Pacifique à la rame

Maud Fontenoy s’attaque au Pacifique à la rame

Après l’Atlantique Nord, le Pacifique à mains nues

lundi 15 novembre 2004Redaction SSS [Source RP]

Première femme à traverser l’Atlantique Nord à la rame en 2003, Maud Fontenoy quittera Lima début janvier pour la première tentative féminine du Pacifique à la rame. La jeune femme empruntera la route mythique de Kon-Tiki*, soit 8000 kilomètres entre le Pérou et la Polynésie française. Un voyage de cinq mois, en solitaire et sans assistance, à bord de son petit bateau Océor, baptisé ce lundi par Patrick Poivre d’Arvor, dans les jardins du Ministère de l’Outre-Mer. Seul Gérard d’Aboville, ami de Maud et parrain de sa première aventure, a réussi la traversée des deux océans. 


A 26 ans, Maud a vaincu l’Atlantique Nord en 117 jours, de Saint-Pierre et Miquelon à la Corogne (Espagne). Quatre longs mois de lutte contre le vent, les courants, la solitude, l’épuisement et la peur. A peine un an s’est écoulé et Maud s’apprête déjà à repartir vers un océan près de deux fois plus vaste. Pour la jeune femme : « C’est la continuité de l’Atlantique Nord. Une nouvelle aventure et une première féminine. J’ai envie de retrouver cette complicité avec la nature. La proximité avec l’océan. C’est un retour sur soi, intense et grisant. Des rares moments de plénitude mais un sentiment de liberté et d’accomplissement personnel fabuleux. C’est un combat ou l’on doit chaque matin trouver au fond de soit même la force de continuer, de ramer une journée de plus... pour aller au bout. »

Ce lundi après-midi, entourée de Mme Brigitte Girardin, Mr Jean-François Lamour et Mr Jean-François Copé, ainsi que sa famille, ses amis, ses partenaires, et la presse, Maud rayonnait. Patrick Poivre d’Arvor a baptisé son bateau Océor et déclaré : « Maud est une femme de cœur et de conviction. »

Long de 7,50 m et large d’à peine 1,60 m, Océor sera le seul compagnon de Maud pendant cinq mois et son unique refuge lorsque la mer se déchaînera. Riche de la première aventure, celui-ci a été amélioré et renforcé pour le Pacifique. A l’image de la rameuse, Océor devra être encore plus résistant pour surmonter les exigences de ce nouveau voyage.

Les rires de cent cinquante enfants ont également accompagné le baptême. Dès janvier, une dizaine de classes de Meaux, du Plessis Robinson et de Papeete, suivront l’aventure grâce à Internet et à un programme pédagogique ambitieux. Ce partage est cher à l’aventurière : « J’ai toujours voulu ne pas limiter mon projet à un exploit sportif mais lui donner une dimension humaine. Les enfants possèdent une part de rêve en eux qui ne demande qu’à être écoutée et stimulée. Je souhaite leur dire qu’avec enthousiasme tout est possible. »

Maud rêve les pieds sur terre, elle connaît les difficultés et les risques d’un tel défi. Elle a subi les rages de l’Atlantique Nord, les chavirages à répétition et les coups de rame à contre-courant. Assurément, elle ne sera pas la même pour ce second départ : « J’ai déjà laissé une part de mon innocence à l’océan. Mon expérience me rend plus consciente des dangers mais aussi plus confiante. Je me connais mieux et j’appréhenderai différemment les situations délicates. Je sais que je vais souffrir, mais je n’y vais pour ça, j’y vais pour allé au bout de moi même et réaliser mon rêve." confie-t-elle avec son à plomb habituel.

* Route de Kon-Tiki : la traversée du Pacifique entre le 27 avril et le 30 juillet 1947 sur le radeau Kon-Tiki, par Thor Heyerdahl et cinq hommes d’équipage, entre le Pérou (Puerto Callao) et l’archipel des Tuamotu (île de Puka Puka).

LE PACIFIQUE à mains nues :
 Parcours : de Puerto Callao (Lima) à Papeete soit 4300 milles nautiques (8000 km)
 Première tentative à la rame sur ce parcours et première féminine de la traversée du Pacifique
 Durée estimée de la traversée : 150 jours
 Gérard d’Aboville a traversé l’Atlantique de Cap Cod (Massachusetts) à l’île d’Ouessant en 71 jours en 1980, et le Pacifique du Japon aux Etats-Unis (Portland) en 134 jours en 1991.

AGENDA DE MAUD et Océor :
 20 novembre 2004 : Océor quitte le Havre en cargo vers Lima où il arrivera fin décembre
 Du 4 au 12 décembre 2004 : retrouvez Maud au Salon Nautique de Paris à la Porte de Versailles
 11 décembre 2004 : ouverture officielle du PC à l’Hôtel de Ville de Meaux
 2 janvier 2005 : Maud décolle pour Lima
 15 janvier : départ de la traversée (suivant la météo)
 Juin 2005 : arrivée estimée à Papeete

Info Julia Huvé


Voir en ligne : POUR SUIVRE L’AVENTURE AU QUOTIDIEN, WWW.MAUDFONTENOY.COM


MAUD en quelques mots

Née le 7 septembre 1977, à Meaux en Seine-et-Marne (77), Maud est une véritable passionnée de l’océan. Sept jours après sa naissance, elle embarque sur la goélette familiale et traverse pour la première fois l’Atlantique à la voile. Suivront quinze merveilleuses années à naviguer dans les îles, le hamac entre les deux mats du bateau, tout en suivant sa scolarité par correspondance. Revenue vivre à terre, elle n’a eu de cesse de compléter sa formation de navigatrice à l’école des Glénan.

Devenue responsable d’une agence immobilière à Paris, elle fut la présidente-fondatrice de la Fédération française des bateaux à voile et avirons traditionnels et a créé par passion une association dont le but est de faire naviguer des jeunes de quartiers difficiles sur une yole de Bantry. Le parrain s’appelle Gérard d’Aboville. Une rencontre décisive pour Maud qui puise dans cette amitié l’envie de relever le défi des grandes traversées océaniques à la rame et les conseils avisés d’un des pionniers du genre. Le 13 juin 2003, Maud quitte Saint-Pierre et Miquelon et atteindra La Corogne le 9 octobre de la même année.

Lire « Atlantique face nord » chez Robert Laffont.



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