#BWR2014
Barcelona World Race : Cheminées Poujoulat a franchi la longitude du cap Leeuwin à 16h25
Bernard Stamm et Jean Le Cam au Sud de l’australie en 37 jours 3 heures et 35 minutes
vendredi 6 février 2015 –
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Une nouvelle étape symbolique du tour du monde a été franchie. Quelque 37 jours 3 heures et 35 minutes après avoir quitté Barcelone, Cheminées Poujoulat a doublé cet après-midi (15H25 TU) le cap Leeuwin, toujours en tête de la flotte de la Barcelona World Race. Bernard Stamm et Jean Le Cam n’en ont pas encore fini encore avec l’océan Indien, la jonction avec le Pacifique au sud de la Tasmanie est attendue dans plus ou moins trois jours. Carpe diem. Chacun vit l’instant de moments parfois scabreux. We are Water a essuyé un coup de chien hier, qui rattrape cette nuit Renault Captur. Et Spirit of Hungary attend la délivrance de vents plus maniables.
Bonne-Espérance il y a plus de douze jours, Leeuwin aujourd’hui. Passé à quelque 600 milles au sud de l’Australie, Cheminées Poujoulat a cueilli les deux premiers grands caps qui ponctuent le tour du monde. Il y a quatre ans, Virbac-Paprec 3 avait franchi la longitude de Perth, le 8 février. Bernard Stamm et Jean Le Cam possèdent 42 heures (et 35 minutes) d’avance sur le temps de passage de Jean-Pierre Dick et Loïck Peyron.
Ouverture du jeu
Le duo franco-suisse a parcouru plus de 40 % des 23 465 milles que compte la circumnavigation. Et garde l’allure, dans une mer plus assagie, toujours poursuivie par l’équipage espagnol de Neutrogena. L’abaissement plus sud (du 46° au 51°S) de la zone d’exclusion antarctique va ouvrir le jeu stratégique pour les deux bateaux de tête, qui ont déjà pointé leur étrave vers le sud-est. « La victoire se jouera entre ces deux bateaux », a commenté aujourd’hui Pepe Ribes, le skipper espagnol d’Hugo Boss, qui a démâté le 14 janvier. « L’expérience est toujours décisive dans la course au large », a-t-il poursuivi en évoquant Bernard Stamm et Jean Le Cam.
Sous l’eau
Leur lutte aux avant-poste s provoque des écarts conséquents avec le peloton. Plus de 1200 milles séparent désormais Cheminées Poujoulat de GAES Centros Auditivos, toujours calé en troisième position. Dans la bagarre pour le podium, Renault Captur joue de petits coups, les performances au portant de son plan Finot restant un ton en-dessous du plan Farr devant lui. Pour l’heure, l’attention de Jörg Riechers et Sébastien Audigane se focalise sur un front qui fond sur eux. La nuit va être corsée. Des vents jusqu’à 40 nœuds, voire plus, vont balayer leur zone. A l’arrière du même système dépressionnaire, We are Water a été fauché hier par des rafales de 45-47 nœuds pendant six ou sept heures. « Le bateau était plus souvent sous que sur l’eau », ont témoigné Bruno et Willy Garcia.
Quand elle se fait contre le sens de la marche, cette immersion peut être d’autant plus rude. La fatigue se fait sentir à bord de Spirit of Hun gary, sévèrement secoué par plus de quatre jours de navigation au près dans une mer croisée. Nandor Fa et Conrad Colman attendent la délivrance d’une bascule des vents de sud-est vers le nord-ouest en mollissant, demain matin. Après avoir cherché l’apaisement par le nord, les galériens de l’océan Indien vont pouvoir reprendre leur progression vers l’est.
Classement à 14h00 TU :
- Cheminées Poujoulat (B Stamm – J Le Cam) à 13 575,9 milles de l’arrivée
- Neutrogena (G Altadill – J Muñoz) à 175,3 milles
- GAES Centros Auditivos (A Corbella – G Marin) à 1212,7 milles
- Renault Captur (J Riechers – S Audigane) à 1450,2 milles
- We Are Water (B Garcia – W Garcia) à 2025,8 milles
- One Planet One Ocean & Pharmaton (A Gelabert – D Costa) à 2723,4 milles
- Spirit of Hungary (N Fa – C Colman) à 3328,0 milles
Voir en ligne : Info presse www.barcelonaworldrace.org
Ils ont dit :
Nandor Fa (Spirit of Hungary) : « La vie à bord est très difficile actuellement. Nous naviguons au près depuis quatre ou cinq jours et actuellement, c’est encore plus violent. Dans la nuit, nous avons eu 30 nœuds, encore plus de vents d’est et une mer formée. Parfois, j’ai l’impression que nous naviguons dans le mauvais sens sur la planète car c’est comme si nous naviguions à l’envers. Pour le moment, nous continuons vers le nord en espérant que le vent change un peu plus. La vie est rude sur le bateau, il y a beaucoup de mouvements, c’est très chaotique avec beaucoup de bruits. C’est très difficile pour l’instant de parler de stratégie parce que nous essayons d’aller vers l’est le plus possible, nous suivons le vent, mais la zone, immense, ne nous est pas favorable. Nous voulons avancer le plus en sécurité possible, le plus rapidement possible et toute notre énerg ie est tendue vers cela. Mais c’est bien le plus que nous puissions faire ! «
Sébastien Audigane (Renault Captur) : « Nous sommes dans 20-25 nœuds de vent, à 125-130° du vent, on essaie d’aller vite. Nous sommes à l’avant d’un front qui vient vers nous avec des vents de 30-35 peut être 40 nœuds. Les conditions vont être musclées et cela devrait durer 7 ou 8 heures. On s’y prépare depuis hier. On a tout matossé, le bateau est bien rangé. On attend la nuit. Depuis qu’on est entré dans les mers du Sud, jusque-là, on a eu de super conditions de navigation qui ne ressemblent pas du tout aux mers au Sud. Nous y sommes un peu seuls au monde. Déjà, nous n’avons pas de concurrents à côté de nous. Les journées passent vite parce qu’on est très pris par le bateau. Mais quelque fois on se dit qu’on est un peu loin de la civilisation. Ce n’est pas un réel isolement, les conditions ne sont pas dures. On es t conscients qu’on est loin de la terre, mais on garde les pieds sur terre. »
Jörg Riechers (Renault Captur) : « GAES est un peu plus rapide que nous au portant et il n’y a rien qu’on ne puisse faire. Peut être changer le bateau mais ce n’est pas une alternative, nous sommes sur l’océan ! Nous avons effectué un petit décalage en latéral qui nous l’espérons permettra de gagner en distance d’ici un à deux jours. Nous n’allons certainement pas abandonner la lutte pour le podium, mais il n’est pas facile de les rattraper parce qu’ils sont rapides. Mais nous ferons tout pour ! De nos jours, on ne se sent plus vraiment isolé. Ce n’est pas l’époque des tours du monde de Bernard Moitessier ou Robin Knox-Johnston qui n’avaient de contact avec personne. Non, nous ne sommes pas super isolés, nous avons des téléphones, nous pouvons parler avec la famille. »