Mini 650 • Les Sables - Les Açores

Alexandre Demange, 1er Proto de la 2e étape : "Je me suis défoncé sur cette manche"

lundi 12 août 2024Redaction SSS [Source RP]

Ce lundi 12 août, à 3h06, Alexandre Demange a bouclé les 1 270 milles de la deuxième étape de la Les Sables – Les Açores – Les Sables. Auteur d’une remarquable fin de course, le skipper de DMG MORI Sailing Academy 2 a ainsi soufflé la première place à Caroline Boule (1067 – Nicomatic) dans les dernières longueurs, remportant alors la manche avec seulement 3 minutes et 32 secondes d’avance sur sa rivale et en assurant, dans le même temps, sa victoire au classement général (avant jury) après avoir comblé les 3h32 qu’il comptait de retard sur le belge Romain Van Enis (969 – Be Sailing) à l’issue du premier acte. Ses premières impressions à chaud.


En remportant cette deuxième étape, vous faites d’une pierre deux coup. On vous imagine évidemment ravi ?

« J’ai un peu de mal à réaliser. Je me suis défoncé sur cette deuxième manche. Je ne voulais pas avoir de regrets. J’ai navigué sans penser au classement mais seulement avec l’objectif de faire du mieux possible. Tout a été magique : le départ, la brise, la molle, l’arrivée… Caroline (Boule) a, elle aussi, fait une course fabuleuse. On termine avec seulement trois petites minutes d’écart. Depuis deux jours, j’entendais à la BLU que je la rattrapais régulièrement mais dès qu’il y avait un peu plus d’air, elle recreusait son avance. Globalement, on a eu des conditions très toniques et une mer casse bateaux. Je ne pensais pas qu’elle s’en sortirait si bien là-dedans avec son bateau. Bravo à elle ! De mon côté, j’ai une grosse pensée pour mon sponsor, pour mon équipe et en particulier pour Charles Euverte, le manager du projet. C’est lui qui m’a fait confiance et qui m’a sélectionné. Il a toujours fait en sorte que je sois dans les meilleures conditions pour réussir. Merci à lui du fond de mon cœur. »

Cette fin de course a été assez folle, avec énormément d’intensité…

« C’est vrai. J’étais content de ma trajectoire et je jouais les bonnes bascules mais en réalité, je ne pensais pas être aussi proche de Caro. A un moment, je l’ai vue apparaître à l’AIS. On a commencé à discuter. On a même fait des blind-tests pour s’occuper lorsqu’on était au ralenti, dans les dorsales. Dans les derniers milles, j’ai constaté que je revenais, encore et encore. Je me suis dit que peut-être je pouvais aller la chercher. Ça s’est fait à la Nouch Sud, dans la baie des Sables d’Olonne, après huit jours de mer ! »

Vous semblez l’avoir trouvée dure cette étape retour…

« Oui. J’ai passé cinq jours sans parler à personne. Lors de la première manche, j’avais pu échanger avec Marie Gendron. Là, quand j’avais un coup de mou, je ne pouvais parler qu’à mon bateau (rires) ! Comme je débute en course au large, je me découvre en même temps que je découvre mon bateau et les systèmes météo. J’ai pris une option qui était peut-être engagée. Je savais qu’il y avait du vent là où j’allais mais je ne pensais pas que la mer serait aussi dure. J’ai passé trois jours au fond de mon bateau dans trois mètres de creux et 30 nœuds de vent à me faire tabasser dans tous les sens. Ça a payé mais à quel prix ! J’ai bien râlé ! (Rires). »

Vous avez été confronté à beaucoup de casse ?

« Pas tant que ça vu les conditions. A certains moments, j’y suis vraiment allé avec les deux pieds sur la pédale de frein. J’ai cassé mon système de barre et arraché mon petit spi mais dans les deux cas, j’ai pu réparer. Au final, je n’ai rien cassé de rédhibitoire. J’ai pu continuer ma course mais ça m’a calmé un peu, je l’avoue. »

Vous avez cumulé les podiums depuis le début de la saison mais il s’agit de votre première victoire en solo. Comment la vivez-vous ?

« Je n’ai pas les mots. J’ai vraiment du mal à réaliser. Je suis très fier de ce que j’ai fait. Très très fier. Mes objectifs sur cette Les Sables – Les Açores – Les Sables étaient en premier lieu d’apprendre et de me faire plaisir. La performance venait en troisième. Pour finir, j’ai coché toutes les cases d’un coup. C’est difficile de faire mieux pour une première saison. Ça me donne beaucoup de confiance pour la suite, notamment pour ce qui concerne la prise de décision. Faire du Mini 6.50, c’est aussi faire de l’introspection et savoir se remettre en question tout le temps. Une fois reposé, je tirerai les meilleurs bénéfices de cette expérience. »

Que pensez-vous avoir appris en particulier ?

« C’est difficile de répondre à cette question car c’est trop vague. Au départ, je partais avec beaucoup d’appréhensions parce que je n’avais jamais fait ça. De plus, je n’avais pas eu le temps de bien me préparer ce qui avait généré une grosse phase de stress avant le coup d’envoi. Mon but était de me focaliser sur moi et sur ma manière de naviguer, sans écouter les vacations ni les classements. Faire avancer un bateau est quelque chose que je sais faire. Restait à réussir à aller vite au bon endroit et à se poser les bonnes questions. Cela imposait du mental, de l’endurance, une bonne hygiène de vie en mer et de l’habitude surtout. Je pensais que j’allais prendre cher là-dessus. A l’arrivée, je m’en suis bien sorti alors que c’était un dossier qui me semblait être une grosse lacune. Au bout du compte, ce qui est absolument génial c’est que quand on arrive au ponton, on oublie toutes les merdes qu’on a eues lors des jours précédents. La course au large, ce sont les montagnes russes des émotions mais j’aime ça ! »



A la une