Transat Jacques Vabre

Armel Le Cléac’h : " Je savoure ce bonheur de décrocher une place sur le podium"

samedi 19 novembre 2011Redaction SSS [Source RP]

C’est à 6 heures 00 minute et 23 secondes (soit 23 heures 00 minute et 23 seconde, heure locale à Puerto Limon) ce samedi, que les deux marins du monocoque 60 pieds Banque Populaire ont terminé la 10e Transat Jacques Vabre. Pour la première grande course à la barre de leur nouvelle monture, Armel Le Cléac’h et Christopher Pratt se seront révélés parmi les grands animateurs de la course. Après 16 jours 15 heures 00min et 23 secondes des 4 730 milles du parcours, avalés à la vitesse moyenne de 11,18 nœuds théoriques entre Le Havre et le Costa Rica, ils rentrent avec brio dans les objectifs fixés pour cette épreuve.


Après trois participations à la Transat Jacques Vabre pour l’un et une pour l’autre, toutes couronnées de fortunes diversement malheureuses, les marins du Team Banque Populaire ont enfin vaincu le signe indien, faisant de cette troisième place une petite victoire. Dans un éclat de rire teinté de pudeur et d’un vrai plaisir, le skipper finistérien appréciait : "

Je suis très heureux ! Les mauvais souvenirs liés à cette course sont derrière moi. Je savoure ce bonheur de décrocher une place sur le podium et de rentrer dans les objectifs que nous nous étions fixés. Je suis très content d’arriver au Costa Rica, ce que je n’avais malheureusement pu faire il y a deux ans. C’est une belle manière de débuter mon histoire en course avec Banque Populaire".

Placée sous le sceau d’une grande diversité météorologique et surtout d’une première semaine musclée, éprouvante et d’une rare violence, le cru 2011 de la Transat Jacques Vabre n’aura épargné ni les marins ni les bateaux avec pas moins de 15 abandons. Victimes d’un problème de moteur, puis de gennaker au moment du départ du Havre le 2 novembre dernier, Armel Le Cléac’h et Christopher Pratt puisaient d’entrée dans leur combativité pour livrer bataille. Très vite, les deux hommes engageaient un bras de fer avec l’Atlantique et avec une concurrence féroce. Complice à terre, le duo Banque Populaire ne tardait alors pas à confirmer en mer :

" Nous avons été surpris par le fait de n’avoir eu aucun répit. Nous avons attaqué à fond d’entrée. Il n’y a pas eu de phase d’acclimatation. C’était difficile physiquement, humide, ça tapait beaucoup. Nous avons souffert de pas mal de problèmes d’irritations. Je crois que je n’avais jamais vécu de transat aussi difficile, mais paradoxalement, cette course est passée très vite. Malgré la rudesse des conditions, tout s’est tellement bien passé entre Christopher et moi. Nous n’avions pas cette expérience commune au large, aussi longtemps. Il a été toujours à fond, donnant tout ce que à quoi je m’attendais et même plus. S’il fallait repartir ensemble demain, je n’aurais même pas à réfléchir ! Cette course est une réussite ! ".

Un sentiment partagé à l’arrivée par Christopher Pratt :

" J’ai toujours dit qu’une transat est toujours plus difficile que ce à quoi on peut s’attendre, celle-ci a été encore plus dure. En partant avec Armel, je ne m’autorisais pas à ne pas être à 200%. Je n’avais aucune appréhension sur le fait qu’humainement ça se passerait très bien. Il n’y a jamais eu un mot plus haut que l’autre. Le marin est impressionnant de sérénité, d’endurance physique, de ressources, même dans les moments difficiles. C’est une grande chance pour moi d’avoir pu faire cette transat avec lui, j’ai appris beaucoup de choses et j’ai tout donné".

Partisans d’une inspiration sudiste après les Açores, quand les vainqueurs en Imoca - Jean-Pierre Dick et Jérémie Beyou - allaient construire leur succès au Nord, Armel et Christopher voyaient certes la "gagne" s’envoler, mais ne perdaient pas leurs objectifs de podium de vue. Un véritable duel, incarnation même de l’arrivée sur le devant de la scène de la jeune garde, s’engageait alors avec François Gabart et Sébastien Col. Si les hommes de Macif prenaient un temps le dessus, la mer des Caraïbes et la dernière nuit orchestraient le final :

" Le différentiel avec Macif s’est joué dans les 24 heures après l’entrée en mer des Caraïbes, au moment où nous avons empanné. C’est à partir de ce moment qu’on a commencé à engranger les milles, sur un long bord. A ce moment là, nos concurrents se sont retrouvés deux nœuds moins rapides que nous, ce qui a ce stade est quand même beaucoup et peu habituel. Nous étions à fond à ce moment là et assez contents de pouvoir creuser. Mais jusqu’au bout il a fallu se battre, jusque dans les derniers milles en arrivant au Costa Rica, quand nos voiles claquaient et qu’on les imaginait revenir sur nous en trombe. Les dernières 24 heures ont été un peu tendues, avec peu de vent, beaucoup de grains, des nuages. On s’est mis à douter un peu par moments. On se disait, quand on était bloqué sans vent, que peut-être que nos amis assureurs étaient eux plus gâtés. On s’est inquiété de les voir avancer plus que nous, alors au final c’est une belle satisfaction d’avoir pu consolider cette vingtaine de milles d’avance. C’est le pointage avant l’arrivée qui nous a permis de commencer à relâcher la pression ".

Une régate dans la régate parfaitement résumée par le marseillais du bord :

" Cette bataille avec Macif, ça a été du Figaro pendant une semaine ! On est vraiment allé chercher loin dans nos réserves. Mais on a gagné la route du Sud !"

Les deux marins vont désormais pouvoir profiter de quelques jours d’un repos amplement mérités, alors que le monocoque 60 pieds Banque Populaire sera livré aux soins d’une équipe technique dont l’un comme l’autre n’ont cessé de saluer les compétences et le travail d’orfèvre effectué dans la préparation de cette Transat Jacques Vabre. Puis dans quelques jours, c’est à nouveau en course, mais en solitaire cette fois-ci, qu’Armel Le Cléac’h remettra le cap sur la France à l’occasion de la « B to B », course qualificative pour le prochain Vendée Globe :

" Cette course retour va venir très vite. Pour ce qui est de la prise en mains du bateau, j’ai fait 50% du chemin en double, les autres 50% se feront en solitaire. J’espère que pour Noel tout les objectifs seront remplis ".

 Info presse Mille & une vague / www.voile.banquepopulaire.fr

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