Imoca TeamWork - Team Snef • Vendée Globe

Justine Mettraux : "on devrait pouvoir bientôt faire route au Nord- Nord Est"

mardi 31 décembre 2024Redaction SSS [Source RP]

Bien installée à la dixième place depuis le milieu de l’océan Pacifique, Justine Mettraux aborde sereine la remontée vers les Sables d’Olonne. Pendant les 26 jours qu’a duré le Grand Sud, elle a su mener son TeamWork-Team Snef au rythme des meilleurs, appuyant sur l’accélérateur et serrant les dents tour à tour, jusqu’au passage du cap Horn, son premier en solitaire, le 28 décembre dernier.


Un bilan plus que positif puisque la navigatrice se retrouve avec un joli matelas d’avance sur ses poursuivants et cinq IMOCA à portée d’étrave. La remontée de l’Atlantique est donc celle de tous les possibles, mais la navigatrice sait aussi que c’est souvent la phase la plus exigeante et aléatoire d’un Vendée Globe…

Une petite larme de rhum et l’oeil humide. C’est ce qui se lisait clairement dans la vidéo envoyée par Juju au passage du Cap Horn, brandissant la flasque argentée dont elle avait déjà tiré quelques rasades au passage de Bonne Espérance et Leeuwin. Confirmation par l’intéressée :

« Maintenant, la flasque est vide ! C’est l’ami Pierre Bouras, le Mediaman qui avait trainé son ciré sur 11th Hour Racing Team il y a deux ans lors de mon premier cap Horn, qui avait caché ça dans le bateau. Il l’a faite graver avec « let’s Go Juju » sur un fond de mappemonde. C’est un chouette symbole car c’est l’issue d’une navigation un peu exigeante quand même ! ».

Bye Bye le Sud !

Si chaque petit groupe a eu son lot de belles conditions et de moments plus extrêmes dans le Sud, c’est à l’entrée de l’océan Pacifique, dans le Sud-Est de la Tasmanie, que TeamWork-Team Snef a rencontré les conditions les plus rudes. Celles aussi où Justine a fait la différence, collant aux basques de Boris Herrmann (Malizia Sea Explorer) quand ses concurrentes directes (Samantha Davies et Clarisse Crémer) avec qui elle jouait un ménage à trois depuis une bonne semaine se sont faites distancer. « Je me suis battue pour rester devant le front mais c’était quand même un peu de la survie », raconte Justine. Dans cette affaire, la force du vent, autour de 40 noeuds comptait moins que l’angle serré et la mer forte pour un cocktail explosif :

« Vent de travers dans ces conditions, les IMOCA sont trop puissants explique Justine. Tu n’arrives pas à ralentir… C’est le genre de conditions où on décale un départ de course, ou bien que l’on cherche à éviter. Je n’avais jamais eu l’impression de voir autant souffrir le bateau. J’ai juste fait en sorte de rester en un seul morceau … »

De la rumba dans les aériens

De cette cavalcade, TeamWork-Team Snef ne garde comme stigmate que la perte de son aérien principal et le bris de l’autre girouette anémomètre installée en tête de mât. Depuis, Justine a installé les capteurs de secours sur les mâtereaux prévus à cet effet à l’arrière : « La lecture du vent et donc l’information donnée au pilote est un peu moins précise, mais ça marche quand même ! » dit celle qui avait connu la même avarie lors de The transat cette année et sait à quoi s’en tenir.

Car la régate continue vers les Sables d’Olonne, encore distant de quelques 6500 milles. Pas de quoi flâner encore sur le pont, même si la journée d’hier a gratifié le petit groupe dans lequel évolue Justine d’un franc soleil et d’un vent relativement stable, propice à recharger les batteries.

« Il fait un peu moins froid, mais surtout l’ambiance est moins lugubre. Et depuis le Horn, j’ai croisé quelques bateaux, alors qu’en 25 jours, je n’ai vu personne ! ».

Seul regret pour la navigatrice, n’avoir vu ni l’île des Etats, ni les Malouines dont elle est pourtant passé à moins de 20 milles aujourd’hui. Deux îles qu’elle ne connait pas malgré un périple initiatique réalisé avec un ami sur un Half Tonner* au début des années 2000, qui les avait mené jusqu’à Puerto Williams via le détroit de Magellan et le canal de Beagle !

Les champ des possibles

Des paysages grandioses qu’elle laisse dans son sillage après avoir basculé au passage d’un petit front ce matin. TeamWork-Team Snef va maintenant se rapprocher des côtes Uruguayennes avant d’obliquer vers les alizés qui l’attendent au Brésil à la hauteur du Cabo Frio. « Pour plusieurs jours, c’est toujours du près, mais la prévision semble évoluer plutôt favorablement et on devrait pouvoir bientôt faire route au Nord- Nord Est » dit Juju qui reste concentrée sur son objectif : Ramener son IMOCA aux Sables d’Olonne bien sûr et à la meilleure place possible.

Avec 1000 milles d’avance sur le 11e et cinq concurrents à portée de fusil dans un rayon de 100 milles, nombreux sont ceux qui rêveraient d’occuper la place de Justine.

« J’ai parfois été mieux classée dans la saison, mais franchement, si on m’avait donné ce scénario avant le départ, j’aurais signé ».

Il y a du jeu devant et peut-être des places à gagner c’est sûr. Mais Justine garde aussi en tête ce qui est arrivé à Yannick Bestaven, le vainqueur de l’édition 2020, contraint hier à l’abandon.

« Ça montre que tout peut s’enchaîner très vite et on sait historiquement que la remontée de l’Atlantique est semée d’embûches. Et puis les cinq de devant sont quand même de gros clients, sur des bateaux de dernière génération pour la plupart. Les aléas météo font que nous nous retrouvons très proches à nouveau mais ça peut aussi s’inverser. Donc je vais continuer à faire ce que je sais faire, le mieux possible… »

Un message typiquement justinien pour cette nouvelle année qui s’annonce en beauté !

* un petit bateau de course-croisière de 9 mètres.


 Communiqué Sport Premium

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