Multi 50 Arkema

Lalou Roucayrol et Alex Pella : "Nous sommes allés la chercher très loin cette victoire !"

jeudi 16 novembre 2017Redaction SSS [Source RP]

Grands vainqueurs ce jeudi de la Transat Jacques Vabre dans la catégorie des Multi50, Lalou Roucayrol et Alex Pella ont livré une copie quasi parfaite durant les 10 jours, 19 heures, 14 minutes et 19 secondes de course. Malgré quelques soucis techniques et la blessure aux côtes d’Alex, le duo d’Arkema a constamment occupé l’une des deux premières places et est finalement sorti vainqueur de son duel à couteaux tirés face à FenêtréA-Mix Buffet. Premières réactions des skippers à Salvador de Bahia.


Quand les planètes s’alignent…

Lalou Roucayrol : « C’était le bon bateau et le bon équipier pour la bonne course ! Tous les ingrédients étaient réunis pour aller vite et gagner. Nous nous sommes régalés du début à la fin. Il s’agissait de ma neuvième participation à la Transat Jacques Vabre, et la troisième avec le Multi50 Arkema (chavirage en 2013, 3e place en 2015, [NDR]). Il y a deux ans je m’étais arrêté ici à Salvador de Bahia pour réparer le bateau avant de repartir vers Itajaí. Cette fois la Transat s’arrête à Salvador et nous décrochons une victoire magistrale avec Alex. C’est énorme, indescriptible. Je suis heureux d’offrir cette victoire à ma femme Fabienne, au team et à Arkema. Nous n’avons pas volé cette première place, nous sommes allés la chercher très loin ! »

Roucayrol/Pella : Un duo gagnant

Lalou : « Quand Karine (Fauconnier) s’est blessée et qu’il a fallu partir en quête d’un remplaçant, j’ai tout de suite pensé à Alex et quand il a accepté ma proposition, j’ai senti que le notre duo fonctionnerait bien. Durant la préparation, puis en course, notre entente a effectivement été très bonne. C’était toujours un bonheur de naviguer ensemble. Dans la vie, il y a parfois des moments magiques où les choses se mettent en place naturellement. Cela a été le cas durant cette course. Nous avons les mêmes façons de voir les choses, nous sommes en phase. Alex est un gars du Sud comme moi et ça nous fait bien plaisir de battre les Bretons [rires] ! J’ai beaucoup appris à son contact. Comme quoi, on peut progresser à tous les âges. Nous avons profité de tous les instants, les bons comme les mauvais. »

Alex Pella : « Lalou m’a contacté en août, seulement trois mois avant le départ de la Transat Jacques Vabre. Tout le team a été très accueillant et je me suis vite adapté. Je découvrais la navigation en Multi50 mais je me suis d’emblée senti à l’aise car Lalou est en phase avec son bateau. Avant le départ du Havre, nous avions navigué seulement une vingtaine de jours, principalement dans du petit temps. Cette édition de la Jacques Vabre a été très ventée et nous avons su attaquer pour faire la différence. Humainement, tout s’est très bien passé avec Lalou, il n’y a eu aucune tension à bord. De toute façon, vu le rythme de la course, on n’avait pas le temps de se fâcher ! »

Le Multi50 Arkema, un bateau au top

Lalou : « Le Multi50 Arkema est magnifique, nous avons rencontré quelques soucis techniques mais ils étaient mineurs. Le bateau arrive au Brésil en super état et pourtant nous avons tiré dessus durant cette course musclée ! L’équipe à terre a fait du bon boulot pour préparer la machine. Je note que les foils apportent un vrai gain, à la fois en termes de performance et de sécurité. Grâce à ces appendices, on gagne énormément en vitesse sans l’angoisse d’avoir le flotteur constamment sous l’eau. Et on peut abattre avec moins de risque que le bateau décroche. On gagne en équilibre longitudinal et donc en stabilité et en confort de pilotage. »

Alex : « J’ai pris beaucoup de plaisir sur ce bateau au potentiel énorme. J’ai compris le mode d’emploi au fur et à mesure. Le Multi50 Arkema est très nerveux, une vraie ‘mobylette’ ! Il faut être sur les écoutes tout le temps et trouver où placer le curseur entre attaque et préservation du matériel. Quand notre concurrent Drekan Groupe (mené par Eric Defert et Christopher Pratt, NDR) a chaviré, nous nous sommes forcément posés des questions, d’autant que nous avons aussi fait quelques jolis plantés en début de course. Inconsciemment, nous avons peut-être un peu levé le pied quand on a appris la nouvelle. Car ne pas arriver au Brésil aurait été un gâchis. »

Une vie à bord rustique

Lalou : « Nous étions tout le temps dehors, trempés quasiment en permanence. La vie sur ce bateau est très compliquée. L’inconfort est notre quotidien mais je ne me plains pas car c’est ainsi que j’ai voulu ce Multi50. »

Alex : « Du départ à l’arrivée, je n’ai pas quitté mon ciré et j’ai toujours dormi dehors, sous la casquette de protection. C’est la première fois que ça m’arrive ! Sur les grands multicoques, on prend le temps de rentrer à l’intérieur, de se déshabiller. L’humidité permanente fatigue. »

Faire avec la douleur

Alex : « Je me suis blessé aux côtes durant cette transat. Le bateau est parti dans un surf et je me suis retrouvé coincé entre la bôme et la colonne de winch. J’ai pris des antidouleurs pour souffrir le moins possible et au début j’ai laissé à Lalou les tâches les plus physiques. Mais la douleur s’est calmée petit à petit et j’ai pu retrouver mes capacités. Maintenant je peux marcher presque normalement mais je vais quand même aller voir un médecin. »

Arkema vs FenêtréA-Mix Buffet : Duel épique sur l’Atlantique

Lalou : « On a attaqué dur dès le début, avec un départ magnifique, et on n’a jamais rien lâché. Nous avons mis beaucoup d’engagement dans cette course. En vitesse pure, nous étions meilleurs que FenêtréA-Mix Buffet. Quelques petites erreurs ont coûté cher et nous accusions presque 100 milles de retard sur Erwan (Le Roux) et Vincent (Riou) avant d’attaquer le Pot au noir. Mais on ne s’est pas démobilisés car ce n’est pas à l’entrée mais bien à la sortie du Pot au noir qu’il faut faire les comptes. Bien aidés à terre par Karine Fauconnier et Éric Mas (Meteo Consult), nous avons fait une très belle trajectoire, en manœuvrant beaucoup. Nous avons eu un brin de réussite car Erwan et Vincent ont été privés de leur gennaker et cela a été très handicapant pour eux. Ce sont les aléas de la course. Nous sommes sortis du Pot au noir en tête. Pour autant, ce n’était pas encore gagné alors nous avons continué à mettre du charbon, de toute façon il est impossible de freiner ce bateau quand il est lancé ! »

Alex : « Le duel a été passionnant. C’est un honneur de les battre ! Je tiens à saluer le travail exceptionnel de Karine Fauconnier et Éric Mas qui ont su nous guider de belle manière, la communication avec eux a été très bonne. »

De bon augure pour la Route du Rhum 2018…

Lalou : « En 2016, j’ai gagné la Québec-Saint Malo en équipage. En 2017, je remporte la Transat Jacques Vabre en double. En 2018, il y aura la Route du Rhum en solitaire et j’aimerais poursuivre sur ma lancée ! »


Lalou Roucayrol et Alex Pella ont fait tomber plusieurs records* durant cette traversée victorieuse.

 Record de la distance parcourue sur 24 heures en Multi50 : 568 milles / 24 heures

Le précédent record, 524 milles, était détenu depuis le 16 juillet 2016 par Ciela Village (Thierry Bouchard) à l’occasion de la Québec/Saint-Malo.

 Record en Multi50 de la Transat Jacques Vabre sur le parcours Le Havre/Salvador de Bahia : 10 jours, 19 heures, 14 minutes et 19 secondes

Le précédent temps de référence était détenu par Crêpes Whaou ! en 2005 avec Franck-Yves et Kevin Escoffier : 12 jours, 06 heures, 13 minutes.

 Record de vitesse moyenne sur la Transat Jacques Vabre en Multi50 :
16.81 nœuds sur l’orthodromie (route directe).

Ils améliorent ainsi la performance de FenêtréA-Cardinal (Erwan Le Roux/Yann Eliès) qui avait fait la course à la vitesse moyenne de 15,3 nœuds en 2013 (sur un parcours plus long entre Le Havre et Itajaí).

* Sous réserve de validation du WSSRC

 Info presse TeamArkema

Portfolio



A la une