Golden Globe Race 2022
Damien Guillou a annoncé sa décision de ne pas repartir de Cape Town
lundi 14 novembre 2022 –
Samedi alors qu’il évoluait au large de l’Afrique du sud, Damien Guillou a perdu la pelle de safran de son régulateur d’allure. Privé de « pilote » indispensable pour poursuivre le tour du monde, le skipper de PRB a été contraint de faire route vers Cape Town. Arrivé ce matin aux alentours de 8h30 (heure française) à la marina, Damien a été accueilli par l’organisation. Très affecté par ce retour à terre, c’est avec une grande émotion que le Finistérien a annoncé sa décision de ne pas repartir, ne pouvant plus jouer le classement après cet arrêt forcé. La Golden Globe Race s’arrête donc à Cape Town pour le skipper de PRB après 70 jours de course.
Parti le 4 septembre des Sables d’Olonne, Damien Guillou aura connu un début de course contrarié tout en faisant preuve d’une sacrée résilience. Obligé de rentrer au port trois jours après le départ pour réparer son régulateur d’allure, le skipper de PRB était rapidement revenu au contact de ses concurrents malgré ses six jours de retard. Et c’est en douzième position qu’il avait franchi le « drop point » de Lanzarote le 22 septembre dernier. En osmose avec son bateau, bien dans sa course, Damien avait poursuivi sa remontée spectaculaire saluée par tous et notamment le vainqueur en titre Jean-Luc Van Den Heede. Mais alors qu’il continuait de pourchasser la tête de flotte, Damien a de nouveau été confronté à un problème technique un mois plus tard avec la casse de sa mèche de régulateur d’allure juste au-dessus du safran. Disposant de toutes les pièces de rechange à bord, le skipper de PRB avait pu effectuer sa réparation en mer profitant d’une fenêtre météo plus calme. Avec un bateau à 100% de son potentiel, Damien abordait le prochain « drop point » de Cape Town sereinement avec le plaisir retrouvé de naviguer sans souci technique comme il l’avait confié à l’occasion d’une vacation, « Tout va bien à bord de PRB. Le bateau est en super état, aucun souci à déplorer donc ça c’est top ! Et moi ça va vraiment super aussi, je n’ai pas de problème avec la durée ou la solitude. Je suis bien dans ma course, bien dans mon bateau. » C’est au soleil couchant, jeudi dernier, que le Breton avait fait son arrivée à Granger’s Bay. Abrité dans la baie sud-africaine, Damien visiblement en pleine forme avait pu échanger quelques minutes avec l’organisateur. Très content du parcours déjà réalisé, le solitaire n’avait qu’une hâte, découvrir les mers du sud. Mais samedi, deux jours seulement après son passage à Cape Town, Damien a perdu la pelle de safran de son régulateur d’allure. Dans l’impossibilité de poursuivre le tour du monde sans son « pilote » il a alors fait route vers le port sud-africain qu’il a rallié ce matin. C’est le cœur très lourd et sans pouvoir retenir ses larmes que le skipper de PRB a retrouvé les membres de l’organisation à qui il a annoncé qu’il ne reprendrait pas la mer, ne se sentant pas capable de poursuivre la course sans jouer le classement. En effet les règles de la Golden Globe Race sont claires : toute escale technique met automatiquement le concurrent hors course. Une décision très difficile à prendre pour Damien qui a tenu à remercier tous les gens qui l’ont soutenu dans ce projet et particulièrement l’ensemble des équipes de PRB.
C’est donc à Cape Town, après deux mois et demi de navigation que le tour du monde en solitaire, sans escale et sans assistance s’achève pour le Breton. Si la déception l’emporte aujourd’hui, le parcours remarquable de Damien et l’engagement total dont il a fait preuve auront marqué sans nul doute tous les esprits.
Damien Guillou, skipper de PRB : « Le fait de débarquer, d’arrêter là ce n’est pas facile. J’étais bien dans ma course, je me bagarrais pour essayer de revenir, je me sentais bien avec le bateau. J’avais le sentiment d’être en osmose avec le bateau, tout fonctionnait bien à part mes problèmes de pilote. Je pensais que c’était réglé après avoir changé le système et finalement non. C’est dur psychologiquement à accepter car c’est un problème mécanique et je me dis que ça aurait pu être évitable... Je me doutais que j’étais dans une bonne option avec ce que j’avais fait en repartant de Cape Town ça semblait plutôt bien. La route était encore longue mais ça me fait vraiment mal que ça arrive là. Après on peut aussi se dire heureusement que ça arrive là et pas dans les mers du sud c’est sûr. Je ne m’y attendais pas, j’ai été surpris de voir que je n’avais plus de safran. J’ai eu le temps de digérer sur mon retour, ça m’a pris un peu de temps pour rentrer ici. J’ai fait du mieux que j’ai pu. Je suis déçu pour moi et pour tous les gens qui ont participé au projet, qui m’ont aidé et forcément pour PRB. C’est très dur… Ça fait trois fois que j’ai ce problème, je ne peux pas repartir sans jouer le classement, je n’y arriverai pas. Il ne faut pas forcer le destin, être raisonnable. La course va s’arrêter là pour moi. »