Imoca Prysmian Group • Vendée Globe
Giancarlo Pedote : "L’océan Indien… n’est pas le paradis des navigateurs"
mardi 10 décembre 2024 –
Alors qu’il est en mer depuis un mois désormais dans le cadre du Vendée Globe, Giancarlo Pedote est en pleine traversée d’une mer en effervescence. Entre dépressions à la chaîne, mer croisée et fatigue omniprésente, chaque mile devient un défi. Loin d’être un terrain de jeu facile, l’océan Indien se révèle une lessiveuse impitoyable où chaque éclaircie est une lueur d’espoir. Mais malgré tout, le skipper de Prysmian tient bon, porté par l’envie d’avancer… et de voir enfin une mer plus clémente.
« C’est un véritable cycle infernal, comme si j’avais embarqué dans une machine à laver géante réglée sur essorage permanent. Les dépressions s’enchaînent, une après l’autre, sans laisser le moindre répit. À la queue leu-leu, elles jouent à me marteler, et la mer, bien plus que le vent, est l’ennemi numéro un. Croisée, désordonnée, elle frappe sans pitié. Impossible de tenir debout sans se faire secouer », a commenté Giancarlo, cet après-midi, alors en pleine gymnastique de survie concernant sa vie à bord. « Même préparer à manger devient une épreuve ! », a assuré le navigateur italien, actuellement à mi-chemin entre le cap de Bonne Espérance et les îles Kerguelen. « L’océan Indien… Eh bien, ce n’est définitivement pas le paradis des navigateurs. Je crois que je peux l’affirmer sans hésitation : ce n’est pas un endroit fait pour faire du bateau. Il y a quatre ans, c’était déjà la même chanson. Les zones de courants, depuis le cap de Bonne Espérance jusqu’à 70° Est, sont un cauchemar permanent. Tourbillons, vagues dans tous les sens… Franchement, ce n’est pas simple », a raconté le skipper de Prysmian qui a incurvé sa trajectoire au nord afin de composer avec des conditions de mer et de vent plus convenables.
Pas de porte flagrante vers le Sud
La suite ? Elle ne s’annonce pas plus facile. Les systèmes vont continuer de s’enchaîner à vitesse grand V et il va falloir slalomer entre les uns et les autres en prenant soin de préserver son bateau. Le faufilage promet cependant d’être scabreux. « Je regarde vers le Sud, espérant une fenêtre pour descendre jusqu’à la Tasmanie. Mais à ce rythme, on n’y arrivera jamais. Une grosse dépression pointe déjà le bout de son nez pour la fin de la semaine. Pour l’instant, je ne m’en occupe pas trop : j’ai déjà ma dose aujourd’hui. Ça tape, encore et encore. Tu accélères, tu plantes. Tu relances, tu replantes. Le bateau avance au ralenti, et tenter de forcer le rythme, c’est juste prendre le risque de tout casser », a détaillé le Florentin dont chaque pas, chaque geste, est alourdi par le poids du manque de repos. « J’avoue que je suis un peu cramé. Quand tu atteins ce niveau, tu dors partout, tout le temps. À la table à cartes, sur un sac, dans un coin improbable du bateau… Là, j’ai une petite éclaircie, mais franchement, j’échangerais volontiers ça contre une belle mer bien rangée, juste pour pouvoir filer tout droit, le bateau bien calé », a terminé Giancarlo. Pour l’heure, l’Indien n’a pas l’air décidé à lui faire ce cadeau mais il continue de se battre en attendant des jours meilleurs… ou une pause, même petite, dans cette lessiveuse infernale.