#BWR2014
Barcelona World Race : Retour sur les temps forts du tour du monde de Bernard Stamm et Jean Le Cam
vendredi 27 mars 2015 –
Voilà maintenant près de 48 heures que Bernard Stamm et Jean Le Cam ont franchi la ligne d’arrivée de la 3e édition de la Barcelona World Race, signant une victoire magistrale après un peu plus de 84 jours de mer. Quatre-vingt quatre jours durant lesquels les deux skippers de Cheminées Poujoulat ont su partager et mettre en commun leurs expériences au service du bateau afin d’atteindre leur objectif commun de monter sur la plus haute marche du podium de ce tour du monde en double et sans escale.
Quatre-vingt quatre jours lors desquels ils ont vécu des moments de franche complicité et quelques galères qu’il a fallu résoudre coute que coute, mais au bout desquels la joie a éclaté. Forcément, l’accueil à Barcelone a été triomphal autant que magique pour les deux marins. Le premier, Bernard, déjà vainqueur de l’Around Alone 2002-2003 puis de la Velux 5 Oceans 2005-2006, s’est ainsi offert une jolie revanche sur le sort qui ne l’avait pas toujours épargné ces derniers temps. Le second, Jean, a décroché sa première victoire autour du globe et devient pour la deuxième fois Champion du monde IMOCA Ocean Masters, grâce à cette première place et celle de la Transat Jacques Vabre 2013 aux côtés de Vincent Riou. Le carton est donc plein. Retour, avec eux, sur les temps forts de cette circumnavigation menée tambours battants.
La victoire
Bernard Stamm : « Au départ, je devais courir cette Barcelona World Race avec mon autre bateau, en double avec Yann Eliès, mais après qu’il se soit cassé, tout s’est arrêté. Le fait de me lancer avec Jean sur l’ancien « Mare » s’est décidé assez tard alors forcément, décrocher la victoire dans ces conditions c’est encore plus savoureux. Quand tu bosses beaucoup, si ça ne paie jamais, à la fin tu te demandes pourquoi tu le fais. Là, nous n’avons pas changé notre manière de faire et nous sommes récompensés. C’est pas mal et aussi, ça enlève un peu de la frustration de la perte de l’autre 60 pieds. Je suis également très heureux de partager cette victoire avec Poujoulat, mon partenaire depuis douze ans. »
Jean Le Cam : « C’est ma première victoire dans un tour du monde, et ça fait plaisir. Mieux vaut gagner que pas ! Jusqu’ici, j’avais terminé 2e, 5e et je ne sais plus combien avec Eric Tabarly. Une victoire, c’est forcément une belle récompense sur un exercice aussi dur que celui-ci. »
Une première partie au contact
B.S : « C’était vraiment sympa parce que c’était assez serré. Nous nous sommes un peu loupés au passage de l’anticyclone des Açores. Du coup, nous nous sommes faits piéger aux Canaries, mais nous avons réussi à revenir. Ensuite, nous avons fait la différence lors du contournement de Sainte-Hélène en faisant l’extérieur. Il fallait que l’on soit sûr de courir plus vite que nos concurrents et cela a été le cas car nous avons eu plus de vent. Après, sous le front, ça n’a pas été sympa mais au moins, ça a été efficace. Nous avons notamment connu deux ou trois jours compliqués, la faute à des vents instables et des trombes d’eau, mais nous avons réussi à faire le trou. De plus, comme nous étions positionnés assez nord, nous n’avons pas été embêtés par la zone d’exclusion des glaces. »
J.L.C. : « L’important était de ne pas se faire piéger en Méditerranée d’entrée de jeu et nous nous en sommes bien sortis, contrairement à d’autres qui sont restés scotchés en mer d’Alboran. Après, nous nous sommes un peu plantés dans l’anticyclone des Açores, au niveau des Canaries mais nous sommes rapidement revenus dans le match. Au large de Salvador de Bahia, Hugo Boss, qui était devant a démâté et a abandonné. Ca a été un premier bouleversement dans la course mais ça fait partie du jeu. Ensuite, nous avons bien négocié le contournement de l’anticyclone de Sainte-Hélène, doublant Neutrogena. Peu après, dans le front, il est parti au sud alors que nous avons opté pour une trajectoire plus nord, ce qui, au final, nous a permis de nous barrer et de creuser l’écart. Il est revenu dans le coup de baston auquel Bernard et moi avons été confrontés puis il a été stoppé dans son élan par un problème de moteur. A ce moment-là, nous avions quand même 300 milles d’avance sur lui, ce qui n’est pas rien, mais il est vrai que ça a été un tournant de la course puisqu’ensuite, nous n’avons plus vraiment régaté. »
La dépression tropicale dans l’Indien
B.S : « On la voyait depuis un moment et à mesure qu’on avançait, on se rendait compte qu’il n’y avait pas vraiment de solution, mis à part freiner ou trouver une échappatoire vers le sud, dans la zone d’exclusion des glaces. Le truc certain, c’est qu’il n’était pas sage du tout de se lancer dedans. Ralentir, c’est une décision que je n’avais jamais eue à prendre en course et c’est un exercice qui n’est pas facile. Freiner un bateau au portant, c’est même carrément compliqué ! A ce moment là, nous n’avons toutefois pas vraiment compris pourquoi Neutrogena n’en avait pas profité pour revenir parce qu’il avait les moyens de le faire. Il faudra demander à Guillermo (Altadill) et José (Munoz) lorsqu’ils vont arriver… »
J.L.C : « De toute ma carrière, ça ne m’était jamais arrivé de ralentir pour éviter un phénomène météo. Faut dire, là, c’était une sacrée tempête. Une tempête générée par deux ex-cyclones tropicaux, Diamondra et Eunice. Les fichiers annonçaient 60 nœuds ce qui fait en réalité quelque chose comme 80 nœuds ! Nous n’avions pas d’autre choix que de nous protéger. Perso, moi, naviguer dans 160 km/h de vent, je ne sais pas faire ! Cela étant dit, réussir à diminuer la vitesse du bateau à moins de 8 nœuds, ça a été un vrai dossier ! »
Voir en ligne : Info presse poujoulat.bernard-stamm.com/fr/