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Route du Rhum

Un skipper et un sponsor sous le choc

De Broc abandonne, la banque Covéfi regrette

mardi 12 novembre 2002 – Christophe Guigueno

Bertrand de Broc, marin largement expérimenté, a préféré abandonner la Route du Rhum et même la course au large en solitaire après une première nuit lors de laquelle il a croisé Groupama à l’envers et remémoré toutes ses mauvaises expériences.


B. de Broc de retour chez lui
Photo : G.Martin-Raget/Promovoile

De nombreuses transatlantiques en solitaire, deux Vendée Globe [1], De Broc est l’un des marins les plus expérimentés de sa génération. Mais lors de la nuit du 10 au 11, ses rêves de course en solitaire se sont brisés. Les trois coques retournées dans la pénombre de ce début de nuit qu’il vient croiser à la barre de son trimaran de course ont fait réapparaître ses mauvais démons. Et, en de nombreuses années de course au large, le Breton en a croisés.

Il y a le départ de la course La Baule Dakar en solitaire. De Broc barre un trimaran proche de celui qu’il skippe actuellement. Le temps de descendre dans le cockpit et il se retrouve à l’envers ! Groupe LG a percuté sous pilote automatique une bouée de chenal, quelques minutes après le départ ! Le trimaran s’est fait prao et De Broc prend un premier bain.

Lors de son second Vendée Globe, il est de retour dans le golfe de Gascogne. Il ne lui reste plus qu’une journée de mer pour se venger de l’édition précédente qu’il avait due arrêter en Nouvelle Zélande pour vérifier les fixations de sa quille… L’arrêt était significatif d’élimination ! Refusant de ramener son bateau par la mer, il perd son sponsor par la même occasion. Cette fois-ci, il barre une autre machine qu’il a baptisé ’Votre Nom autour du monde’. Elle rassemble les signatures des supporters qui l’ont soutenu dans cette nouvelle aventure. Mais c’est là que la quille cède ! Deuxième bain de mer, heureusement sans danger pour le navigateur.

Le 10 novembre, le bain de Franck Cammas a été la goutte de trop et le marin a dit stop ! Quand il pose son sac à terre dans le port de Brest, il déclare : « J’arrête la course en solitaire. En solitaire, il faut être à 200 % et si on a le moindre tracas, on est plus dedans et c’est notre vie qui est en jeu. »

« Je respecte sa décision mais suis encore sur le choc, je suis frustré… » répond en parallèle son sponsor.

Bertrand de Broc avait signé 18 mois plus tôt avec le patron de la Banque Covéfi. En rachetant l’ancien Fujifilm âgé de douze ans, le marin comme le sponsor savaient qu’ils ne courraient pas après le titre annuel de champion des multicoques de course au large. L’objectif était plutôt de tirer les marrons du feu pendant les courses en équipage réduit quand les multicoques de la nouvelle génération subiront leur période de mise au point.

Avec seulement 55 pour-cent de la flotte des trimarans de la catégorie ORMA (circuit du championnat des multicoques) encore en course 48 heures après le départ de St Malo, l’histoire leur donne raison. Hélas, Bertrand n’est plus dans la coup pour le podium.

Communiqué de la Banque Cofévi

– Thierry Vittu, directeur Général Banque Covéfi : La Banque Covefi voit sa participation à La Route du Rhum prématurément arrêtée. Elle le regrette, tant pour la fierté qu’elle éprouvait à participer à cette mythique course à la voile, que pour ses 300 collaborateurs qui se sont investis dans ce projet derrière leur skipper.

La décision de Bertrand de Broc est donc une déception pour nous et pour tous les collaborateurs, cependant nous la respectons car elle est sincère.

La Banque Covefi a fait le choix de s’investir dans la voile, il y a près de 18 mois maintenant, convaincue d’y trouver les valeurs qui sont les siennes au quotidien.
Cette conviction est toujours la notre, aussi, nous continuons de porter nos encouragements aux concurrents encore en course dans cette Route du Rhum. C’est pourquoi nous maintiendrons nos opérations de communication prévues dans ce sens.

Tout en étant solidaires de Bertrand dans son épreuve, nous maintenons le cap et continuons de croire en l’avenir de Banque Covefi dans cet univers fabuleux qu’est la voile.

Propos recueillis par Liliane Fretté - Sport RP / Covéfi

[1] tour du monde en solitaire sans escale à la voile en monocoques de 18 mètres

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