Catamaran de sport
Hugo Lavayssière et Joris Cocaud : La Manche en 7 heures 11 minutes
"Nous comptons bien trouver une autre opportunité pour tenter de battre le record"
jeudi 17 juillet 2014 –
Hugo Lavayssière et Joris Cocaud ont réalisé une traversée la Manche en catamaran de sport dimanche 13 juillet 2014 ! En 07h11mn, ils ont rallié Roscoff, après un départ de Plymouth à 9h49. S’ils n’ont pas battu le record de Defert et Durand, ils ont réalisé une belle performance qu’ils nous racontent.
Ce record est, à l’origine, le record Brittany Ferries : une traversée de la Manche à son endroit le plus large, soit 100 miles nautiques. En 2011, Yvan Bourgnon et Karine Baillet sont les premiers à montrer la voie, sur un catamaran de sport, en 7h42 min. Le record Brittany Ferries n’avait jamais été tenté sur un bateau aussi petit auparavant. En 2013, Pierre-Yves Durand et Eric Defert traversent en 6h57 dans des conditions musclées.
La semaine précédant cette traversée, notre équipage était au Championnat du monde de F18 à Bangor en Irlande du Nord. Pour notre deuxième régate ensemble avec Joris, nous prenons nos marques et le début du championnat est difficile tactiquement. Nous avons une bonne vitesse mais nous n’arrivons pas à prendre de bon départ et ce, sur toute la durée du championnat ! Le niveau était élevé, 8 vainqueurs de manche différents sur les 15 courues en 5 jours. Nous nous classons 31e et notre meilleure manche est 14e. Ce fut une très bonne expérience, on a beaucoup appris et noté les points à travailler cet hiver ! Nous reviendrons plus forts, il faut engranger de l’expérience sur ce support pour faire face aux meilleurs et leurs heures de navigation. L’ambiance à terre est très amicale, il est facile d’échanger afin de comprendre, analyser et progresser.
Durant le mondial nous avons suivi l’évolution de la météo. La fenêtre météorologique idéale pour la traversée de la Manche était dimanche 13 juillet. Les modèles donnaient sensiblement la même chose : vent de Nord Ouest 12-14 nœuds, rafales à 18 nœuds, état de la mer idéale avec une houle de moins de 1m. L’état de la mer est un facteur très important pour la vitesse du bateau. Plus la mer est importante, plus il est difficile de tenir des moyennes élevées. Toutes les conditions étaient réunies pour faire une belle traversée, les routages donnaient une traversée en 6h30min à une vitesse moyenne de 15.5 nœuds.
Nous avons déchargé le bateau la veille du départ dans une marina de Plymouth, notre « logisticienne » prenait le ferry le soir même pour Roscoff avec la remorque, il n’y avait donc pas d’échappatoire. Le lendemain nous devions traverser. Stressant et existant à la fois. Les obligations et la mer ne font pas bon ménage…
Après une nuit peu confortable (tous les hôtels de Plymouth étant complets à cause d’une compétition de natation) nous bouclons notre sac étanche rempli de nos affaires, répartissons le matériel de sécurité, attachons le sac et les bers au bateau : c’est parti !
Les conditions sont au rendez-vous. Grand soleil, le vent a tourné dans la nuit, comme prévu, et le ciel est dégagé. La veille, lorsque nous montions le bateau, un front passait au dessus de Plymouth avec un vent de Sud et des grains humides… pas idéal pour une route au 175° !
Nous sortons de la baie de Plymouth au travers, puis envoyons le spi, ca y est nous sommes dans le vif du sujet. Si nous partons pour 100 miles en F18, c’est pour les passer au portant sous spi ! Un rêve, ces bateaux sont tellement agréables sous spi !
Double trapèze sous spi durant la première 1h30, puis le vent est monté autour de 18–20 nœuds, ne nous permettant plus de tenir la route avec le spi. Ces bateaux restent cependant très rapides au travers. Nous avons dessalé lorsque le vent est monté, un peu d’inattention à ces vitesses et la faute est vite arrivée. Avant notre dessalage, la vitesse moyenne était autour de 16 nœuds.
Après 1h de travers, sans le spi, le vent a adonné et nous n’avons plus lâché le spi jusqu’à 15 milles de l’arrivée. Le vent a ensuite refusé et faibli à l’approche de la côte, faisant tomber notre moyenne instantanée autour de 10 nœuds. Nous passons finalement la ligne à 17h00. Nous perdons donc le record de 14 minutes avec ces faits de mer.
Nous comptons bien trouver une autre opportunité pour tenter de battre le record ! Du spi, nous en redemandons encore et encore !
Nous étions équipés d’un Shockwave Mk2 dessiné par Yves Loday et distribué par Sirena Voile un catamaran F18 de 5,5m de long sans cabine. La Formule 18 est une série internationale réputée, à l’origine, une initiative française afin de régater sur des parcours côtiers. Le shockwave est à l’aise dans les allures débridées permettant « d’attaquer » sereinement, parfait pour une traversée de la Manche prévue au vent de travers et au largue.
Voir en ligne : Info Hugo Lavayssière