Solitaire Afflelou Le Figaro

Halvard Mabire : "La Solitaire Afflelou Le Figaro...on y revient toujours..."

Un retour aux couleurs de la Fondation Nicolas Hulot

vendredi 25 juin 2004Redaction SSS [Source RP]

Halvard Mabire prendra le départ de sa septième Solitaire Afflelou Le Figaro cet été. Son voilier portera les couleurs de la Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l’Homme. Faute de partenaire, le Skipper Normand a en effet décidé d’offrir le nom de son bateau à une cause qui lui tient à cœur : la préservation de l’environnement ou plus exactement de la Biodiversité, avec un slogan clair et net : « SANS NATURE PAS DE FUTUR ».


Mabire a navigué sur le maxi-catamaran Orange 2 de Bruno Peyron
Photo : G.Martin-Raget/Orange

Cela fait un certain moment que tu n’as pas navigué pour toi. Qu’as-tu fait ces dernières années, pourquoi la Solitaire Afflelou Le Figaro 2004 et pourquoi cette démarche « militante » ?

Après la perte de mon Monocoque 60’ « Ville de Cherbourg », la pente fut très longue à remonter, n’étant appuyé par aucun sponsor.

Par contre je n’ai pas arrêté de naviguer pour autant, mais souvent dans l’ombre du « Mercenariat », le plus souvent avec des Etrangers. J’ai ainsi beaucoup navigué et travaillé avec le Skipper néo-zélandais Ross Field, vainqueur de la Whitebread. Ensemble nous avons gagné 2 Tour de l’Europe en Maxi One Design, participé à une Whitebread et préparé très sérieusement un projet de Maxi Trimaran pour The Race. Ce projet n’a malheureusement pas abouti à cause du désistement du partenaire principal, mais cela m’a vraiment servi de tremplin et d’expérience pour prendre ensuite le management du Maxi Catamaran Team Adventure pour l’amener au départ de The Race.

Après j’ai eu la chance de rejoindre Alain Gautier, avec qui je m’entends très bien, en qualité de Project Manager au sein du Team FONCIA.

J’ai enchaîné ensuite la réalisation de MARI CHA 4, un fabuleux monocoque de course de 45 mètres, qui a pulvérisé le record de l’Atlantique seulement 2 mois après sa mise à l’eau...

Cet hiver, j’ai rejoins l’Equipe de ORANGE 2 en tant que Chef de quart. Un bon Skipper, Bruno Peyron, un Equipage fabuleux, le plus grand Catamaran du Monde, tout cela ajouté au grand plaisir de naviguer sans avoir eu le poids et le stress de la conception et de la réalisation du bateau auparavant... de quoi reprendre définitivement le goût de l’eau salée.

Ces années passées loin des « feux de la rampe » ont donc été très besogneuses et passionnantes et m’ont permis de développer et faire valoir mes compétences techniques et de management, tout en acquérant d’autre culture de navigation et de gestion de projet.

Après tous ces projets passionnants, mais très lourds, l’envie de « renaviguer » « à mon compte » s’est tout naturellement imposée. Redémarrer sur un petit bateau simple et dans le cadre d’une compétition où j’ai pris énormément de plaisir par le passé est une démarche logique...La Solitaire Afflelou Le Figaro...on y revient toujours...

La venue du nouveau monotype était une bonne opportunité. En 2003, étant trop pris par le projet Mari Cha 4, je n’ai pas pu revenir sur cette course en même temps que mes anciens « camarades de jeux » (Alain Gautier, Lionel Péan, Mich Desj...). En plus, en visant 2004, j’étais très confiant sur le fait qu’en un an de recherche acharnée nous pourrions trouver un bon partenaire pour cette saison en Figaro, à forte valeur ajoutée en terme de sponsoring...

Et bien non ! Pas un sponsor, rien de sérieux, des oui peut-être, des hésitations, des fins de non recevoir... Mais j’ai décidé que je courrai ce Figaro 2004...quitte à m’endetter...

Offrir le nom et le marquage du bateau à une cause essentielle et qui nous concerne tous est aussi une bonne façon pour moi de naviguer « proprement ». C’est tout naturellement que je me suis tourné vers la Fondation Nicolas Hulot, étant donné que c’est probablement une des seules entités reconnues qui prenne à bras le corps l’immense problème écologique.

SANS NATURE, PAS DE FUTUR.... Comment ne pas adhérer à cette évidence... surtout quand justement nous y passons notre vie dans la Nature et que force est de constater les agressions permanentes qu’elle subit par l’activité humaine.

Mon ambition sur cette Solitaire est surtout de naviguer proprement et avec plaisir. Je n’ai pas les mêmes impératifs de carrière et de résultats que tous les jeunes Loups surentraînés et largement sponsorisés qui occupent cette série depuis quelques années. N’ayant pu participé à aucune confrontation de début de saison contre les ténors de la série, faute de budget, je n’ai aucune idée de la façon dont je me situe dans la flotte. J’aborde donc cette compétition très humblement, mais sans pression, et avec néanmoins l’impatience d’en découdre et de vérifier si je n’ai pas totalement perdu les marques qui m’ont permis de me hisser à plusieurs reprises sur le Podium de cette belle course.

Quels sont tes meilleurs souvenirs sur cette course ?

Sur l’eau : les belles bagarres à armes égales évidemment. Mais surtout, au delà de la compétition avec les autres concurrents il y a la découverte de soi-même, de ses limites physiques et mentales. La Solitaire Afflelou Le Figaro nous révèle qui est en nous et quelque part tous les « Figaristes » sortent grandis de cette épreuve, dont l’expérience les accompagne tout au long de leur vie.
A terre : j’ai connu sur la Solitaire l’amitié, l’entraide, et la bonne ambiance. Se battre comme des chiffonniers sur l’eau n’empêche pas de partager des bières au Pub, au contraire. Le sport n’est qu’un moyen de réaliser mieux une passion et ne peut en aucun cas être un but qui se suffise à lui même...

Comment prépares-tu cette compétition ?

Sans sponsor, un peu obligatoirement « à l’ancienne », c’est à dire que je fais tout moi-même. Je n’ai pas de préparateur et j’assume donc totalement toute la partie technique. Pour l’instant je pars sur la Solitaire sans assistance. Mais pour moi la technique faisant partie intégrante de notre métier, ce n’est absolument pas une contrainte...hormis le temps qu’on y passe...

Pour la navigation, je fais beaucoup de milles, souvent seul à bord et parfois avec un autre Figaro Normand. Je considère aussi que le Figaro 2 est un bateau à vocation océanique. Aux ronds dans l’eau à la demi-journée je préfère aller d’un point à un autre, joindre l’utile à l’agréable, c’est à dire naviguer tout en profitant de nos fabuleuses côtes anglo-normandes. J’ai participé à des courses sélectives comme la Transmanche, qui se courrait justement sur le plan d’eau de la première étape de la Solitaire. Je ne considère pas le fait d’avoir gagné cette course avec une grosse avance comme très significatif, étant donné qu’il n’y avait que 6 Figaro engagés et qu’évidemment aucune pointure de la série n’était présente, occupée à courir la Transat AG2R.

Ce que j’ai le plus de mal à gérer, c’est la pression financière. Entre la charge du bateau et les frais indispensables pour une approche sérieuse de la compétition, cela dépasse « un peu » les capacités d’un « amateur ». Mais je suis d’un naturel très optimiste et je me dis que si personne ne s’est engagé jusqu’à maintenant directement avec moi, il est impossible que des partenaires sérieux ne se joignent pas à nous pour défendre la BIODIVERSITE.

Entretien : Tanguy Blondel


Voir en ligne : A voir : Le site de la Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l’Homme


« Sans nature pas de futur ... parce que nos vies sont liées »

Depuis sa création en 1990, la Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l’Homme s’est donné pour mission de modifier les comportements individuels et collectifs afin de préserver notre planète. Dans la lignée des nombreuses actions de sensibilisation et d’information menées sur l’eau et l’éco-citoyenneté, la Fondation lance aujourd’hui sa campagne « Sans nature pas de futur » dédiée à la préservation de la biodiversité. D’envergure nationale, cette campagne conjugue un axe éducatif, informatif et de terrain pour permettre à chacun de réaliser que le futur de l’humanité est conditionné au respect de la vie sous toutes ses formes.

Nous vivons tous de la nature : elle nous procure la totalité de notre alimentation, plus de la moitié de nos médicaments, les matières premières nécessaires à l’industrie et l’artisanat, et beaucoup d’autres biens et services indispensables que l’homme ne sait pas reproduire. Détruire la nature, c’est se priver de solutions pour l’avenir (technologiques, médicales...), mais aussi mettre en péril l’avenir de l’humanité. En effet, la disparition d’une simple plante ou d’un seul animal entraîne inévitablement l’extinction en chaîne d’autres espèces... dont l’homme n’est pas exclu.

Clé de voûte de ce programme, l’ouverture de l’Ecole Nicolas Hulot à Branféré (Morbihan) permet à tous les publics de découvrir la beauté et la vulnérabilité de l’univers du vivant et d’adopter des réflexes éco-citoyens simples, mais vitaux pour la préservation de la diversité biologique. Outre ce volet éducation, le programme biodiversité de la Fondation comprend un axe de communication et un axe de terrain. Afin que le plus grand nombre puisse s’approprier le message « Sans nature pas de futur », la Fondation orchestre à partir de juin 2004 une campagne nationale d’information ponctuée de spots télévisés, vagues d’affichage, conférences-débats, exposition, film pédagogique et animations sur son site Internet. La Fondation développe aussi des programmes de terrain en faveur de la sauvegarde des populations d’espèces animales et végétales menacées.

L’initiative généreuse et spontanée d’Halvard Mabire de porter les couleurs de la Fondation et de la campagne « Sans nature pas de futur » à l’occasion de la septième Solitaire du Figaro, représente une magnifique opportunité de sensibiliser un plus large public à la cause de la Biodiversité.



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