« Ne jamais blâmer une contrariété, lance le pilote du catamaran français, « Ce que nous avons appris en restant à terre* sur ce début de saison est assez inestimable que ce soit au sujet de la communication coach-bateau ou sur nos adversaires ! Notre ambition est claire : soulever le trophée en fin de saison. »

Reste néanmoins que Sydney est un challenge à part entière pour l’équipe de France qui n’a pu récupérer son nouveau bateau que ce jeudi. Mis à l’eau hier, le catamaran à foils aux couleurs de ses partenaires réengagés, au premier rang desquels le groupe Accor et sa marque All.com, n’a navigué que quelques heures ce vendredi.

« Même si la courte navigation du jour s’est bien déroulée. Entrer en compétition avec un bateau à peine sorti du chantier et donc très peu fiabilisé, est une contrainte. Nous espérons ne pas faire les frais de soucis techniques. » soulignait Bruno Dubois au retour de la ‘practice race’.

Rappel du contexte et premières sensations

Nous les avions quittés mi-juillet 2024 à San Francisco. Ils avaient ensuite pris leurs quartiers à Barcelone pour disputer l’America’s Cup. Les voici de retour aux affaires sur ce championnat international de très haut niveau qui entame sa septième année d’existence. Privés de leur F50, suite à un problème structurel sur l’aile lors de sa construction ; le bateau n’a pu être livré aux tricolores dans les temps. Aujourd’hui, Les Bleus ont enfin pu retrouver l’arène du Rolex SailGP à bord de leur rutilant F50 pour une première journée d’entrainement quelques heures après la première mise à l’eau.

Quentin Delapierre "Nous avons eu très peu de temps pour les tests du nouveau bateau ce matin, donc c’était un peu dur à encaisser... Ensuite, j’ai senti que le bateau fonctionnait suffisamment bien pour que nous puissions participer aux courses d’entraînements cet après-midi. C’était un peu engagé parce qu’il y avait beaucoup de vent, mais tu n’as pas beaucoup de choix avec SailGP, il faut repousser les limites. Nous avons appliqué tout ce que nous avions appris pour remonter dans la flotte et c’est vraiment positif. Nous avons un très bon feeling avec la plateforme, des bons appuis, je pense aussi que nous avons la bonne philosophie de réglage, on s’est sentis plutôt à l’aise à la vitesse. Nous devons juste gérer un peu la frustration de ne pas avoir eu de temps d’entraînement. En tout cas avec les nouveaux T Foils, ça va aller encore plus vite, au près comme au portant ! Les records de vitesse vont tomber. Au-delà de cela, ces foils permettent de mieux contrôler les phases de dérapage du bateau et sont plus tolérants pour les flight controller qui auront la partie plus facile".

Nouveaux visages sur le paddock

Il a fallu attendre la mise à l’eau hier pour découvrir le F50 français paré de son élégante robe bleue nuit, rehaussée de liserés dorés. Un nouveau look qui s’accorde avec de nouveaux influx que le pilote Quentin Delapierre souhaitait donner à son équipe. Trois nouvelles recrues viennent apporter fraîcheur et talent au très solide collectif déjà en place. Philippe Mourniac – directeur des Equipes de France de voile olympique pour Paris 2024 et complice de longue date de Quentin et Kevin – devient « head coach » aux côtés de Thierry Douillard.

« Il arrive avec de nouvelles idées sur la cohésion d’équipe et sur notre approche de la compétition. Il aura aussi un rôle tactique et stratégique depuis la coach booth (la zone à terre où officient les entraîneurs) d’où il est possible de communiquer avec le bateau pendant les courses » précise le pilote de France SailGP Team.

La championne Camille Lecointre - double médaillée de bronze aux JO, championne du monde et triple championne d’Europe de 470 - sera désormais le binôme de Manon Audinet au poste de tacticienne, à l’arrière du F50.

Autre nouveau visage dans le paddock des Bleus : le jeune et prometteur athlète Enzo Balanger - skipper de la Youth America’s Cup et 6^e aux derniers championnats du monde de Moth – en formation sur le championnat SailGP.

Labellisation "Equipe de France" par la Fédération française de voile

Reconnaissant le haut niveau de l’ensemble de ces athlètes, la Fédération française de voile, au travers de son Directeur Technique National, Guillaume Chiellino, renouvelle la labellisation équipe de France au groupe emmené par Quentin Delapierre :

« La FFVoile attribue le statut d’Équipe de France à des sportifs et équipes de très haut niveau en fonction de leurs performances, mais aussi de leur potentiel. C’est toujours un grand moment d’annoncer une équipe dont la vocation est de faire briller la France sportivement d’autant que le championnat SailGP est particulièrement attaché aux valeurs sociales et environnementales de notre discipline. La Fédération est très heureuse de pouvoir les accompagner”.

Un honneur partagé par Bruno Dubois, CEO de l’Equipe de France SailGP qui déclare :

« Une équipe tricolore n’est pas toujours une équipe de France. Porter ce label nous donne un devoir de représentation, d’excellence qui va au-delà du résultat sportif individuel. Nous représentons un pays, nous portons les couleurs de la Nation pour gagner une compétition sportive internationale. Nous en sommes fiers. »

Douze équipes en live dont deux nouvelles nations engagées

Les frenchies affronteront donc ce week-end leurs onze adversaires de la saison. Parmi ces derniers, deux nouveaux arrivants que Quentin et son team n’ont jamais rencontrés sur SailGP : les Italiens menés par le quadruple champion du monde et double champion olympique de Nacra17 Ruggero Tita et les Brésiliens pilotés par Martine Grael – elle aussi double championne olympique-, seule femme à la barre d’un F50 à ce jour.

Parmi les cadres du championnat, plusieurs équipes fortes ont vu leurs effectifs remaniés. De leur côté, les tricolores sont heureux de jouer la carte de la stabilité.

« C’est un vrai atout d’avoir su conserver et fédérer tous les membres du team, alors qu’il y a eu un gros mercato cette année et des sollicitations pour certains, confie Quentin Delapierre. On a fait le pari de la maturité et nous tablons sur notre vécu commun, avec ses bons et ses mauvais jours, cela va nous apporter un supplément d’âme ».

Avec la progression du nombre de nations engagées et l’arrivée des nouveaux foils en T qui vont encore faire chauffer les speedomètres, les heureux milliers de spectateurs devraient en prendre plein les yeux ce week-end avec du vent médium au programme des réjouissances.

CLASSEMENT ROLEX SAILGP CHAMPIONSHIP I SAISON 2025

Après 2 Sail Grand Prix

• 1 // Emirates Great Britain 17 points
• 2 // New Zealand 17 points
• 3 // Australia 16 points
• 4 // Spain 16 points
• 5 // ROCKWOOL Denmark 10 points
• 6 // France 10 points **
• 7 // United States 8 points
• 8 // Switzerland 6 points
• 9 // Germany SailGP Team presented by Deutsche Bank 6 points
• 10 // Canada 6 points
• 11 // Italy 5 points
• 12 // Mubadala Brazil 3 points

** La France se voit attribuer 5 points après avoir manqué l’épreuve d’Auckland pour des raisons indépendantes de sa volonté.