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Guirec Soudée : "J’ai retrouvé Arnaud Boissières à bâbord et Éric Bellion à tribord"

jeudi 26 décembre 2024Redaction SSS [Source RP]

Le skipper de Freelance.com est un homme heureux. Et pour cause : il en a terminé avec l’océan Indien, qui s’est révélé particulièrement éprouvant. Il y a affronté des dépressions, des avaries, des chocs dont le corps porte encore les séquelles. Depuis le passage de la Tasmanie, il a fait son entrée dans le Pacifique, avec des conditions plus clémentes et le retour d’un « match dans le match » dans le peloton des bateaux à dérive. Guirec Soudée pointe à la 29e place ce jeudi matin, à moins de 300 milles de la 21e place. Interview d’un skipper qui se dit toujours « au taquet » et dont la motivation demeure plus que jamais intacte.


Tu as franchi beaucoup d’étapes symboliques dans ce tour du monde dont le cap Leeuwin. Ça fait du bien au moral ?

« Bien sûr que ça fait du bien ! Le Cap Leeuwin, j’y suis allé à 18 ans en vélo après avoir pédalé 2000 km. Quelle fierté de revenir des années plus tard à la barre de mon IMOCA Freelance.com ! Si on m’avait dit, il y a quatorze ans, que je reviendrais ici en disputant le Vendée Globe, je ne sais pas si je l’aurais cru ! Il y a de l’émotion parce que je me revois jeune, insouciant, heureux, avec la niaque, l’envie de croquer la vie, sans beaucoup de moyens, sans connaissance… C’est rigolo de se replonger dans ces souvenirs !

Tu as également passé la Tasmanie qui marque l’entrée dans l’océan Pacifique…

« C’était la délivrance d’y arriver ! Déjà, ça veut dire qu’on est à mi-course. Mais c’est surtout l’occasion de retrouver le Pacifique… C’était la porte du bonheur ! D’un coup, le vent et la mer se sont calmés. J’avais oublié que ça pouvait exister ! Je vais pouvoir souffler, sortir sur le pont, me mettre debout dans le cockpit. Tout à l’heure, j’étais pieds nus et en tee-shirt. Je peux enfin profiter et prendre du plaisir. Quand je vois les conditions des dix prochains jours, ça va être les vacances !

« Progressivement, ça va mieux ! »

C’est aussi lié à tout ce que tu as enduré dans l’océan Indien, entre successions de dépressions et conditions harassantes… Comment tu l’as vécu de l’intérieur ?

« Je ne le cache pas, les dernières semaines ont été très dures. Bien sûr, c’est ce que je viens chercher mais quand tu le vis, tu te demandes clairement ce que tu fous là. Tu es enfermé, dans le noir, trempé. J’avais peur pour le bateau. Il y a des moments, j’ai vraiment subi. Quand le bateau tape, c’est comme si on t’asseyait sur une chaise, on te levait de quelques centimètres et boum on te lâchait d’un coup. Ce n’est pas agréable pour le corps mais aussi pour le bateau. Tu as peur qu’il y ait un truc qui casse, tu essaies toujours de trouver le bon curseur pour ne rien abîmer.

Comment tu te sens physiquement après ton choc dans le bateau ?

« Je me suis fait vraiment très mal à l’épaule après avoir été éjecté de ma couchette. J’ai tapé partout et c’était très douloureux. J’ai encore mal à l’épaule gauche, j’ai une minerve pour la nuque, des contusions dans le dos… J’ai vraiment été sonné, un gros K.O comme un combat de MMA ! Je me remets doucement mais chaque changement de voile n’est pas évident. Mais, je sens progressivement que ça va mieux !

Qu’est-ce qui t’attends dans les prochains jours ?

« J’ai retrouvé quelques copains : Arnaud Boissières à bâbord et Éric Bellion à tribord. Je n’avais pas vu de bateau depuis l’équateur ! Je vais tout faire pour rester dans le match avec eux et revenir sur ceux de devant. S’il y a une opportunité, j’irai ! Les vents devraient être au portant. Une dépression est en prévision mais on devrait être à l’avant, ça permettra de bien avancer à une trentaine de nœuds.

« Je suis bien à bord, je suis au taquet ! »

Tu viens de passer Noël à bord de Freelance.com… Comment as-tu vécu ce moment ?

« Je l’ai bien vécu ! Mais Noël ou pas Noël, j’avoue que j’étais surtout concentré sur ma course. Ce qui est sympa, c’est que j’ai pu profiter d’un très bon repas d’un ami restaurateur qui m’avait préparé un morceau de pintade. J’ai aussi eu beaucoup d’attention de la part de mes proches, des dizaines de petits mots dont ceux de Freelance.com, des bonbons, des chocolats. J’ai été vraiment gâté ! Mais forcément, j’aurais aimé être avec les miens…

Justement, comment tu vis l’éloignement après 45 jours en mer ?

« Je suis bien à bord, je suis au taquet ! Grâce aux très bons moyens de communication, je peux appeler mes proches souvent et ça fait du bien. Par contre, quand je vois les photos de mes deux enfants, j’ai l’impression que j’ai raté des années. Ils ont tellement grandi ! Manec a plein de nouvelles dents… Il a intérêt à bien les brosser ! (rires) »


 Communiqué Rivacom / www.guirecsoudee.com

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