression d’arriver dans un trou profond, il n’y a plus de vent, plus de ciel bleu, des nuages, il fait très chaud, avec d’énormes nuages noirs qui arrivent d’on ne sait où. Ce n’est pas l’idéal pour régater.

L’entente avec Sam ?

Forcément, en double, on rentre dans l’intimité de l’autre. L’un et l’autre nous sommes suffisamment construits pour identifier nos limites. Il y a un côté vraiment intéressant dans le partage, c’est un peu l’équivalent d’un équipage sur un Trophée Jules Verne mais en plus condensé.

Sam est quelqu’un de super régulier, très stable. Il a une forme de sérénité quand je m’emporte un peu ou que je m’inquiète. Sam est facilement plus pragmatique et moins emporté par ses émotions que moi.

Comment as-tu vécu ce parcours, rallongé de 600 milles pour les Multi50 ?

Je suis capable de le comprendre mais le vivre c’est vraiment lourd, parce qu’on voit les Imoca passer devant, on rallonge la route et ce n’est pas logique. Ce n’est pas bien vécu à bord mais c’est compliqué à gérer entre les classes.

Quand as-tu cru à la victoire ?

Il était fondamental de terminer cette course. Il nous est arrivé des misères, cela a été usant pour le matériel, le sponsor, pour moi. Terminer était clairement l’objectif affiché. La casse parmi les Multi50, cela a été brutal à apprendre pour nous. Mais nous avons continué sans rien changer à notre façon de faire. J’espère que la bagarre avec Maître Jacques a été sympa à suivre ! Dès le troisième jour, nous étions seuls avec lui. La victoire était à notre portée mais cela me dérangeait toujours d’y penser. Je ne peux pas concevoir que cela apporte quelque-chose de vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué.

Vous avez pris le départ avec un mât tout juste réparé ?

Il y a énormément d’aléas possibles sur ces bateaux. Ce sont des machines complexes. A bord d’Actual, pour gagner, il y avait Sam et moi mais il y a des personnes qui travaillent super bien à côté, Ronan, Sandrine, qui sont aussi responsables de cette victoire. S’il n’y avait pas eu le professionnalisme de Ronan, aujourd’hui nous ne serions pas au Costa Rica. Il faut être beaucoup plus que deux pour gagner ...

INTERVIEW DE SAMUEL MANUARD

Le stress te touche souvent ?

Je ne suis pas stressé, mais Yves l’est certainement plus que moi ! Je n’ai pas le même stress que lui. C’est vachement marrant, il a besoin de cet état pour avancer.

Comment as-tu vécu cette course ?

Je suis super content, avec Yves c’était super sympa, on a passé de super bons moments et c’était très riche du point de vue de la navigation. J’ai appris plein de choses. On a eu beau s’entraîner avant le départ, j’ai découvert plein de nouvelles situations pendant la course. Barrer c’est un feeling d’enfer, je suis hyper content d’avoir fait cela.

Les relations avec Yves ?

Dans la course, il faut avoir un liant autre que la pure marche du bateau. Nous discutions des bateaux, d’architecture, des bateaux que nous avons aimés.

Comment se sont déroulées les dernières heures ?

J’essaie toujours de positiver notamment quand nous avons eu des conditions avec des vents erratiques. Je me disais qu’il fallait en profiter au maximum de ces dernières heures, même si j’avais hyper envie d’arriver !

 Info presse Kaori / www.teamactual.eu

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