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Du grand large à la plage : Toute l’actualité des sports de glisse depuis 2000

TROPHEE JULES VERNE

Orange glisse lentement vers le nord-ouest

jeudi 25 avril 2002

e cap suivi par le maxi-catamaran Orange glisse lentement vers le nord-ouest... Le géant Marseillais se voit aujourd’hui contraint et forcé d’incurver sa route vers le continent américain. Si la première raison est à terme de contourner le gros anticyclone des Açores par l’ouest, il doit faire face aujourd’hui à un vent de nord de 12 noeuds qui l’oblige à faire... du près. L’allure maudite et tant redoutée compte tenu de l’avarie survenue ces jours derniers. Et le géant se doit de lever le pied à défaut de lever la coque au vent. Tous les sens sont en éveil, l’attention à la barre est à son maximum et le réglage des voiles est prioritaire. Le but : éviter de faire taper le bateau dans cette fichue mer de face...

On entend un petit " bang " au moment de la vacation... " Je vous rassure : le pommier est toujours debout ! " lâche Bruno. En fait, le petit bruit sec n’est autre que celui du bateau qui tape dans la vague... " Et c’est exactement ce qu’on n’aime pas, poursuit le skipper. Nous sommes entrés dans le Pot au Noir hier et maintenant nous avons un vent de nord, soit de face, de 12 noeuds avec une mer résiduelle assez étrange. Normalement, nous devrions avoir un vent d’est qui correspondrait logiquement aux alizés de l’hémisphère Nord et là, nous avons un vent pile de face... ". A ne rien y comprendre si ce n’est qu’une sale petite dépression est en train de naître au large de Dakar, source de perturbation de ce fameux alizé de nord-est...

Mais si Bruno reste calme, on sent et on sait que c’est exactement les conditions de navigation qu’il ne faut pas. Ce vent de face associé à cette mer qui va avec ne conviennent absolument pas à Orange qui doit aujourd’hui se nourrir de vents portants et de mer venant de l’arrière pour ne pas faire souffrir la rotule en titane fissurée à 50% du pied de mât. De ce fait, l’équipage se doit de réduire la voile en prenant un ris dans la grand voile et en envoyant la trinquette, là où il devrait avoir tout dessus. Frustrant, diablement frustrant...

" La situation est dramatiquement simple concède Bruno, philosophe. Nous n’avons pas d’option à tenter puisque nous devons aller chercher les vents portants là où ils se trouvent. Nous allons faire une grande boucle vers l’ouest, soit tenter de naviguer dans du vent de travers dans les alizés, puis attraper le vent portant qui tourne autour de l’anticyclone ". Inutile de dire et de constater que le maxi-catamaran Orange ne va pas suivre une trajectoire tendue sur Ouessant comme avait pu le faire Olivier de Kersauson ou même Club Med vers Barcelone. Cette grande boucle devrait même les emmener à proximité du grand arc antillais. " La distance que l’on va faire en plus est effectivement la grosse difficulté à venir, lâche Philippe Péché que l’on sent déçu. Et, nous estimons que nous allons faire 25% de route en plus pour rejoindre la France ". Mais qu’importe, Bruno, plus décidé que jamais, conclue : " Et si on doit perdre un ou deux jours, on les perdra. Ce qui est important c’est d’arriver et de ramener le Trophée Jules Verne ! ".

Ils ont dit :

Bruno Peyron : " D’une minute à l’autre, nous pouvons changer de décision compte tenu de l’avarie. Et le fait de passer très ouest nous mènera à environ 1500 milles des Antilles. Pour des questions de sécurité, c’est toujours bon à savoir !".

Philippe Péché : " Oui c’est vrai que c’est frustrant. L’an dernier avec Team Adventure dans The Race, nous avions attaqué dix fois plus et nous remontions sur une coque face au vent au même endroit ! C’est rageant... "

Pierrick Garenne / Mer & Média



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