Neptune Gagner avec Parkinson
Golden Globe Race : L’équipage de Tanneguy Raffray a bouclé son tour du monde
jeudi 18 avril 2024 –
Peu avant minuit, le 15 avril 2024, Neptune sort de la nuit noire. Il a franchi la ligne d’arrivée de la quatrième étape de l’OGR située devant Cowes. Il y a 8 mois, le 10 septembre 2023, il a laissé ce même village de l’ile de Wight dans le sillage. Sous grand voile à un ris et génois lourd, éclairé par les projecteurs des bateaux accompagnateurs, il glisse vers le ponton où attendent une bande d’admirateurs. Sur le pont, ils portent encore leurs habits de lumière : cirés rouges, bottes et harnais de sécurité. Ils ont fait, en course, le tour de la terre !
Pour cette quatrième étape, Neptune a quitté Punta del Este depuis 41 jours et 4 heures et couvert 6 900 milles. Comme prévu, c’est la plus difficile des étapes, non pas pour son coté physique, sa rudesse, mais pour ce qui concerne le choix de la route et l’aspect « nav » calculé au sextant. Trois grandes parties marquent ce parcours compliqué. Le premier s’est joué dans une météo difficile le long de l’Argentine avec des vents très irréguliers. Le second consistait à traverser la région du pot au noir -calmes, orages, surventes et grains- le plus efficacement possible et à l’endroit le moins large. Pour la troisième partie, il fallait négocier l’anticyclone des Açores, avec, plus tard, les dépressions d’ouest qui viennent de l’Atlantique lécher les côtes européennes. A ce jeu, Neptune a fait fort. Se tenant volontairement dans l’ouest de la route, il a bénéficié de meilleures conditions de vent en traversant l’archipel des Açores et à recoller aux bateaux de tête. En continuant de jouer l’ouest, il a pu accrocher une dépression en provenance de l’Irlande et naviguer sous spi à une dizaine de nœuds pour entrer en Manche. Résultat : une belle place de quatrième en temps réel, conservant l’avantage sur Maiden.
Où sont ses concurrents directs ? Esprit d’équipe avec une très belle seconde place est devant, ainsi que Spirit of Helsinki qui finit troisième. Maiden, le bateau des filles est derrière, à la cinquième place. Pen-Duick VI, jouant de sa taille (22,25 m), s’est envolé après avoir été longtemps englué dans les calmes de l’équateur. Skippé par Marie Tabarly, il franchit logiquement la ligne en vainqueur. Une victoire symbolique quand on se souvient qu’Eric Tabarly, son père, l’avait conçu, avec André Mauric, pour la première Whitbread, celle de 1973. Il était parti favori, mais deux démâtages successifs l’avait malheureusement contraint à l’abandon.
Les conclusions de cette grande boucle de 26 000 milles, vécue sur les océans du monde à l’occasion d’une parenthèse de vie enchantée seront tirées après que l’émotion de cette arrivée historique se soit apaisée. Les vingt marins qui se sont succédés à bord de Neptune autour d’un noyau dur composé de quatre permanents en tireront les enseignements. Il est fortement question de faire un film sur l’aventure de Neptune sous l’œil avisé de Pierre Maxime, le caméraman qui a embarqué sur l’étape du cap Horn. Un livre est également en préparation aux éditions Glénat pour laisser une trace écrite de ce moment d’exception. Dès l’arrivée, sur le ponton de Cowes, Bertrand Delhom a dit fièrement au nom de ses équipiers : « Nous avons gagné. Si le résultat de cette course sportive est primordial, nous avons aussi gagné celui que nous nous étions fixés en parallèle : faire profiter de notre exemple à des milliers de personnes que la maladie a cloué à terre. »
Daniel Gilles, journaliste et écrivain
Les premiers mots de Tanneguy Raffray, skipper de Neptune Gagner avec Parkinson
“Faire ce tour du monde avec la présence de Bertrand à nos côtés a été particulièrement émouvant. Sa discrétion, malgré les difficultés, étonne et suscite une réflexion sur le sens de la vie. Il nous enseigne à nous, mais également à ceux qui sont frappés par la maladie et qui suivent l’aventure de Neptune, que la générosité, le don de soi, peuvent changer des existences. Ensemble, nous avons saisi la chance de l’embarquer : celle de créer un projet dédié à ceux qui ont besoin d’espoir. Il s’agit sans doute pour moi de la plus grande satisfaction pour un soignant”